C.N.R.S.
 

DÉRom en anglais
 
Dictionnaire Étymologique Roman
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*/aˈɡʊst‑u/ s.m. « mois qui suit juillet et précède septembre »

*/aˈɡʊst‑u/ > sard. agústu/aústu s.m. « mois qui suit juillet et précède septembre, août » (dp. 11e/13e s. [agustu], DES ; PittauDizionario 1 ; AIS 323)1, dacoroum. pop. [aˈgust] (dp. ca 1650 [agost], DA ; Tiktin3 s.v. áugust ; EWRS ; Candrea-Densusianu n° 24 ; Cioranescu n° 141 ; Kramer,BA 9, 114-116 ; ALRM SN 604)2, it. agosto (dp. 1186, Artale in TLIO ; DELI2 ; LEI 3, 2322-2343 ; AIS 323), frioul. avost (dp. 1355, DAroncoAntologia 26 ; LEI 3, 2342 ; Cortelazzo in DESF ; GDBTF ; AIS 323 ; ASLEF 32 n° 174), fasc. aóst (dp. 1763 [aoscht], Kramer/Homge in EWD s.v. agóst ; AIS 323 p 313 ; ALD-I 13 p 97-101)3, romanch. avuost/uost (Schorta in DRG 1, 644-646 ; HWR s.v. uost ; AIS 323), fr. août (dp. 1119 [aust], FEW 25, 910a-928a ; GdfC s.v. aoust ; TL s.v. aost ; TLF ; ALF 47), frpr. ˹ou˺ (dp. 1303 [ost], FEW 25, 910b ; Jeanjaquet in GPSR 1, 483-487 ; ALF 47), occit. aost (dp. 1140, FEW 25, 910b ; Raynouard s.v. agost ; Pansier 3 ; BrunelChartes 321 ; BrunelChartesSuppl 15, 139 ; ALF 47), gasc. ˹aust˺ (dp. 3e t. 12e s. [aost], CartBigRC 34 ; FEW 25, 911a, 913b ; ALF 47 ; ALG 1052), cat. agost (dp. fin 13e s., DECat 1, 72 ; DCVB), esp. agosto (dp. 1192, DEM ; Kasten/Cody ; DCECH 1, 74 ; DME), ast. agostu (dp. 1169 [agosto], DELLAMs ; AriasPropuestes 1, 206 ; DGLA), gal./port. agosto (dp. 1242/1252, DDGM ; Buschmann ; DRAG1 ; DELP3 ; Houaiss ; CunhaVocabulário2)4.

Commentaire. – À l’exception du dalmate (cf. n. 1), toutes les branches romanes présentent des cognats conduisant à reconstruire protorom. */aˈɡʊst‑u/ s.m. « mois qui suit juillet et précède septembre, août ».
Le corrélat du latin écrit, augustus, -i s.m. « id. », est connu depuis Ovide (av. 8 apr. J.-Chr., TLL 2, 1393) ; des formes présentant la réduction de la diphtongue /au/ en /a/ se trouvent fréquemment dans des inscriptions (dp. 1ère m. 1e s. apr. J.-Chr. [Afrique, Italie et Gaule], TLL 2, 1393).
Plusieurs langues vernaculaires en contact avec le latin ont emprunté protorom. */aˈɡʊst‑u/5, ce qui en confirme la vitalité dans la langue parlée.
Cf. */ˈmai‑u/ pour une vue d’ensemble sur le devenir des noms de mois protoromans.

Bibliographie. – MeyerLübkeGLR 1, § 29, 118, 308, 443, 468 ; MerloStagioni 147-152 ; REW3 s.v. augŭstus ; Ernout/Meillet4 s.v. augeō ; LausbergSprachwissenschaft 1, § 183, 243, 272 ; 2, § 403, 424 ; TagliaviniStoria 152-155 ; HallPhonology 53 ; SalaVocabularul 542 ; Kramer 1990 in LEI 3, 2322-2343, augustus ; MihăescuRomanité 302 ; Chauveau 1997 in FEW 25, 910a-928a, augŭstus.

Signatures. – Rédaction : Victor Celac. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Jean-Pierre Chambon. Romania du Sud-Est : Cristina Florescu. Italoromania : Giorgio Cadorini ; Rosario Coluccia ; Maria Iliescu. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Myriam Benarroch ; Ana Boullón ; Ana María Cano González. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Xosé Lluis García Arias ; Mihaela-Mariana Morcov ; Manuela Nevaci ; Nicolae Saramandu.

Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 27/07/2009. Version actuelle : 26/02/2020.

 


1. Contrairement à ce qui est affirmé par ElmendorfVeglia et LEI 3, 2342, dalm. aguást s.m. (BartoliDalmatico 237) et agóst (IveVeglia 117 = BartoliDalmatico 284) ne peuvent pas être héréditaires (cf. BartoliDalmatico 397 § 295 : protorom. */ˈʊ/ entravé> dalm. [ˈu]) : aguást est emprunté au vénitien (BartoliDalmatico 169 § 144). Pour ce qui est d’agóst, nous proposons d’y voir de même un emprunt au vénitien. – L’istriote présente ˹agósto˺ s.m. (IveCanti 380 [agusto] ; AIS 323 p 397, 398 ; ILA n° 358), qui peut être un emprunt au vénitien.
2. Quant à l’attestation médiévale (2e m. 10e s./1ère m. 11e s., Mihăilă, D. 70) mentionnée par Tiktin3 s.v. áugust, il s’agit d’un élément roumain dans un texte slavon. – En dacoroumain moderne, la forme héréditaire a presque entièrement été évincée par ávgust s.m. (dp. 1593, Doc. Î. (XVI) 178 ; DA s.v. áugust ; IvănescuIstoria1 496 ; MDA s.v. áugust) < slav. avgustь (MiklosichLexicon s.v. avьgustь ; Kramer,BA 9, 115 ; malgré Tiktin1Tiktin3 et Cioranescu n° 141, qui proposent d’y voir un hellénisme, hypothèse peu probable pour des raisons chronologiques). En dacoroumain standard, ávgust a été adapté en áugust (dp. 1881, DA [et non pas depuis 1400 (Tiktin3) : DERS a agust]) sous l’influence du latin, hypothèse plus plausible que celle d’un simple latinisme, malgré Tiktin1Tiktin3, DA et MDA. – La variante [ˈagust] (mold. et munt., cf. ALRM SN 604) se rattache à la forme héréditaire à travers un changement d’accent par analogie avec l’accentuation de la forme áugust de la langue commune (malgré Cioranescu n° 141, qui la donne comme étymologique) ; cf. aussi Kramer,BA 9, 114-116. – Dans les variétés sud-danubiennes du roumain, cette issue héréditaire a été évincée par des emprunts : istroroum. angúst s.m. (< scr. dial. angošt « id. », Byhan,JIRS 6, 183 ; Kramer,BA 9, 114-116 ; SârbuIstroromân 187 ; ALRM SN 604 [ãγúştu]) ; méglénoroum. ávgust s.m. (< bulg. avgust « id. », Candrea,GrS 3, 185 ; CapidanDicţionar). Pour ce qui est de l’aroumain, il présente l’hellénisme ávγustu s.m. (DDA2) ainsi que águstu, dont l’étymologie n’est pas complètement élucidée : Pascu 1, 29 et BaraAroumain s.v. agustus y voient un héritage du protoroman, ce que l’on peut exclure au vu de la place de l’accent, clairement d’origine grecque. Soit águstu représente de même un hellénisme (solution implicite de DDA2), soit il s’agit d’une issue héréditaire dont l’accentuation a été modifiée sous l’influence du grec (cf. le parallélisme dacoroum. [aˈgust]/[ˈagust]).
3. Dans les autres variétés du ladin, cette issue héréditaire a été évincée par l’italianisme agóst s.m. (dp. 1879, EWD ; AIS 323 ; ALD-I 13).
4. Quant à la date de 1188/1230 enregistrée par DELP3, Houaiss et DDGM, elle correspond à un texte rédigé en latin.
5. Alb. gusht (MihăescuRomanité 33 ; VătăşescuAlbaneză 132), berb. γušt (SchuchardtBerberisch 66, 67), brittonique insulaire, d’où bret. eost (dp. 1464 [eaost]), corn. est et gall. awst (tous Deshayes s.v. eost ; LothBrittoniques 136) ; cf. aussi MerloStagioni 180-181, TagliaviniStoria 154 et FEW 25, 925a.

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