À la suite de Bescherelle et de Littré, le FEW 23, 89b enregistre le terme de marine chaire subst. fém. « grand bateau plat servant à charger et à décharger les navires ». D'après Gilles Roques ("Fantaisie maritime", in TraLiLi XV, 1, [1977], 247, note 3), il s'agit d'une mauvaise lecture pour chatte « bâtiment de transport servant d'allège pour le chargement et le déchargement des navires, et faisant le cabotage » (16e-18e s., FennisGal ; Jal2), châte (à Marseille) « sorte de grands bateaux » (LittréSuppl 1877, qui cite le Journ. offic. du 17 juillet 1875), pr. chato « barque plate servant à charger et à décharger les navires, plus grande que le lacoun » (Mistral, qui donne aussi gato « barque plate usitée sur les canaux, en Roussillon »). Jan Fennis y voit un emprunt au génois ciatta, résultat régulier du latin médiéval platta, proprement féminin substantivé du latin populaire plattus « plat », qui remonte au grec byzantin platè « espèce de bateau, radeau » (FennisGal ; cp. frm. plate subst. fém. « bateau plat » et mfr. plat subst. masc. « bateau plat (à Venise) » Comm, FEW 9, 49a/51a, plattus). Le français moderne connaît chat « bâtiment de commerce des mers du Nord » (17e-18e s., Jal2 ; Ø FennisGal ; mais peut-être déjà mfr. catz sg. et pl. masc. en 1520 dans le Sud-Ouest, cf. Gdf 2, 88c), qui est probablement emprunté au néerlandais kat (ou katschip) « espèce de petit navire employé comme allège dans les ports » (Valkh 88 ; DeVriesNéerl ; TLF, chat2). Étant donné l'antériorité de chatte en français, K. Baldinger estime que chat pourrait être une réduction de chatte par étymologie populaire (BaldEt 2, 3280). L'ancien français connaît aussi un mot chat « navire de guerre muni à la proue d'un éperon » (ca 1230, Guill. de Tyr, Du Cange, s.v. gatus1 ; Gdf ; Ø TL). Dans les deux exemples de la traduction de Guillaume de Tyr, chat traduit le latin gattus, attesté depuis la fin du 11e siècle dans le domaine italien (Du Cange). Gdf et Baist (ZrP 7, 125), à qui le FEW 23, 91b emboîte précautionneusement le pas, considèrent que le mot est une extension métonymique de chat « machine de guerre constituée par une galerie de bois couverte de merrains, de fer et de peaux, que l'on fait avancer sur des roues jusqu'au pied des murailles et qui permet aux assaillants qui y sont abrités, de faire agir le mouton dont elle est équipée, de combler les fossés, etc. » (13e-15e s., FEW 2, 519b ; DMF : chat C. 1.), dont les Chroniques de Jean Le Bel et de son continuateur Froissart, qui lui a fait des emprunts textuels, montrent qu'on pouvait le placer sur un navire (Gdf ; DMF : chat C. 1.). Ces noms de bateaux semblent absents du FEW et " leur histoire est encore peu claire " (BaldEt 2, 3280). Pour l'heure, il conviendrait de supprimer le fantôme chaire des mots d'origine inconnue du FEW 23, 91b consacré aux désignations des bateaux, et on pourrait peut-être s'autoriser à ajouter le terme de marine chatte au FEW 9, 51a, plattus II 6. |