Mots Fantômes
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EMPIQUÉ
900-1330
lemmatisation
Source première :
 Gdf 3, 61b
empiquer, v. a.
« piquer ? »
 

A ceus qui sont empiqué doit on faire tel cautere dou cautere reont (Cyrurgie Albug., ms. de Salis, fo 173d)

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 FEW 8, 460b
*pikkare - piquer - empiquer
 

Afr. empiquer v. a. « causer un empyème à » (hap.)

Justification :
 lemmatisation erronée
texte du milieu du 13e siècle ; ms. du 15e siècle

Gdf 3, 61b enregistre sous empiquer v. a. un exemple isolé, tiré du Traitier de cyrurgie d'Albucassis, cité d'après le manuscrit de Metz 1228 (anc. Salis 78), qui est au nombre des manuscrits messins perdus au cours de la Seconde Guerre Mondiale. Godefroy interprète dubitativement « piquer ? ». C'est grâce au manuscrit de Metz (15e s.) dont s'est servi Godefroy, qu'Albucassis existe dans la lexicographie française. Selon David Trotter, qui a donné l'editio princeps de la traduction française du traité d'Albucasis, laquelle n'a survécu que dans un seul manuscrit, BnF fr. 1318 (anc. 7475), il y avait deux rédactions indépendantes de ce texte, l'une conservée dans le manuscrit de la Bibliothèque Nationale (13e s.), et l'autre renfermée dans le manuscrit de Metz, malheureusement perdue, dont il ne subsiste que des citations très courtes fournies par Godefroy et quelques rares extraits reproduits par Sudhoff (Karl), Beiträge zur Geschichte der Chirurgie im Mittelalter. Graphische und textliche Untersuchungen in mittelalterlichen Handschriften dans Studien zur Geschichte der Medizin 10-12, Leipzig, Johann Ambrosius Barth, 1914-1918 (ChirAlbT, Introduction, 4-5). Cependant, et même en l'absence du manuscrit de Metz, nous affirmons qu'il faut lire non pas empiqué, mais empique adj. et subst. « (celui) qui souffre d'empyème [d'épanchement dans la plèvre]), bien attesté dans les traités de médecine du 13 e au 15e siècle (PlatPractH, [80-81] : empima, empicus/empici, empique ; RecMédEupH, [103 et 105] : empima(te), empici, empic ; cf. AND2 : empic, AND2 : empima ; DMF : empyque ; Secres de Salerne, ms. Modène, GdfC 9, 447b, empyeme). À en juger d'après la très courte citation de Godefroy, l'empyème était traité par cautérisation (au moyen d'un cautère « reont »), ce qui est corroboré par la première traduction française des Aphorismes d'Hippocrate par Martin de Saint-Gille (ca 1362-1365), qui préconise en outre l'incision de l'apostume (AmphYpL 92 et 101 ; AmphYpL2 176). Nous avons constaté qu'il n'y a pas de phrase pouvant correspondre à celle relevée par Godefroy dans ChirAlbT, où le mot empique n'est pas employé. Par conséquent, ce très court extrait du manuscrit de Metz est un exemple probant confortant l'hypothèse selon laquelle le manuscrit messin et le manuscrit de la BnF livrent « un texte sensiblement différent, surtout au niveau du lexique » (ChirAlbT, Introduction, 5). Pour en revenir à Godefroy, il se trompe en interprétant comme un verbe *empiquer le mot figurant dans la séquence ceus qui sont empique (Cyrurgie Albug., ms. de Salis, fo 173d). Il s'agit en fait de l'adjectif ou du substantif empique « (celui) qui souffre d'empyème », comme en témoigne le traité de botanique et de médecine "Secres de Salerne" cité sous empyeme « amas purulent dans une partie du corps » dans GdfC 9, 447b : Ceulx qui sont empiques ou ont empeime, ce sont ceulx qui crachent boe comme de apostume (Secres de Salerne, ms. Modène, Este 28, p. 86). Le fantôme empiquer de Gdf 3, 61b est malencontreusement entré dans le FEW 8, 460b, *pikkare, sous la forme "Afr. empiquer v. a. « causer un empyème à » (hap.)", conformément à la définition préconisée dans les Errata du troisième volume du « Godefroy » (Gdf 8, 356c).

Solution :
 EMPIQUE « (celui) qui souffre d'empyème [d'épanchement dans la plèvre] »
À ajouter FEW 3, 224a, empyema
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 3, 61b
empiquer, v. a.
« piquer ? »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'article empiquer v. a. « piquer ? » dans Gdf 3, 61b et de biffer la correction de la définition "au lieu de : piquer ? Lisez : causer un empyème" préconisée dans les Errata du troisième volume (Gdf 8, 356c). Les attestations d'anglo-normand empima(te) relevées dès le 13e siècle dans PlatPractH et RecMédEupH (cf. AND2) permettent d'enrichir l'article empyeme « amas purulent dans une partie du corps » dans GdfC 9, 447b, où l'on trouve les formes empeime et empique dans une glose explicative tirée des Secres de Salerne, ms. Modène, Este 28 (ca 1470). En outre, les attestations d'anglo-normand empima(te) du 13e siècle mériteraient d'être ajoutées au TLF, empyème, qui reprend GdfC 9, 447b (lire Secres et non Sevres !) et fait ainsi remonter la première apparition du mot au 15e siècle. Quant aux exemples d'empic, empique, en usage dans les traités médicaux du 13e au 15e siècle, ils seraient à classer sous une nouvelle entrée empique adj. ou subst. « (celui) qui souffre d'empyème [d'épanchement dans la plèvre] » dans Gdf 3, 60c.
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 8, 460b
*pikkare - piquer - empiquer
Rem. : Il conviendrait de supprimer la donnée "Afr. empiquer v. a. « causer un empyème à » (hap.)" dans FEW 8, 460b, *pikkare. Les attestations d'anglo-normand empima(te) relevées dès le 13e siècle dans PlatPractH et RecMédEupH (cf. AND2) permettent d'enrichir le FEW 3, 224a, empyema, où l'on trouve le mfr. empeime, relevé dans GdfC 9, 447b, empyeme. Il faudrait aussi y ajouter les formes empic, empique « (celui) qui souffre d'empyème [d'épanchement dans la plèvre] », en usage dans les traités médicaux du 13e au 15e siècle (AND2 : empic ; DMF : empyque ; Traitier de cyrurgie d'Albucassis, ms. de Metz 1228 ; Secres de Salerne, ms. Modène, Este 28).
  

2015 : N. Steinfeld, J.-L. Ringenbach ; G. Roques, M. Plouzeau, T. Matsumura


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