Mots Fantômes
  Résultat de la requête 

CERLOVIN
900-1330
lexie, définition
Source première :
 Gdf 2, 21c
cerlovin, adj.
« exprime l'idée de niais ; et a peut-être signifié d'abord sauvage comme un loup-cervier »
 

Si diroit on qu'il est entulles, Ydiotes et cerlovins (G. de Coinci, Mir., ms. Soiss., f° 168d)

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 
cervarius lupus - loup-cervier - cerlovin
 

Afr. cerlovin « sauvage comme un loup-cervier ; niais » (anfang 13. jh.)

Justification :
 mélecture liée à la confusion v/u
ca 1224
dictionnaire   TL 2, 129 : cerlouin (?) adj. S'ausi bons clers estoit (li povres hom) com Tulles, Si diroit on qu'il est entulles, Ydïotes et cerlouins < : autöins >, GCoins. 554, 545 (in anderen Hss. nach Alfr. Webers briefl. Mitteilung : chillorains, cerloiains, cerloains). [Godefroy II 21c cerlovin.]

Gdf 2, 21c recense une attestation unique de l'adjectif cerlovin, tiré des Miracles de Nostre Dame par Gautier de Coincy, cité d'après le manuscrit dit de Soissons (S), mais qui pourrait provenir en réalité des Miracles de la sainte Vierge traduits et mis en vers par Gautier de Coincy, publiés par l'Abbé Poquet en 1857 d'après le manuscrit BnF fr. 24541 (S ; anc. Soissons, 2e q. 14e s.) [= CoincyII18P, 554, 545] (voir à ce sujet la thèse de T. Matsumura, ActesMfr10 129-141). Curieusement, le mot cerlovin ne figure pas dans le Glossaire « contenant l'explication des mots les plus difficiles à entendre » de l'édition Poquet. Godefroy propose de l'interpréter « niais », suggéré par le contexte, et tente de l'expliquer comme étant peut-être une évolution sémantique à partir de « sauvage comme un loup-cervier ». Le FEW 2, 612b, cervarius lupus a retenu la proposition de Godefroy puisqu'il enregistre : Afr. cerlovin « sauvage comme un loup-cervier ; niais ». En ce qui concerne TL, qui a dépouillé lui aussi l'édition défectueuse de l'abbé Poquet, il n'est pas tombé dans le piège que lui tendait ce dernier, sans doute parce que Lommatzsch était un bon connaisseur de Gautier de Coincy, comme il l'a prouvé dans sa thèse parue en 1913, Gautier de Coincy als Satiriker. En effet, sous cerlouin (?) adj., il cite le passage en question et corrige très justement la mélecture de l'abbé Poquet au vu de la rime des vers 545-546 (cerlovins < : autoins >), qui postule la finale -ouin(s) et non -ovin(s) (TL 2, 129, 16-22). Dans un document de travail consacré à Gautier de Coincy et à la Vie des Pères dans Gdf (aimablement communiqué aux rédacteurs du DEAF, qui l'ont transmis à J.-L. Ringenbach à l'ATILF), T. Matsumura note qu'il a vérifié le texte incriminé sur le microfilm du ms BnF n.a.fr. 24541 (ms S) et confirme la lecture de TL (page 31). Or, au passage correspondant, l'édition V. F. Koenig donne : S'ausi bons clers estoit com Tulles, Si diroit on qu'il est entulles, Ydiotes et cerlouainz. Povres hom a mout d'antouainz Pour entrer en maleürté (Coincyii18K, 545 var. chillorains N ; colloains B ; cyllouains D). Pour E. Boman, qui adopte la même étymologie que Godefroy, « il n'y a pas de doute que le mot cerloiains n'ait donné beaucoup de mal aux copistes. Les formes différentes qu'ils lui ont données le montrent nettement : on trouve en effet dans les différents manuscrits : Cerloains AER, cerlouain FLO, celloains GCo, cyllouains D, chirlouains J, chillorains N, colloains HB, corlains v, cerlovin Poq » (Coincyii18B, 69). O. Collet affirme qu'« il est peu vraisemblable que cerlouain ait quoi que ce soit à voir avec loup-cervier » et que la base morphologique de cet adjectif pourrait être cerl- avec adjonction d'un suffixe ou d'une finale -ou(a)in (-uin) à valeur péjorative (ColletCoincy, Glossaire : cerlouiain [-z], antouain [-z]). Il conviendrait donc de supprimer le fantôme cerlovin du Gdf et du FEW.

Solution :
 CERLOUIN « ignorant (?) »
Correction des sources :
 Source à corriger :
  correction
Gdf 2, 21c
cerlovin, adj
« exprime l'idée de niais ; et a peut-être signifié d'abord sauvage comme un loup-cervier »
Rem. : Il conviendrait de corriger l'entrée cerlovin en cerlouin dans Gdf 2, 21c. On procéderait de même pour l'exemple de G. de Coinci (cerlouins) et on supprimerait la définition en la remplaçant par « ignorant (?) ».
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 2, 612b
cervarius lupus - loup-cervier - cerlovin
Rem. : Il conviendrait de supprimer la donnée "Afr. cerlovin « sauvage comme un loup-cervier ; niais » (anfang 13. jh.)" dans FEW 2, 612b, cervarius lupus. Étant donné que l'origine du terme reste pour l'heure obscure et que c'est le sens d'« ignorant » qui semble se dégager du contexte, on pourrait envisager de ranger cerlouin dans les matériaux d'origine inconnue ou incertaine, sous le concept : imbécile, sot, etc. (FEW 22/1, fasc. 140, 4b).
  

2016 : N. Steinfeld ; J.-L. Ringenbach, T. Matsumura, G. Roques


© ATILF - CNRS & Université de Lorraine 2009- http://www.atilf.fr/MotsFantomes
La présente ressource est produite et diffusée par l’ATILF à des fins de consultation pour l’enseignement et la recherche, à l’exclusion de toute exploitation commerciale.
La citation d’un extrait de la ressource au sein d’une publication scientifique est autorisée sous condition de porter la mention suivante : Base des mots fantômes : http://www.atilf.fr/MotsFantomes, ATILF - CNRS & Université de Lorraine

Fermer la fenêtre