Mots Fantômes
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DARON
900-1330
autre interprétation philologique
Source première :
 La Curne
daron, subst. masc.
« fief, domaine »
 

Othe vint avant, qui estoit fis de Pierre et requist la saisine dou daron (2) comme le plus droit heir apparant de Pierre qui fut seignor dou daron, et derainement en fu saisi et tenant com de son fié (Assises de Jérus. p. 53) Rem. : Ce mot est souvent répété (Ibid.) dans le même sens. On trouve aussi le « chastel du daron », pour le manoir seigneurial. (Cont. de G. de Tyr, Martène, t. V, col. 9).
REM : (2) C'est la transcription du mot daroum, petite localité au sud de Gaza. (Quatremère, Hist. des sultans Mameloucks, I, 2e partie, p. 238). Le mot subsiste en argot, où il signifie maître. (N. E.)

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 Gdf 2, 423a
daron, subst. masc.
« manoir »
 

Othe vint avant qui estoit fils de Pierre et requist la saisine du daron comme le plus droit heir apparant de Pierre qui fu signor dou daron et derainement en fu saisi et tenant com de son fié (Ass. de Jér., p. 53, ap. Ste-Pal.)

Source secondaire :
 
Concept : L'habitation, la maison - manoir
 

Afr. daron m. « manoir » AssJer.

Justification :
 nom propre considéré à tort comme un appellatif
av. 1266
étude   Takeshi Matsumura, Compte rendu de John of Ibelin, Le Livre des Assises, éd. par Peter W. Edbury, Brill, Leiden-Boston, 2003, RLiR 68, 2004, 584

À la suite de La Curne, Gdf 2, 423a cite deux occurrences du substantif masculin daron « manoir », relevées dans les Assises et bons usages du royaume de Jerusalem, tirés d'un manuscrit de la Bibliotheque Vaticane, par messire Jean d'Ibelin, comte de Japhe & d'Ascalon […] Avec des notes & observations... par Gaspard Thaumas de La Thaumassiere, Paris, 1690 : Othe vint avant qui estoit fils de Pierre et requist la saisine du daron comme le plus droit heir apparant de Pierre qui fut signor dou daron et derainement en fu saisi et tenant com de son fié (AssJérJIVatT, t. 1, p. 53). Or, le comte Beugnot explique que « Darum ou le Daron était une petite forteresse que le roi Amaury avait fait construire sur une éminence voisine de la mer et peu éloignée de Gaza, afin d'assurer de ce côté les frontières de ses états et le payement des redevances auxquelles les habitants de la campagne étaient soumis », comme nous l'apprennent la Chronique de Guillaume de Tyr (AssJérJIbB, t. 1, p. 107, note ; cf. AssJérJIbB, t. 2, XXXIII, note 1, où le Daron est cité dans la liste des 37 villes qui possédaient, selon le Livre de Jean d'Ibelin, une cour des Bourgeois) et la note (2) de La Curne, art. daron, qui précise : « C'est la transcription du mot daroum, petite localité au sud de Gaza. (Quatremère, Hist. des sultans Mameloucks, I, 2e partie, p. 238) ». En effet, aux passages correspondants dans l'édition de Peter W. Edbury, on constate qu'il s'agit bien d'un nom de lieu, le Daron, répété plusieurs fois dans le chapitre [53] intitulé "En quel cas force de turs tot saisine et en quel quas ele ne la tot" : Il avint chose que .i. home qui a non Pierre tint le Daron come sien en tens de trive en pais et sans chalonge / Et avint que el vivant de Pierre guerre fu et le Daron fu perdu et sarazins le tindrent. Et en tant com il le tenoient cil Pierre morut, et demorerent ses .ii. fis sans saisine avoir do Daron ne de rien qui de la seignorie fust. / Et puis trive fu, et le Daron fu rendu as crestiens, et Ote vint avant qui fu fis Pierre, et requist la saisine dou Daron con le plus dreit heir aparant de Pierre qui fu seignor do Daron et derainement en fu saisi et tenant con de son fié / "sire, je requier la saisine dou Daron con le plus droit heir aparant, et di comment. Fouques, qui fu mon pere, fu fis ainsné et dreit heir de Pierre qui fu seignor dou Daron […] Et se sarazins firent force a mon pere dou Daron, je ne doi pas por ce perdre mon droit ne ma saisine, […]. Et por toutes les raisons devant dites veuill je avoir la saisine dou Daron, se court l'esgarde". / Et a moi senble que Ote, qui fu fis Pierre qui derainement fu saisi et tenant do Daron con de son fié, soit plus dreit heir a avoir le Daron, […] (AssJérJIbE, 159-160 ; aussi 12, 603, 614 et 619). Ainsi, l'appellatif daron « manoir » est un avatar fantomatique que l'on peut identifier à un nom de lieu, le Daron, qui se trouve à la frontière égyptienne et à proximité de Gaza. Le fantôme daron est malheureusement entré dans le FEW 23, 3b, Concept : manoir. Par conséquent, comme préconisé par Takeshi Matsumura dans le compte rendu de John of Ibelin, Le Livre des Assises, éd. par Peter W. Edbury, Brill, Leiden-Boston, 2003, « l'article de Gdf et l'indication du FEW sont à biffer puisqu'il s'agit d'un nom propre » (RLiR 68, 2004, 584). Dans son ouvrage intitulé Les structures du « Französisches Etymologisches Wörterbuch », Éva Buchi souligne la difficulté à laquelle se heurtent les lexicographes à distinguer dans les textes les appellatifs et les noms propres (ZrPBeih 268, [1996], 300). S'il fallait étayer son propos, nous pourrions citer l'exemple du lexème incriminé ici et plusieurs mots fantômes recensés dans la base, tels andelot, apoligner, chanors, embiaire, fremelin, gurges, lanreuce, mirme et zornée.

Solution :
 le DARON nom de lieu, actuellement Deir al-Balah, près de Gaza
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 2, 423a
daron, subst. masc.
« manoir »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'article daron subst. masc. « manoir » dans Gdf 2, 423a.
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 23, 3b
Concept : L'habitation, la maison - manoir
Rem. : Il conviendrait de biffer la donnée "Afr. daron m. « manoir » AssJer." dans le FEW 23, 3b, Concept : L'habitation, la maison - manoir.
  

2016 : N. Steinfeld, J.-L. Ringenbach ; J.-P. Chauveau, T. Matsumura, G. Roques, May Plouzeau


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