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ESCAUFICHE
900-1330
lexie, définition
Source première :
 Gdf 3, 358a
escaufiche, subst. fém.
« ? »
 

… Et fair[e] au dit portail une ymage de saint Jaques en l'escaufiche (1319-27, Arch. hospit. de Paris, II, 66, Bordier) [BordierHosp]

Justification :
 mélecture due à la confusion des lettres c / t et u / n
1319-27
étude   Les Dialectes belgo-romans volumes 12 à 13, 1955, page 184 : P. 180 : « estaussike » pour estanffike « étanfiche » [cf. « escaufiche » pour estanfiche God.].

Gdf 3, 358a enregistre une attestation unique du substantif féminin escaufiche, relevée dans Les Archives hospitalières de Paris, publiées par (H.) Bordier et (L.) Brièle, Paris, 1877 [BordierHosp]. Godefroy n'a pas su interpréter le mot, d'où un point d'interrogation au lieu d'une définition. Voici le passage relatif aux travaux confiés à des artistes sculpteurs lors de la construction de l'Église de Saint-Jacques-L'Hôpital à Paris au 14e siècle : Raoul de Heudicourt, suz sa taache de faire toute la taille du grand portail et faire oudit portail une ymage de saint Jacques en l'escaufiche et une de madame la royne à genoux d'une part devant lui, et la comtesse d'Artois d'autre et les quatre filles la royne ausi ; faire une table des confreres, faire les tabernacles et les dosses des dictes ymages, faire ou chancel en haut dudit portail une lite d'angelos tout entour (BordierHosp, 2e partie, p. 66 = Mém. Soc. Hist. Paris, 2, [1876], 349). Un peu plus loin, on lit : A Jean de Thermes, pour faire deux angelotz qui sont en l'escaufiche et rendre tout prest. A maistre Pierre Gaudeer, pour tailler les coulombes qui soustiennent l'image de saint Jacques (id., p. 68). Bordier ajoute le commentaire suivant : « L'escaufiche3, membre d'architecture qui désigne ici une place d'honneur, est peut-être la niche saillante où l'on plaçait une statue, les pieds soutenus par une console et la tête surplombée d'un dais ou tabernacle ». Dans la note 3, il précise que « Le Dictionn. d'architecture de M. Viollet-Leduc n'en parle pas, mais mentionne l'escoperche ». Déjà en 1865, dans son article consacré aux statues de Saint-Jacques l'Hôpital au musée de Cluny, Bordier avouait ne pas connaître le mot et proposait de comprendre « place d'honneur », suggéré par le contexte : « le mot escaufiche […] qui désigne un membre d'architecture formant la place d'honneur au portail, n'est expliqué nulle part que je sache. Cependant l'on trouve dans le glossaire de Du Cange les mots eschiffa, eschiffre, eschoppa, schoppa et scopa qui emportent généralement le sens d'une maisonnette en saillie, une guérite, une tourelle en encorbellement. A l'aide de ce rapprochement, on peut croire que l'escaufiche était la niche saillante où l'on plaçait une statue, les pieds soutenus par une console et la tête surplombée d'un dais » (Mém. Soc. Imp. Ant. Fr., t. 28, 3e série, t. 8, [1865], 123). Or, il se trouve qu'en 1868 Viollet-le-Duc fait bel et bien mention du terme, mais sous la forme estanfiche, dans l'article trumeau de son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle : « On donnait aussi à ces trumeaux de portes le nom d'estanfiches » (ViolletArch 9, 315, note 1 ; cf. dès 1851, Bourassé, Dict. d'archéologie sacrée : trumeau, estanfiche. – Pilier symbolique ; Bosc, Dict. raisonné d'architecture., t. 4, 1880 : trumeau […] pilier qui divise en deux les portes d'église et qui soutient le linteau ou le tympan […]. Au XIVe siècle, on nomme ce pilier ou trumeau estanfiche). En effet, dans l'architecture du Moyen Âge, les portes monumentales des églises sont souvent séparées en deux baies par un pilier appelé l'estanfiche dans les documents de l'époque, dans la large feuillure duquel venaient s'engager les verrous horizontaux ou les barres des ventaux de bois. Contre l'estanfiche de l'Église de Saint-Jacques-L'Hôpital était adossée la statue de saint Jacques sculptée par Raoul de Heudicourt, laquelle était placée sur une console dans une haute niche surmontée d'un dais, qui s'élevait jusqu'au haut de la voussure et divisait le tympan en deux parties, où les personnes royales et autres qui avaient concouru à la fondation étaient sculptées dans l'attitude de l'adoration à sa droite et à sa gauche. Le fantôme escaufiche, dont la paternité revient à l'historien archiviste paléographe Henri Bordier [Paris, 1817-1888], à qui son confrère Charles de Beaurepaire emboîta le pas (Devis de 1505 pour les travaux de réédification de l'Église de Saint Herbland de Rouen dans Bull. Comm. Ant. Seine-Maritime 1877, 181 : escafiche / escaufiche), se rencontre parfois encore, ainsi que l'avatar estaussike, dans des travaux publiés au 20e siècle et même à l'aube du 21e siècle (Leblond, L'art et les artistes en Île de France au XVIe siècle, Paris, 1921, p. 76, 177 et 194, trois occurences d'escaufiche au sens de « meneau vertical d'une croisée », cf. Gay : estanfique, DMF : étanfiche et TLF : étanfiche ; Les Dialectes belgo-romans, volumes 12 à 13, 1955, page 184 : " P. 180 : « estaussike » pour estanffike « étanfiche » [« escaufiche » pour estanfiche God.] " ; Reines et princesses au Moyen Âge : actes du Cinquième Colloque international de Montpellier, Université Paul Valéry, 24-27 novembre 1999, Association C.R.I.S.I.M.A. Université Paul Valéry, 2001, vol. 1, p. 445, citation escaufiche et interprétation [siège d'honneur] empruntées à BordierHosp). Par conséquent, l'entrée escaufiche de Gdf est à supprimer et la citation corrigée d'escaufiche en estanfiche, tirée de BordierHosp, permet d'enrichir l'article estanfiche de GdfC, où le sens « pilier ou meneau divisant verticalement une porte ou une fenêtre » n'a pas été dégagé.

Solution :
 ESTANFICHE « pilier ou meneau divisant verticalement une porte ou une fenêtre »
FEW 12, 237b stare I1a
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 3, 358a
escaufiche, subst. fém.
« ? »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée escaufiche dans Gdf 3, 358a et d'ajouter la citation corrigée d'escaufiche en estanfiche, tirée de BordierHosp, à l'article estanfiche de GdfC 9, 558b-c, où le sens « pilier ou meneau divisant verticalement une porte ou une fenêtre » n'a pas été dégagé des exemples datés de 1488 et 1541-2.
  

2018 : N. Steinfeld, J.-L. Ringenbach ; G. Roques, T. Matsumura


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