Dictionnaire Étymologique Roman
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*/ˈnomin‑a‑/ v.tr. « désigner par un nom » | I. Type originel : */ˈnomin‑a‑/*/ nomɪˈn‑a‑re/ > dacoroum. număra v.tr. « désigner par un nom, nommer » (dp. 1500/1510 [date du ms.], Psalt. Hur.2 164 ; Tiktin3 ; EWRS ; Candrea-Densusianu n° 1259 ; Fischer,ILR 2, 168 ; DLR s.v. număra2 ; MihăescuRomanité 237 ; ALRMatériaux p 836) 1, aroum. numir « attribuer telle ou telle qualité, considérer (comme) » ( DDA2 s.v. numirare), it. nominare « nommer » (dp. ca 1250 [aitsept. nomenar], TLIOCorpus ; DELI2 s.v. nome ; SalvioniPostille ; Merlo,AUTosc 44, 66 ; Faré n° 5950 ; GDLI), frioul. nomenâ (dp. 1 ère m. 16 e s. [ nominin prés. ind. 4], DAroncoAntologia 149 ; PironaN2 ; DDFF), romanch. numnar ( HWR), fr. nommer (dp. fin 11 e s. [ numet ind. prés. 3], AlexisE 37 ; Gdf ; GdfC ; FEW 7, 179a ; TL ; TLF ; ANDEl), frpr. ˹ noumar˺ (dp. 1 ère m. 13 e s. [ nonna part. p.], SommeCode 56 ; FEW 7, 179b), aoccit. nomnar (1100/1110 – 1 ère m. 15 e s., AppelChrestomathie 150 ; Raynouard ; Levy s.v. nomar ; FEW 7, 179a ; BrunelChartes 180 ; DAO n° 1258 ; Pansier 3 s.v. nomar) 2, gasc. noumá (dp. 1255 [ numnat part. p.], DAGMs s.v. nommé ; FEW 7, 179b ; Palay) 3, cat. nomenar (dp. 13 e s., DCVB ; DECat 5, 953 s.v. nom), aarag. nomnar ( TilanderFueros 491) 4, esp. nombrar (dp. 1140, Kasten/Cody ; DCECH 4, 235 s.v. nombre ; DME ; NTLE ; Kasten/Nitti), ast. nombrar (dp. 1262 [ nombrauan impf. 6], DELLA ; DGLA), gal./port. nomear (dp. 1214, DRAG2 ; DELP3 ; HouaissGrande ; CunhaVocabulário2 ; WilliamsPortuguese § 57). | II. Type dissimilé : */ˈlomin‑a‑/*/ lomɪˈn‑a‑re/ > sard. ˹ lumenare˺ v.tr. « nommer » ( DES s.v. númene ; PittauDizionario 1 ; Spano1), it. dial. ˹ luminare˺ ( SalvioniPostille [lomb.] ; GrammontTraité 309 [laz. centr.-sept.] ; DEI [lomb. ombr.] ; Faré n° 5950 [lomb.] ; VS [sic.]) 5, oïl. nord-orient. ˹ lommer˺ (dp. 1297, FEW 7, 179ab [wall. pic. bourg. champ. lorr.] ; ALFSuppl 154 [pic. bourg.] ; GrammontTraité 308 [“fr. de l’Est et de l’Ouest lomé « nommer »]) 6. Commentaire. – À l’exception du végliote 7 et du ladin ( cf. n. 5), toutes les branches romanes présentent des cognats conduisant à reconstruire, soit directement, soit à travers une variante dissimilée, protorom. */ˈnomin‑a‑/ v.tr. « désigner par un nom, nommer » 8. Le type originel, */ˈnomin‑a‑/ (cf. ci-dessus I.), survit dans la quasi-totalité des parlers de la Romania continentale (dacoroum. aroum. it. frioul. romanch. fr. frpr. occit. gasc. cat. arag. esp. ast. gal./port.). Des cognats relevés en sarde, en italien et en français, notamment dans leurs variétés dialectales, incitent à reconstruire un second type étymologique, */ˈlomin‑a‑/ ( cf. ci-dessus II.), qui s’explique comme une variante issue par dissimilation du type originel */ˈnomin‑a‑/ ( cf. GrammontTraité 308-310 ; PosnerDissimilation 154). Une telle analyse paraît plus cohérente que celle de plusieurs dissimilations intervenues en parallèle (“la dissimilazione n-m > l-m occorre anche in dialetti italiani”, DES), d’autant que la séquence de trois nasales dont deux identiques (*/n‑m‑n/), qui seule a pu déclencher la dissimilation, est réduite à /n-m/ en français ; la dispersion géographique des cognats exclut aussi l’hypothèse d’emprunts successifs 9. Le corrélat du latin écrit du type I., nominare v.tr. « id. », est connu durant toute l’Antiquité (dp. Plaute [* ca 254 – † 184], OLD ; IEEDLatin s.v. nōmen) ; le verbe connaît aussi d’autres sens, notamment « désigner pour remplir une fonction » (dp. Rhétorique à Hérennius [1 er s. av. J.