C.N.R.S.
 

DÉRom en anglais
 
Dictionnaire Étymologique Roman
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*/ˈtali‑a‑/ v.tr. « diviser ou trancher avec un instrument affilé »

*/taˈli‑a‑re/ > sard. tazare v.tr. « diviser ou trancher avec un instrument affilé, couper » (DES s.v. tadzare ; Wagner,AR 24, 35 ; PittauDizionario 1), dacoroum. tăia (dp. 1500/1510 [date du ms. ; tăie], Psalt. Hur.2 162 ; Tiktin3 ; EWRS s.v. táiŭ ; DLR ; Cioranescu n° 8460 ; MDA ; ALR SN 1117, 1878, 1879, 1880, 2000, 2045), istroroum. talˈå (MaiorescuIstria 152 s.v. tai ; Byhan,JIRS 6, 358 s.v. tal’ǫ’ ; PuşcariuIstroromâne 3, 136 ; SârbuIstroromân 287 s.v. tal’å ; KovačecRječnik 194 ; FrăţilăIstroromân 1, 293 ; ALR SN 1117, 1878, 1879, 1880, 2000, 2045), méglénoroum. talˈari (Candrea,GrS 6, 188 ; CapidanDicţionar s.v. tal’ ; ALR SN 1878, 1879, 1880, 2000, 2045 ; WildSprachatlas 357 ; AtanasovMeglenoromâna 67, 186, 227), aroum. talˈĭŭ (Pascu 1, 168 s.v. tăl’are ; DDA2 ; BaraAroumain ; ALR SN 1117, 1878, 1879, 1880, 2000, 2045 ; WildSprachatlas 357 p 8)1, végl. talˈur (BartoliDalmatico 224 ; ElmendorfVeglia)2, istriot. taià (PellizzerRovigno ; AIS 543)3, it. tagliare (dp. 4e qu. 12e s. [avén. taiao prét. 3], TLIOCorpus ; DELI2 ; GDLI ; Merlo,AUTosc 44, 83 ; Faré n° 8542 ; AIS 543; 1392), frioul. taiâ (dp. 2e m. 14e s. [taglat part. p.], BenincàEsercizi 29 ; PironaN2 ; GDBTF ; AIS 543, 1392 ; ASLEF 525 n° 2712, 646 n° 3286, 667 ; ALD-I 789), lad. taié (dp. 1763 [tajè], Kramer/Fiacre in EWD ; AIS 543, 1392 ; ALD-I 789 ; ALF 1907), romanch. tagliar (dp. 1560 [tagliô part. p.], GartnerBifrun 34 ; HWR ; AIS 543, 1392 ; ALD-I 789), fr. tailler (dp. ca 1000 [talier], FEW 13/1, 39b ; Gdf ; GdfC ; TL ; TLF ; ANDEl)4, frpr. taillier (dp. 1220/1230, ProsalegStimm 31 = HafnerGrundzüge 63 ; FEW 13/1, 40b ; ALF 1907), occit. talhar (dp. ca 1060 [taillan part. prés.], SFoiHA 1, 312 ; FEW 13/1, 39b ; Raynouard s.v. dalh ; Levy ; BrunelChartes 64 ; AppelChrestomathie 117 ; Pansier 3 ; BrunelChartesSuppl 32), gasc. talhà (dp. 1255 [ms. 16e s. ; talhar], DAG n° 1729 ; Palay ; CorominesAran 709), cat. tallar (dp. 1272, DCVB ; DECat 8, 231), esp. tajar (dp. fin 12e/déb. 13e s. [taiado part. p.], DCECH 5, 381 ; Kasten/Cody ; DME ; NTLE ; Kasten/Nitti ; DRAE22)5, ast. tayar (dp. 1145 [ms. 1295 ; talle subj. 3], DELLAMs ; DGLA), gal. tallar/port. talhar (dp. av. 1223 [talhando gérond.], DDGM ; DELP3 ; Houaiss ; CunhaVocabulário2)6.

