Le DMF enregistre une attestation du substantif féminin canelée « mesure de capacité équivalant au contenu d'une corbeille », tirée des Comptes, devis et inventaires du manoir archiépiscopal de Rouen, recueillis par M. le Chanoine Jouen, publiés par Mgr Fuzet, Archevêque de Rouen, Paris/Rouen, 1908. Dans les documents concernés, on relève les formes caneléez, caneleyes, canellées, glosées « contenu d'une corbeille » dans le lexique, d'où la définition du DMF : Ea die tradidi Johanni Malleyde, cadrigario, pro duobus modiis et duabus caneléez calcis ab ipso emptis, pro modio xxxs valent (Comptes Archev. Rouen J., 29) / Item pro quatuor baneleyes sabulonis et quatuor caneleyes calcis pro faciendo morterium xxxvjs (id., 35) / A Louys Bénard de Saint-Godard de Rouen pour avoir aporté vj canellées de argille pour faire le contre cueur et l'atre de la cheminée (id., 212). Mais, à d'autres endroits, en particulier dans un contexte similaire qui mentionne lui aussi des réparations nécessitant de l'argile, on peut lire dans les comptes concernés et sensiblement à la même date : [doc. 1440] A Loys Bénard dit L'Estrier pour chinq chevalées d'argille pour faire l'atre dud four de l'ostel archiépiscopal (id., 209) / [doc. 1447/1448] A Guillaume Lemaire, sergent de Desville, pour iiij chevallées ou charges de boys pour les vignes de Desville et de l'ostel de Rouen amenées des boys de Monseigneur a son cheval (id., 249). Ce passage a dû inspirer la glose « charge d'un cheval » qui se trouve dans le lexique, s.v. cheval(l)ées. Il s'avère que caneléez, caneleyes, canellées sont des mélectures de M. le Chanoine Jouen, qu'il convient de corriger caveléez, caveleyes, cavellées, graphies que l'on rencontre parallèlement à cheval(l)ées, qui désigne une « mesure équivalant à la charge d'un cheval ». Par conséquent, l'exemple de canelée cité par le DMF est à ranger sous l'entrée chevalée « mesure équivalant à la charge d'un cheval », où se trouve déjà chinq chevalées d'argille pour faire l'atre dud four de l'ostel archiépiscopal (Comptes Archev. Rouen J., 209), en compagnie de deux autres citations empruntées à ChazelasClos (6 quavellees de pieces de tieulle) et MonstreletD (une chevalée de blé). Ces graphies des 14e et 15e, où l'on observe que les produits de K + a à l'initiale alternent entre ch et c, qu, ainsi que leur sémantisme seraient à ajouter au FEW 2, 9a, caballus, qui n'enregistre que "Mfr. chevalee « charge d'un cheval » (15. jh.)", relevé dans Gdf 2, 109c, où l'exemple de 1447 (.xviii. chevalees de fiens) illustre plus justement le sens de « mesure équivalant à la charge d'un cheval ». |