Mots Fantômes
  Résultat de la requête 

BISE1
900-1330
lemmatisation, définition
Source première :
 Gdf 1, 652b
bise, subst. fém.
« miche de pain bis »
 

Car eulz ne prisent pas deulz bises Ne les prophetez ne Moyses (Renart, Suppl., p. 388, Chabaille)

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 TL 1, 981
biset, subst. masc.
« Stoff von grauer, dunkler Farbe »
 

Une gonele de biset li douna (Alisc. 116 [Godefroy I 652c])

 

ein Minimalwert (etwa der nfr. Vogel biset ?) Car (eulz) ne prisent pas deuz bisès Les prophetez ne Möysès Fabel Ztschr. 351 [gewiß nicht "besanz", wie Martin denkt]. [vgl. Godefroy I 652b] vgl. bise.

Source secondaire :
 FEW 1, 432a
*bombyceus - bis - bise
 

4. Schwarzbrot. Afr. bise « miche de pain bis »

Source secondaire :
 DMF 2015
bise2, subst. fém.
« tranche de pain bis (ici avec valeur minimale) »
 

...ne veul tenir de terre la monte d'une bise (Flor. Octav. L., t.1, c.1356, 79)

 

Se Franc Gontier et sa compaigne Elayne Eussent ceste doulce vie hantee, D'oignons, cyvotz, qui causent forte alaine, N'acontassent une bise tostee. Tout leur maton ne toute leur potee Ne prise ung ail, je le dy sans noisier (Villon, Test. R.H., 1461-1462, 117)

Justification :
 lemmatisation
13e siècle ? (ms. 15e s.)
étude   MöhrenVal 64, article bises pl. : TL a probablement raison d'interpréter bises comme bisés, étant donné que Moïsés (rime) doit se lire, semble-t-il, avec l'accent sur la dernière syllabe, v. Flutre et Langlois.

Gdf 1, 652b enregistre une attestation isolée de bises pl. sous l'entrée bise, qu'il traduit « miche de pain bis ». L'occurrence de bises pl. est tirée de P. Chabaille, Le roman du Renart. Supplément, Paris, Silvestre, 1835 : Car eulz ne prisent pas deulz bises Ne les prophetez ne Moyses (RenChab). Quant à TL 1, 981, qui écrit le seul exemple de notre bises pl. bisés, il le range comme expression d'une valeur minimale sous biset « sorte d'étoffe grise, foncée » (dér. de bis, dont l'étymologie est discutée, cf. FEW 1, 431b : *bombyceus) et suggère pour le sens avec un point d'interrogation le nom de l'oiseau biset « sorte de pigeon », qui, pourtant, n'est attesté que depuis le 16e siècle (FEW 1, 431b ; Gam2 115a ; 1552 Rab [bizet], cf. aussi 1555 Belon [biset] ds TLF) et renvoie à bise « sorte d'oiseau », hapax de la fin du 13e siècle (ChansBern389B = Mts, bise1 « pigeon sauvage »), dont le sens est douteux (voir fantôme bise2), cp. FEW 1, 432a, note 4, qui ajoute à propos de nfr. biset « pigeon sauvage de couleur grise » : « Vielleicht bezeichnet afr. bise (hap. leg.) [< TL] schon den gleichen vogel ». Dans son étude qui dénombre presque exhaustivement les attestations du renforcement affectif de la négation en ancien français, F. Möhren examine le même exemple de bises pl. (RenChab, p. 388 = RenHermiteM 351), dont la forme et le sens ne sont pas bien établis d'après Gdf et TL. Il énumère diverses hypothèses déjà formulées ou nouvelles : « sorte d'étoffe grise ou sorte de pigeon » (TL : biset), « miche de pain bis ; retaille de pain ; pain bis » (Gdf : bise ; bisel et biset), « pois » (WartburgEvol7, p. 108, peut-être parce que les pois chiches sont toujours deux dans une cosse, donc < bis ?). Pour la forme, il considère que « TL a probablement raison d'interpréter bises comme bisés, étant donné que Moïsés (rime) doit se lire, semble-t-il, avec l'accent sur la dernière syllabe, v. Flutre et Langlois », et de rejetter besant comme le propose dubitativement E. Martin dans l'édition RenHermiteM (cf. MöhrenVal 63-64, art. bises pl. ; Mts, biset). Le FEW 1, 432a *bombyceus a repris notre bises, sous la forme bise, de Gdf 1, 652b : bise « miche de pain bis ». Le DMF : bise2 « tranche de pain bis (ici avec valeur minimale) » fournit deux exemples, où la forme bise apparaît dans deux expressions pittoresques comme les affectionne l'ancien français pour désigner une valeur minime ou nulle. On peut voir que dans la chanson de geste du 14e siècle Florent et Octavien, la forme bise est assurée par la rime : - Dame, dist le paien, plaine estes de franchise, Mais foy que doy Mahon, ou j'ay m'entente mise, Je manderay battaille au roy de Saint Denise, Corps a corps, s'y ly plaist, l'aray contre luy prise, Ou a .IIII. meilleurs de France la gentise, Et se ne lez occis ou mais en ma justice, Ne veult tenir de terre la monte d'une bise. - Sire, se dist la dame, qui fu de noble guise, Celle vantise cy ne vault une merise (Flor. Octav. L., t. 1, 78-79, 2341-2349). Noëlle Laborderie signale dans une note au vers 2347 que les mss. BC portent qui vaille une quemise au lieu de la monte d'une bise, que le sens exact du mot bise n'est pas bien établi à en juger d'après les dictionnaires (Gdf / TL) et MöhrenVal, art. bises pl. (p. 63-64). La formule de Noëlle Laborderie est trop rapide. Dans MöhrenVal 85, on voit que chemise est rare dans cet emploi (ajouter MaccabGautS 3569) et toujours avec une motivation directe [mais ajouter N'i a nul de sa gient, se par sa convotise Lor tolisent dou lor valant une cemise (EntreeT 9971)]. L'éditrice n'a pas su interpréter le mot, d'où un point d'interrogation à la place d'une définition dans le glossaire de son édition (t. 2, p. 745). Par ailleurs, elle remarque à juste titre que bize apparaît dans la variante de BC qui portent au v. 2349, au lieu de Celle vantise cy ne vault une merise (texte de A), De quel part vient ciz vens, je croy qu'il vient de bize (texte de BC) ; or on sait que le ms. A, base de l'édition de NL, est très inférieur à BC. On peut donc supposer que le ms. A, ou son ancêtre, aura extrait le mot bize par anticipation d'un modèle portant ce mot deux vers plus loin, ce qui amènerait aussi à penser que la leçon de BC reflète également le texte originel au vers 2347 et que c'est l'emploi peu commun de quemise en cette tournure qui aura provoqué la réfection que présente le ms. A. En somme le texte du ms. de base de l'édition ne semble pas avoir de sens. DiStefLoc2 cite lui aussi Florent et Octavien, signale que le mot bise fait difficulté, qu'il peut indiquer une petite quantité (de pain ?) et se contente de renvoyer à MöhrenVal, biffe / bisse / bises (p. 165c). Quant à l'occurrence de bise tirée de Villon, il s'agit en réalité de l'adj. bis, employé en particulier dans les locutions pain bis (GdfC, bis ; TL, bis ; AND2 : bis1 ; DMF : bis1) et bise tostee « tranche de pain bis rôtie au feu », une tostee, participe passé substantivé fém. de toster « griller, rôtir », est bien connu en afr. mfr. (Gdf, tostee ; TL, tostee ; FEW 13/2, 117b : tostare ; DMF : tostee ; P. Demarolle, Vocabulaire de Villon, Lille : 1980, t. 1, p. 188) ; VillonTestR, t. 2, p. 210-211, v. 1485-1486 ; C. Buridant, Le moyen français, Strasbourg : 2000, p. 125), ce qui n'a pas empêché le DMF d'analyser à deux reprises bise comme un subst. fém. DMF : bise2 et DMF : toster III. - Part. passé en empl. adj. « très chaud, brûlant » une bise tostee (Villon). Notons que dans la fameuse ballade du "Contreditz Franc Gontier" du Testament de François Villon, bise tostee apparaît dans l'expression d'une valeur minimale (cf. VillonTestR, t. 1, p. 211 ; MöhrenVal 226, art. tostee f. « tranche de pain grillée » ; DiStefLoc2, p. 1701c). Or, dans le Dit de Franc Gontier de Philippe de Vitri, qui a rendu ce personnage proverbialement connu comme étant le type de l'honnête et simple homme qui gagne sa vie à travailler dans les champs, on trouve le tableau de la douce vie de Franc Gontier et de sa dame Hélène ainsi que celui de leur festin de pain bis durci frotté d'échalottes (escaillongne froyee sur crouste bise, cf. éd. Piaget, Romania 27, 63). Cent ans plus tard, Villon, qui tient la pauvreté pour un malheur, tourne en ridicule la vie frugale dont l'évêque de Meaux, qui ne manque de rien, fait l'éloge dans son poème. On observe qu'il remplace "crouste bise" par "bise tostee", ce qui assigne clairement à bise le rôle d'un adjectif féminin.
Voir bise2

