TL 1, 308 enregistre une attestation isolée du verbe aloer (< adlaudare « adresser des éloges à qqn »), sous la forme du participe passé employé substantivement au sens de « celui qui est loué, tenu en haute estime », relevé dans Le Roman de la Rose par Guillaume de Lorris et Jehan de Meung, publié par D. M. Méon, Paris (Didot) 1813 [RoselM 1049]. Au passage correspondant, le manuscrit de base de Méon, le BnF fr. 25523 (Z), porte Desloiautent les alosés (ms. BnF fr. 25523, f° 10b) et les éditions de Langlois, Lecoy et Strubel donnent respectivement : Et desloent les alosez (RoseLLangl 1045) / Desloiaument (Et aloent D, Desloiautent Z, Et desloent L) les alosés Et mains preudomes (M. p. DZL) ont grevés (ancusez DL, accusés Z) CDZL (RoselLec, t. 1, p. 264, var. 1044ab) / Et desloent les alosez (RoselS 1042). Certes, il faudrait regarder tous les manuscrits sur Gallica pour pouvoir affirmer qu'aucun d'entre eux ne porte aloes, mais Gilles Roques en est presque certain. Il s'agit très probablement d'une bévue de Méon ou d'une faute d'impression pour alosés, étant donné que le verbe aloser est d'un usage très répandu en ancien et moyen français (Gdf et TL, aloser ; AND2 : aloser ; DMF : aloser ; FEW 5, 210a, laus). Il conviendrait donc de supprimer l'article aloer du TL et aussi "Afr. aloer « conseiller qch » (Rose)" dans FEW 5, 207b. En ce qui concerne la source pour "Afr. aloer « conseiller qch » (Chrestien)" du FEW 5, 207b, elle se trouve dans le Wörterbuch zu Kristian von Troyes’ sämtlichen Werken de W. Foerster, qui consigne "aloer (ad-laudare) anraten E 1808 V" (Foerster). Mais, au passage indiqué, Erec und Enide von Christian von Troyes, édité par W. Foerster, livre De ce vos devroit il peser, Se je vos voloie alever Autres costumes, autres lois Que ne tint mes peres li rois (ErecF 1808 = TL, alever) et la variante de H (aloer selon Foerster) se lit dans le manuscrit BnF fr. 1450, f° 144d : se je vous vausisse aloer (ou plutôt aleer) avec u suscrit au-dessus de oe/ee. De plus, le mot est à la rime avec grever, ce qui oriente vers la leçon alever dans le manuscrit H, cf. DÉCT, alever B. [Le compl. d'obj. désigne une chose] "Introduire, établir (une coutume, une loi)" : De ce vos devroit il peser, Se ge vos voloie alever Autre costume et autres lois Que ne tint mes peres li rois (Er 1764) ; Gdf et TL, alever ; AND2 : eslever1 (5 « to raise, levy [taxes] ») ; FEW 24, 330a, allevare. Par conséquent, il conviendrait de biffer "Afr. aloer « conseiller qch » (Chrestien ; Rose)" dans FEW 5, 207b. Quant au DMF, article allouer2, il engrange le sens de « faire l'éloge de qqn », tiré des Chroniques de J. Froissart, publiées par S. Luce / G. Raynaud / L. Mirot / A. Mirot, 15 vol., Paris 1869-1975 (FroissChronL, XII, 12). Au passage correspondant, les éditions de Buchon, Kervyn de Lettenhove et Ainsworth offrent : et moult étoit alosé au royaume de Castille par ses prouesses (FroissChronB, 2, 373b) / Et moult estoit recommandé (var. alosé) ou royaulme de Castille par ses hauls fais en armes et vaillances (FroissChronK, XI, 13) / Et moult estoit alosez ou royaume de Castille par ses proesces (FroissChroniii1A2, t. 1, p. 116). Il se trouve que le manuscrit BnF fr. 2650, f° 4c porte bien la leçon aloez, mais voici ce qu'en dit Léon Mirot, lorsqu'il édite le tome XII des Chroniques, qui commence le livre III : « Le livre III a été l'objet de deux rédactions : l'une, exécutée en 1390-1391, est représentée par de nombreux manuscrits, dont le plus important est le n° 865 de la bibliothèque de Besançon. Cette première rédaction a été l'objet d'une révision, en même temps que les livres I et II ; cette révision est représentée par le manuscrit de Breslau, datant de la seconde moitié du XVe siècle. Enfin, postérieurement à 1392, Froissart procéda à une seconde rédaction du livre III ; il en existe un seul manuscrit, le manuscrit français 2650 de la Bibliothèque nationale. C'est ce dernier manuscrit, quelque défectueux et fautif qu'il soit, que j'ai cru devoir prendre comme base de la présente édition, car il nous donne la dernière expression de la pensée de Froissart. Pour les variantes, j'ai utilisé les manuscrits de Besançon et de Breslau » (FroissChronIII1A2, XII, p. VII-VIII). L'insolite aloez du médiocre manuscrit BnF fr. 2650 [déb. 15e s.] est sûrement une faute pour alosez, le copiste distrait ayant omis la lettre s. En effet, le verbe aloser « louer » est d'un usage courant dans l'ancienne langue (Gdf et TL : aloser ; AND2 : aloser ; DMF : aloser ; FEW 5, 210a) et on en relève de nombreuses occurrences chez Froissart, cf. DMF : aloser (I. A.). Pour illustrer allouer qqc. « l'approuver, y consentir », le DMF cite un exemple extrait du Journal de Clément de Fauquembergue, édité par Tuetey et Lacaille à Paris en 1909. Le verbe allouer a en réalité ici le sens de « mettre en circulation (une monnaie) » et c'est ce à quoi s'engagent les « generaux », les trois ou quatre personnages les plus importants s'occupant de l'administration des finances extraordinaires du royaume de France (Gdf, aloer2 « faire circuler, mettre en circulation, en parlant de monnaies » ; DMF : allouer1 (A. 3. b « mettre en circulation [une monnaie] ») ; Gdf, ralouer « en parlant de monnaies, remettre en circulation » ; DMF : ralouer B. « remettre (une monnaie) en circulation » ; FEW 24, 336a, allocare I 2). On supprimera donc l'article allouer2 du DMF. |