Commentaire. – Toutes les branches romanes présentent des cognats conduisant à reconstruire protorom. */ˈtali‑a‑/ v.tr. « diviser ou trancher avec un instrument affilé, couper »7. Cette répartition spatiale assigne */ˈtali‑a‑/ à la strate la plus ancienne du protoroman, antérieure au décrochage du sarde (2e moitié du 2e siècle [?], cf. Straka,RLiR 20, 256) et du roumain.
Protorom. */ˈtali‑a‑/ a largement pris la place de */ˈsɛk‑a/ ; dans plusieurs idiomes, ses continuateurs ont à leur tour été concurrencés par d’autres lexèmes exprimant le concept de « couper » (cf. n. 4, 5 et 6).
Le corrélat du latin écrit, taliare v.tr. « couper », n’est connu qu’à partir des arpenteurs (6e s. apr. J.-Chr., Ernout/Meillet4 s.v. tālea ; cf. FEW 13/1, 53a)8. Du point de vue diasystémique (latin global), la comparaison entre la reconstruction comparative et les données du latin éctit conduit donc à considérer */ˈtali‑a‑/ comme un oralisme qui n’a eu que très tardivement accès à l’écrit. Compte tenu de la nature de la première attestation (cf. aussi n. 8), on peut penser qu’il s’agissait au départ d’un terme technique de l’agriculture.

Bibliographie. – MeyerLübkeGLR 1, § 222, 349, 405, 514-518 ; 2, § 117 ; REW3 s.v. taliāre ; Müller 1965 in FEW 13/1, 39b-55a, taliare ; Ernout/Meillet4 s.v. tālea ; LausbergLinguistica 1, § 173-175, 250, 304, 464 ; HallPhonology 153 ; SalaVocabularul 620 ; MihăescuRomanité 261 ; StefenelliSchicksal 186.

Signatures. – Rédaction : Paul Videsott. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Valentin Tomachpolski. Romania du Sud-Est : Petar Atanasov ; August Kovačec ; Nikola Vuletić. Italoromania : Giorgio Cadorini ; Maria Iliescu ; Giorgio Marrapodi. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Myriam Benarroch ; Ana Boullón ; Ana María Cano González. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Myriam Benarroch ; Élisabeth Berchtold ; Victor Celac ; Xosé Lluis García Arias ; Günter Holtus ; Bianca Mertens ; Fernando Sánchez Miret ; Fanny Sommay.

Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 04/01/2015. Version actuelle : 18/08/2020.

 


1. L’aroumain ne connaît presque plus l’infinitif verbal (cf. Saramandu,Tratat 460 ; Kramer,LRL 3, 429-430) ; la forme citationnelle est la première personne du singulier du présent.
2. On ne voit pas pourquoi ElmendorfVeglia considère le lexème comme un emprunt à l’italien.
3. En revanche, le parler de Dignano connaît l’emprunt au vénitien tagià (DeanovićIstria 119 ; DallaZoncaDignanese).
4. En français moderne, le lexème a largement été évincé par couper (cf. ALF 335 ; 1533) ; il ne survit que dans des emplois spécifiques (cf. ALF 1907).
5. En espagnol moderne, le lexème a largement été évincé par cortar ; il ne survit que dans des emplois spécifiques.
6. En portugais moderne, le lexème a largement été évincé par cortar ; il ne survit que dans des emplois spécifiques.
7. Parmi les deux signifiés posés par Meyer-Lübke in REW3 (« fendre » et « couper »), seul le second est reconstructible ; Meyer-Lübke a dû être conscient de l’inadéquation du sens « fendre », car l’ensemble des issues romanes est classé sous 2. (« couper »). Pour ce qui est du signifié de l’entrée de FEW 13/1, 39b (« fendre »), il ne convient pas.
8. Cf. déjà le préfixé intertaliare : “rustica voce intertaliare dicitur dividere vel excidere ramum ex utraque parte aequaliter praecisum ; quas scissiones lignorum alii clavulas, alii taleas appellant” (2e m. 2e s./ca 512, TLL 7/1, 2290).

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