C.N.R.S.
 

DÉRom en anglais
 
Dictionnaire Étymologique Roman
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*/ɸonˈt‑an‑a/ s.f. « issue naturelle ou artificielle par laquelle une eau souterraine se déverse à la surface du sol »

*/ɸonˈt‑an‑a/ > sard. funtana s.f. « issue naturelle ou artificielle par laquelle une eau souterraine se déverse à la surface du sol, source/fontaine » (DES ; PittauDizionario 1 ; AIS 852), dacoroum. fântână « fontaine » (dp. 1588, Doc. Î. (XVI) 164 ; Tiktin3 ; EWRS s.v. fîntînă ; Candrea-Densusianu n° 592 ; DA ; Graur,BL 5, 98 ; Cioranescu n° 3388 ; MDA ; ALR SN 848 ; 850)12, istroroum. fântără « source ; fontaine » (Byhan,JIRS 6, 218)3, méglénoroum. făntonă (Candrea,GrS 3, 392 ; CapidanDicţionar), aroum. fîntînă (Pascu 1, 85 ; DDA2 ; BaraAroumain), végl. funtuona (BartoliDalmatisch 2, 156 ; ElmendorfVeglia)4, istriot. funtana (AIS 852 p 397), it. fontana (dp. 4e qu. 12e s., TLIO ; DELI2 ; AIS 852), frioul. fontane (GDBTF ; PironaN2 ; AIS 852 ; ASLEF 943), lad. fontana (dp. 1763, Kramer/Kowallik in EWD ; AIS 852), romanch. funtana/fontauna (DRG 6, 720-725 ; HWR ; AIS 852), fr. fontaine (ca 1160, TL ; Gdf ; GdfC ; FEW 3, 696b ; TLF ; AND2 ; ALF 592, 1104, 1256), frpr. fontana (dp. 1220/1230, ProsalegMussafia 212 = HafnerGrundzüge 71 ; DAO n° 207 ; FEW 3, 696b ; ALF 592 ; 1104 p 928, 938 ; 1256), occit. fontana (dp. ca 1120, DAO n° 207 ; Raynouard ; Levy ; AppelChrestomathie 96 ; Pansier 3 ; FEW 3, 696b ; ALF 592 p 972, 982, 992 ; 1256 p 982, 992), gasc. hountâ (FEW 3, 696b ; CorominesAran 507 s.v. hònt ; ALF 982 p 692), cat. fontana (dp. 13e s., DCVB ; MollSuplement n° 1527 ; DECat 4, 105), aesp. hontana (15e s., DME)5, ast. fontana (dp. 1880, DGLA ; DALlA ; DELLAMs)6, agal./aport. fontãa (3e qu. 13e s., DELP3 s.v. fonte ; Buschmann [fontaa] ; DDGM)7.

Commentaire. – Tous les parlers romans sans exception présentent des cognats conduisant à reconstruire protorom. */ɸonˈt‑an‑a/ s.f. « issue naturelle ou artificielle par laquelle une eau souterraine se déverse à la surface du sol, source/fontaine », qui est formé au moyen du morphème dérivationnel */‑ˈan‑/ (suffixe formateur d’adjectifs, Leumann2 § 295) sur la base de protorom. */ˈɸɔnt‑e/ (cf. Heidemeier,DÉRom 1, 220), avec lequel il est entré en concurrence.
Le corrélat du latin écrit, fontana, -ae s.f. « source », est attesté seulement depuis Vopiscus (ca 400 apr. J.-Chr., TLL 6/1, 1028)89. Du point de vue diasystémique (‛latin global’), protorom. */ɸonˈt‑an‑a/ est donc à considérer comme un particularisme de l’oral – ou plus précisément de l’‛immédiat communicatif’ – qui n’a eu que très tardivement accès au code écrit.

Bibliographie. – MeyerLübkeGRS 1, § 223, 408, 450-454 ; 2, § 450 ; REW3 s.v. fontāna ; Ernout/Meillet4 s.v. fōns ; von Wartburg 1933 in FEW 3, 696b-698a, fontana ; LausbergSprachwissenschaft 1, § 173-174, 405 ; 2, § 302, 404-405 ; HallMorphology 250 ; SalaVocabularul 543 ; StefenelliSchicksal 183 ; MihăescuRomanité 160, 174, 305.

Signatures. – Rédaction : Christoph Groß. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Valentin Tomachpolski ; Rémy Viredaz. Romania du Sud-Est : Petar Atanasov ; Maria Iliescu. Italoromania : Giorgio Marrapodi ; Simone Pisano. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Myriam Benarroch ; Ana Boullón ; Ana María Cano González ; Fernando Sánchez Miret. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Victor Celac ; Jérémie Delorme ; Xosé Lluis García Arias ; Günter Holtus ; August Kovačec ; Uwe Schmidt ; Nikola Vuletić.

Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 28/10/2015. Version actuelle : 14/05/2020.

 


1. La datation de 1426 proposée par Tiktin3 concerne une attestation relevée dans un texte slavon.
2. Au sens de « source », fântână a été remplacé par le slavisme izvor, cf. Tiktin3.
3. Les variantes en fon- (cf. MaiorescuIstria 124 s.v. fontară, Byhan,JIRS 6, 218 s.v. fontórę et PuşcariuIstroromâne 3, 310 s.v. funtanę) ont été influencées par le vénitien, l’italien ou le croate, cf. Byhan,JIRS 6, 218-219.
4. Nous ne suivons pas ElmendorfVeglia, selon lequel végl. funtuona aurait été emprunté à it. fontana.
5. Aesp. hontana, pour lequel le DME ne cite aucune source précise, n’est confirmé par aucun autre dictionnaire : s’agirait-il d’un mot-fantôme ?
6. Étant donné la date tardive de la première attestation d’ast. fontana, son caractère héréditaire n’est pas entièrement assuré.
7. Aport. fontãa est peu représenté (toujours sous la plume de Pero Meogo, DELP3 ; DDGM ; TMILG). Pour ce qui est d’agal./aport. fontana (lui aussi toujours sous la plume de Pero Meogo, DELP3 ; DDGM ; TMILG ; Houaiss), il s’agit peut-être d’un emprunt au mozarabe (le toponyme Fontana et ses dérivés sont attestés exclusivement dans l’Alentejo, au sud du Portugal, cf. DOELP) ou bien à un autre idiome roman (DELP3 s.v. fonte y voit un latinisme, un dialectalisme ou une simple variante graphique de fontãa).
8. Le substantif est issu d’une ellipse de fontana aqua loc. nom. f. « eau de source » > « source » (TLL 6/1, 1028 ; Ernout/Meillet4 s.v. fōns, fontis). À son tour, lat. fontanus adj. « qui se réfère à la source » se rencontre depuis Ovide (* 43 av. J.-Chr. – † 17 apr. J.-Chr., TLL 6/1, 1027) et s’explique comme un dérivé de fons, -tis n.m. « source », attesté depuis Névius (* ca 262 – † ca 201, TLL 6/1, 1022).
9. Protorom. */ɸonˈt‑an‑a/ a été emprunté par les langues brittoniques : gall. fynnon « source ; fontaine », acorn. funten, bret. feunteun (PedersenKeltisch 1, 195, 335).

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