C.N.R.S.
 

DÉRom en anglais
 
Dictionnaire Étymologique Roman
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*/ˈnɪβ‑e/ s.f. « vapeur d’eau atmosphérique congelée généralement sous forme de fins cristaux blancs qui s’agglomèrent en flocons et s’éparpillent du ciel sur la terre »

I. Type originel : */ˈnɪβ‑e/
*/ˈnɪβ‑e/ > sard. níve s.f. « vapeur d’eau atmosphérique congelée généralement sous forme de fins cristaux blancs qui s’agglomèrent en flocons et s’éparpillent du ciel sur la terre, neige » (DES ; PittauDizionario 2 ; AIS 378), dacoroum. occid. nea/neauă (dp. 1500/1510 [neaoa], Psalt. Hur.2 130 = FlorescuMeteorologică 514 ; Tiktin3 ; EWRS ; Candrea-Densusianu n° 1211 ; DLR ; Cioranescu n° 5647 ; MDA ; PuşcariuLimba 1 carte n° 18), istroroum. (MaiorescuIstria 136 ; Byhan,JIRS 6, 287 ; SârbuIstroromân 236 ; ScărlătoiuIstroromânii 290 ; ALIstro n° 29, 31), méglénoroum. neáu̯ă (Candrea,GrS 6, 173 s.v. nęu̯ă ; CapidanDicţionar ; WildSprachatlas 20), aroum. neauă (dp. 1770 [νιάο], KavalliotisProtopeiria n° 0113 ; Pascu 1, 125 ; DDA2 ; BaraAroumain), dalm. nai (BartoliDalmatico 269 § 81, 396 § 295, 434 § 441 ; ElmendorfVeglia), istriot. nìo (DeanovićIstria 114 ; AIS 378 p 397-398 ; ILA n° 29, 31), it. neve (dp. déb. 13e s., DELI2 ; Merlo,AUTosc 44, 66 ; Merlo,RIL 86, 236 ; Faré n° 5936 ; AIS 378), frioul. nêf (PironaN2 ; GDBTF ; AIS 378 ; ASLEF 20 n° 101), lad. neif (dp. 1763 [naei], Kramer/Mehren in EWD ; AIS 378 ; ALD-I 505), romanch. naiv/neiv (dp. 1560 [naif], GartnerBifrun 114 ; HWR ; LRC ; AIS 378), oïl. occid. noif (dp. ca 1100, RolS2 259 [neif] ; Gdf ; FEW 7, 156a ; TL ; AND1 [neif/noif] ; ALBRAM 548 p 1, 5-6 [hbret. ˹˺] ; ALN 571 p 1, 3 [norm. ˹[’neː]˺]), frpr. nei (dp. 3e qu. 12e s., GirRossDécH 100, 136 [cf. PfisterRoussillon 580-581] ; DevauxEssai 81 ; FEW 7, 156a ; HafnerGrundzüge 31, 168 ; ALF 903).

II. Type présentant une attraction paronymique : */ˈnɛβ‑e/
*/ˈnɛβ‑e/ > dalm. niav s.f. « neige » (BartoliDalmatico 236 § 42 ; ElmendorfVeglia), it. dial. nieve (dp. 13e s., GDLI ; Merlo,RIL 86, 236 ; Faré n° 5936 ; FEW 7, 157a ; Kramer/Mehren in EWD ; AIS 378 p 316-318, 570* [vén. tosc. lazz. camp. apul.]), occit. ˹neu˺ (dp. fin 12e s., Raynouard ; Levy ; Pansier 3 ; FEW 7, 156a-156b ; DAO n° 126 ; ALF 903), gasc. neu (dp. ca 1390, DAG n° 126 ; FEW 7, 156b ; CorominesAran 594 [nyèu] ; ALF 903 ; ALG 1019), cat. neu (dp. 1371, DCVB ; MollSuplement n° 2355 ; DECat 5, 918-920), esp. nieve (dp. ca 1250/1279, DCECH 4, 227 ; Kasten/Nitti), ast. nieve (dp. 13e s., DELLAMs ; DGLA), gal./port. neve (dp. 1264/1284, DDGM ; DRAG1 ; DELP3 ; Houaiss ; CunhaVocabulário2 ; ALGa 3, 55).