-Chr.], OLD). En revanche, le latin écrit de l’Antiquité ne connaît pas de corrélat du type II. Bibliographie. – MeyerLübkeGLR 1, § 222, 352, 353, 405, 449, 450, 455 ; 2, § 117 ; REW3 s.v. nōmĭnāre ; von Wartburg 1953 in FEW 7, 179a-182b, nōmĭnare ; Ernout/Meillet4 s.v. nōmen ; LausbergLinguistica 1, § 173-175, 253, 254, 273, 304, 384, 404, 405 ; HallPhonology 41 ; SalaVocabularul 608 ; MihăescuRomanité 237. Signatures. – Rédaction : Paul Videsott. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Jean-Pierre Chambon ; Pierre Swiggers ; Valentin Tomachpolski. Romania du Sud-Est : Gheorghe Chivu ; Cristina Florescu ; August Kovačec ; Nikola Vuletić. Italoromania : Giorgio Cadorini ; Maria Iliescu ; Giorgio Marrapodi. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Ana Boullón ; Ana María Cano González. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Myriam Benarroch ; Victor Celac ; Xosé Lluis García Arias ; Xavier Gouvert ; Yan Greub ; Laure Grüner ; Günter Holtus ; Bianca Mertens ; Justine Robichon ; Fernando Sánchez Miret. Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 04/01/2019. Version actuelle : 17/03/2020.
1. FischerRomanitatea 13-20 propose de voir dans dacoroum. număra « nommer » le résultat d’une évolution sémantique particulière sur la base du continuateur de */ˈnʊm‑er‑a‑/, homophone, mais sans fournir des arguments proprement linguistiques en faveur de sa thèse. 2. Occit. nomar ( Pansier 3) représente un emprunt au français. 4. En aragonais moderne, cette issue héréditaire a été évincée par nombrar ( AndolzAragonés4), un emprunt à l’espagnol. 5. Cf. aussi lad. slomené v.tr. « faire des reproches (à qn), réprimander » (dp. 1763, Kramer/Schlösser in EWD ; < */dɪs‑ˈlomin‑a‑/). En revanche, lad. nominé représente un emprunt (adapté) à l’italien ( cf. Kramer/Thybussek in EWD). 6. Aport. * lomear cité par GrammontTraité 308 n’est pas confirmé par les sources lexicographiques à notre disposition. 8. La majeure partie des idiomes romans connaît aussi le sens « désigner pour remplir une fonction » (it. nominare, dp. 1310, DELI2 ; surs. nummar, HWR ; fr. nommer, dp. 1306, FEW 7, 179b ; gasc. noumà, Palay ; cat. nomenar, dp. 1325/1328, DCVB ; esp. nombrar, dp. 1272/1275, Kasten/Nitti ; port. nomear, HouaissGrande). Cependant, nous suivons von Wartburg in FEW 7, 182a pour considérer ce signifié comme une réfection sémantique sur lat. nominare « id. », étant donné son apparition relativement tardive en français et son absence totale en occitan. 9. Les explications alternatives à celle d’une dissimilation sont très peu pertinentes : le croisement avec */ˈlumen/ envisagé par HallPhonology 41 est très douteux pour des raisons morphologiques (croisement d’un verbe avec un substantif) et sémantiques ; quant à une possible influence de l’article défini ( PosnerDissimilation 148), elle peut certainement être exclue pour un verbe. |
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