Solution :
 BISET « sorte d'étoffe grise ou sorte de pigeon ou pain bis »
FEW 1, 431b-432a *bombyceus
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 1, 652b
bise, subst. fém.
« miche de pain bis »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'article bise subst. fém. « miche de pain bis » dans Gdf 1, 652b. TL a probablement raison d'interpréter bises comme bisés, étant donné que Moïsés (rime) doit se lire, semble-t-il, avec l'accent sur la dernière syllabe, v. Flutre et Langlois. Pour la traduction de biset, on aurait le choix entre « sorte d'étoffe grise » ou « sorte de pigeon » ou encore « pain bis ».
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 1, 432a
*bombyceus - bis - bise
Rem. : Il conviendrait de supprimer la donnée "Afr. bise « miche de pain bis »" dans le FEW 1, 432a : *bombyceus.
  Source à corriger :
  correction
DMF 2015
bise2, subst. fém.
« tranche de pain bis (ici avec valeur minimale) »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'exemple de bise tostee relevée chez Villon et cité à tort dans le DMF : bise2. Il serait à ajouter au DMF : tostee subst. fém. « tranche de pain rôtie (souvent trempée dans du vin)". On veillerait à indiquer que le sens du mot bise dans Florent et Octavien est obscur et on mettrait un point d'interrogation à la place d'une définition dans le DMF : bise2, comme l'avait fait auparavant Noëlle Laborderie dans le glossaire de son édition (t. 2, p. 745). Sous DMF : toster, il faudrait supprimer la subdivision III. - Part. passé en empl. adj. « très chaud, brûlant », où la locution bise tostee chez Villon n'a pas été comprise.
  

2020 : N. Steinfeld ; G. Roques, T. Matsumura, M. Plouzeau


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2009- http://www.atilf.fr/MotsFantomes
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale.
La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante : Base des mots fantômes : http://www.atilf.fr/MotsFantomes, ATILF - CNRS & Université de Lorraine

Fermer la fenêtre