C.N.R.S.
 

DÉRom en anglais
 
Dictionnaire Étymologique Roman
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*/ˈsalβi‑a/ s.f. « plante ligneuse ou herbacée de la famille des Lamiacées (Salvia officinalis et al. spp.) »

*/ˈsalβi‑a/ > dacoroum. salbie s.f. « plante ligneuse ou herbacée de la famille des Lamiacées (Salvia officinalis et al. spp.), sauge » (dp. 1825, DLR s.v. salvie ; EWRS ; Tiktin3 s.v. sălvíe [“transylv.”] ; MDA s.v. salvie)12, istriot. sávia (IveIstria 25 ; PellizzerRovigno ; ILA n° 1713 [« salvia comune »], 1862 [« salvia pratensis »]), it. salvia (dp. 1282, TLIOCorpus ; DELI2 ; AIS 1385*)3, frioul. salvie (PironaN2 ; GDBTF ; AIS 1385* p 357 ; ASLEF 102 n° 526), lad. sàlvia (MenegusDiz ; RossiVoc), romanch. salvgia (HWR ; LRC), fr. sauge (dp. fin 11e s. [salje], TLF ; FEW 11, 132ab ; AND1 s.v. sage ; ALF 1195), frpr. ˹sarvə˺ (dp. av. 1722 [sarvi], FEW 11, 132b ; ALF 1195)4, occit. ˹sauvia˺ (dp. 1150 [salvia], Pansier 3 ; AppelChrestomathie 167 ; FEW 11, 132ab ; DAO n° 896 ; DAOSuppl n° 896 ; DAG n° 896 ; ALF 1195), gasc. ˹sàubio˺ (FEW 11, 132b ; BernhardAran 82 ; CorominesAran 668 [sàuvia] ; ALF 1195), cat. sàlvia (dp. 1429, DECat 7, 636 ; DCVB), esp. salvia (dp. ca 1275, CORDE ; Kasten/Cody ; DCECH 5, 143), ast. salvia (AriasPropuestes 2, 367 ; DGLA ; DELLAMs), gal. xarxa (dp. 1745, DdD ; DRAG1), port. salva (dp. 1496/1500 [salua], CunhaVocabulário2 ; DELP3 ; Houaiss)5.

Commentaire. – À l’exception du végliote et du sarde (cf. n. 3), toutes les branches romanes présentent des cognats conduisant à reconstruire protorom. */ˈsalβi‑a/ s.f. « plante ligneuse ou herbacée de la famille des Lamiacées (Salvia officinalis et al. spp.), sauge »6.
Le corrélat du latin écrit, saluia, -ae s.f. « id. », est connu depuis Pline (* 23 ‒ † 79, OLD ; AndréPlantes 224).

Bibliographie. – MeyerLübkeGRS 1, § 302-305, 405, 477, 482, 508 ; REW3 s.v. salvia ; Ernout/Meillet4 s.v. saluia ; von Wartburg 1962 in FEW 11, 132a-133b, salvia ; LausbergSprachwissenschaft 1, § 215, 217 ; 2, § 306, 373, 413, 474-477 ; HallPhonology 175 ; SalaVocabularul 546 ; MihăescuRomanité 61 ; LEIMatériaux.

Signatures. – Rédaction : Jan Reinhardt. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Jean-Pierre Chambon. Romania du Sud-Est : Cristina Florescu. Italoromania : Giorgio Cadorini. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Myriam Benarroch ; Ana Boullón ; Ana María Cano González. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Georges Darms ; Xosé Lluis García Arias ; Yan Greub ; Christoph Groß ; Günter Holtus ; Peter Nahon.

Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 20/05/2011. Version actuelle : 07/08/2020.

 


1. Nous suivons EWRS, Tiktin1-Tiktin3 s.v. sălvíe (de façon dubitative : “sálbie könnte auch erbwörtlich sein”), Meyer-Lübke in REW3 et von Wartburg in FEW 11, 133a pour considérer dacoroum. salbie comme héréditaire, même si DLR s.v. salvie envisage un emprunt à l’allemand (“pentru salbie, salbai, cf. germ. Salbei”) et que MDA traite salbie comme une simple variante de salvie (cf. ci-dessous). Il n’y a en tout cas pas de difficulté phonétique (cf. MeyerLübkeGRS 1, § 508 : “vi̯ latin devient presque partout bi̯, toutefois les exemples manquent pour le roumain”). ‒ Par ailleurs, dacoroum. salvie représente un latinisme (Cioranescu n° 7386 [“la forma salvie, que no parece popular, puede ser un préstamo al lat. científico, en el s. XIX”] ; DLR ; DEX2 ; MDA).
2. Cioranescu n° 7366 propose “lat. *salva” pour expliquer port. salva s.f. « sauge » et dacoroum. salbă « collier ; ruban », salbă moale « evonymus pratensis ». Nous n’acceptons pas cette hypothèse, car d’une part les signifiés de salbă ne s’expliquent pas à partir de « sauge », d’autre part port. salva remonte régulièrement à */ˈsalβi‑a/ ([j] peut tomber après un groupe de consonnes, cf. HuberGramática § 234).
3. Sard. sálvia représente un emprunt à l’italien ou à l’espagnol (DES), mais on ne peut pas en tirer la conclusion que le sarde n’a jamais connu de continuateur de protorom. */ˈsalβi‑a/.
4. Il n’est pas nécessaire de postuler, comme le fait von Wartburg in FEW 11, 133ab n. 1, un prototype **/ˈsarβ‑a/ pour expliquer les formes francoprovençales, parfaitement régulières (rhotacisme de */l/ devant consonne labiale, cf. HafnerGrundzüge 167).
5. Les deux attestations du 13e siècle mentionnées par CunhaVocabulário2 ne se rattachent pas à */ˈsalβi‑a/, mais (directement ou indirectement) à l’adjectif */ˈsalβ‑u/. – Cf. n. 2.
6. Selon Cioranescu n° 7366, alb. šabí serait emprunté au latin, mais cette hypothèse n’est pas confirmée par VătăşescuAlbaneză 185.

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