Gdf 3, 358a enregistre une attestation unique du substantif masculin escaul, relevée dans Perceval ou la Quête du Saint Graal, publié par E. Hucher en 1875, d'après le manuscrit Paris BnF nfr. 4166 (D, anc. Didot) contenant une trilogie comprenant Joseph, Merlin et Perceval, appelée Perceval-Didot [SGraalIIIJosH (1, 209-276), SGraalIIIMerlProphH (1, 277-333), PercDiddH (1, 415-505)]. Godefroy n'a pas su interpréter l'insolite escaul tiré du PercDiddH (1, 444), d'où un point d'interrogation au lieu d'une définition. L'édition W. Roach du Didot Perceval, laquelle fournit une impression parallèle des manuscrits de Modène (E) et de Paris (D), porte au passage correspondant : Et Percevaus li rekeurt sus molt aigrement et le siut si pres que il li fait vuidier estal, et le feri de l'espee parmi le hiaume (PercDidER, [haut de page] 174, 601 = TL) / Et Percevaux li cuert sus mult ireement et le tint si pres qu'il li fait escaul et le feri et de l'espiee enmi la teste parmi li hieaume (PercDidDR [bas de page] 174, 576). Un contrôle effectué sur le ms. Paris BnF nfr. 4166 (D visible sur Gallica) montre clairement que le copiste, qui distingue pourtant les c et les t, a bien écrit à cet endroit escaul, qu'il convient sans doute de corriger en estaul, leçon appuyée par estal du ms. E. La comparaison avec le ms. E (2e m. 13e s.), le plus ancien témoin "extremely correct and careful" d'une version composée vers 1205 (PercDidd/eR, 5), pourrait donner à penser que le copiste de D a commis d'autres fautes de distraction dans la transcription du combat opposant Perceval au chevalier du tombeau. Il se pourrait qu'il ait omis le verbe vuidier et répété la conjonction et. En effet, la locution verbale vuidier estal (cf. TL 3, 1341, 42, avec des expressions similaires) est définie correctement « to decamp, flee » dans le glossaire de l'éd. Roach qui ne concerne que le ms. de Modène. À moins qu'il ne s'agisse de la locution faire estaul a aucun qui signifierait « se mettre en position de défense face à qn », comme tenir/doner/livrer/rendre estal a (cf. TL 3, 1340-41), locutions faites à partir d'estal au sens de « position de combat » (Gdf et TL : estal ; DMF : estal ; FEW 17, 206a). Dans ce cas, il faut supposer, ce qui n'aurait rien d'impossible, un changement de sujet : Et Parceval li cuert sus moult ireement et le tint si pres qu'il (= que l'autre) li fait escaul et (alors Perceval) le feri. L'avatar fantomatique escaul accueilli par le « Godefroy » n'a fort heureusement pas eu d'incidence sur la lexicographie ultérieure. |