Commentaire. – Tous les parlers romans sans exception présentent des cognats conduisant à reconstruire, soit directement, soit à travers un type évolué, protorom. */ˈnɪβ‑e/ s.f. « vapeur d’eau atmosphérique congelée généralement sous forme de fins cristaux blancs qui s’agglomèrent en flocons et s’éparpillent du ciel sur la terre, neige ».
Les issues romanes ont été subdivisées selon les deux types phoniques dont elles relèvent : */ˈnɪβ‑e/ (ci-dessus I.) et */ˈnɛβ‑e/ (ci-dessus II.). Ce dernier couvre une zone étendue et continue du sud-ouest de la Romania (occit. gasc. cat. esp. ast. gal./port.), tandis que le type I. est représenté partout ailleurs (sard. roum. dalm. istriot. it. frioul. lad. romanch. fr. frpr.). Les deux types se chevauchent dans la majeure partie de l’Italie (itsept. itcentr. itmérid.) et en dalmate. Ce que l’on sait de la phylogenèse romane incite à postuler l’antériorité du type I. sur le type II. (absent du sarde et du roumain), qui n’aura pas été innové avant le 4e siècle (séparation du protoroman de Dacie à la fin du 3e siècle, cf. Straka,RLiR 20, 258), sous l’effet d’une fluctuation du phonème vocalique accentué imputable à l’attraction paronymique de */ˈnɛβʊl‑a/ s.f. « brouillard » (cf. DECat 5, 918-919)1, mais n’aura complètement évincé le type I. que dans le sud de la Gaule et dans la péninsule Ibérique.
Le corrélat du latin écrit du type I., nix, -vis s.f. « id. », est connu durant toute l’Antiquité (dp. Plaute [*ca 254 – † 184], OLD). Quant au type II., le latin écrit de l’Antiquité n’en connaît pas de corrélat2.

Bibliographie. – MeyerLübkeGLR 1, § 70, 104, 442, 555, 567 ; 2, § 378 ; 3, § 25 ; REW3 s.v. nĭx, nive ; von Wartburg 1953 in FEW 7, 156a-157b, nĭx ; Ernout/Meillet4 s.v. nix ; LausbergSprachwissenschaft 1, § 167, 272 ; 2, § 304, 565 ; HallPhonology 23 ; SalaVocabularul 196 ; MihăescuRomanité 96, 133.

Signatures. – Rédaction : Jérémie Delorme. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Jean-Pierre Chambon. Romania du Sud-Est : Cristina Florescu ; Maria Iliescu ; August Kovačec. Italoromania : Giorgio Cadorini ; Paul Videsott. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Ana Boullón ; Ana María Cano González. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Pascale Baudinot ; Victor Celac ; Georges Darms ; Xosé Lluis García Arias ; Xavier Gouvert ; Yan Greub ; Fernando Sánchez Miret ; Simone Traber.

Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 28/03/2011. Version actuelle : 29/07/2020.

 


1. RohlfsGrammStor 1, § 51 propose d’imputer */ˈnɛβ‑e/ à l’attraction de */ˈɡɛl‑u/ s.m. « gel » ; FEW 7, 157b n. 9, à l’analogie de */ˈlɛβ‑e/ adj. « léger ». Ces deux propositions sont peu convaincantes : d’une part, quoique la base de */ˈlɛβ‑e/ partage un phonème avec celle de */ˈnɪβ‑e/, l’un et l’autre n’entretiennent aucun rapport sémantique évident ; d’autre part, quoique */ˈɡɛl‑u/ appartienne au même champ notionnel que */ˈnɪβ‑e/, celui des phénomènes atmosphériques, l’un et l’autre n’ont aucun phonème en commun.
2. Arnaldi/Smiraglia s.v. nix relève dans l’Oribase latin (5e/6e s.) deux formes en nev- (nevae abl.sg., nevis nom.pl.), mais la graphie employée dans cette source confond les valeurs */ɪ/ et */ɛ/ du protoroman et rend hasardeuse l’identification de ces formes à un corrélat du type II.

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