Mots Fantômes
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ESTOMENT
1501-1650
lexie
Source première :
 Gdf 3, 619a
estomer, v. a.
« couper »
 

Pource que de jour en jour estoment du bois tant pour nostre navire comme pour nos chasteaux et edifices et que ou temps passé ce qui en a esté prins et emploié esditz chasteaux navires et edifices a esté prins et coppé sans mesure ou ordonnance en dommaigent les forestz en grant lesion et destruction d'icelle (Coust. de France, fo 28 ro, éd. 1517)

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 FEW 22/2, 200a
Concept : bûcheron - abattre un arbre - estomer
 

Mfr. estomer v. a. « abattre (un arbre) » (1517, Gdf)

Justification :
 mélecture liée à une confusion des lettres t/c et m/vi
1517 [éd.]
dictionnaire   DMF, estomer : « L'ordonnance citée est une reprise d'une ordonnance antérieure (Ordonn. rois Fr. S. , t. 6, 1376, 233) ; dans cette dernière on lit : esconvient du bois "il faut du bois", à la place de estoument bois ; le verbe estomer est une mauvaise lecture »

Gdf 3, 619a enregistre une attestation unique du verbe estomer « couper », relevée dans le Grand Coustumier de France et instruction de practique et maniere de proceder et practiquer es souveraines cours de parlement, prevoste et viconte de Paris et aultres jurisdictions du royaulme de France, qui a fait l'objet de nombreuses éditions publiées à Paris de 1514 à 1539. La quatrième édition par Jacques d'Ableiges (d'après le prologue), datée du 17 avril 1517 (Paris, chez Poncet-Lepreux [Bibliothèque de la Sorbonne]), et citée par Godefroy, reproduit ici un extrait du Règlement général pour les Eaux et Forêts, qui fut fait par Charles VI en septembre 1402. Il semblerait que la première impression de cette ordonnance relative au régime forestier se trouve dans l'édition du Grand Coustumier de France […] nouvellement reveu, corrigé, adapté […]. Adjousté oultre la première impression les ordonnances des eaues et forestz contenant LX et XV articles […] par Jacques d'Ableiges (d'après le prologue), Paris, Galliot du Pré, 1515. « Il paroît que l'Editeur l'a fait imprimer sur deux copies collationnées sur deux originaux, ou sur une copie collationnée sur ces deux originaux, dont l'un étoit un cahier en parchemin qui étoit dans la Chambre des Comptes de Bourges : mais ou ces copies n'étoient pas fidelles, ou l'Editeur ne les a pas fait imprimer avec exactitude », explique l'avocat Secousse à propos de cette ordonnance de 1402, dont il n'a pu trouver l'original dans aucun registre public (Ord 8, 521). Il précise qu'une cinquantaine d'articles de l'ordonnance de 1402 sont tirés de deux grandes ordonnances antérieures sur les Eaux et Forêts, l'une donnée à Melun au mois de juillet 1376, et confirmée par des lettres du mois de septembre suivant, l'autre édictée à Vernon le 1er mars 1388, qui répète presque tous les articles de celle de 1376. Il ajoute : « J'indiquerai à la marge des articles de l'ordonnance de 1402, ceux auxquels ils sont conformes, afin qu'on puisse en consulter le texte qui est plus correct parce qu'il a été copié sur des registres publics ». C'est ainsi que Secousse présente le texte entier de l'ordonnance de 1402 en suivant l'exemplaire de 1515 où se lit (article 37) l'insolite estoument (estoment, éd. 1517, Gdf) et en renvoyant aux ordonnances précitées (Ord 8, 528). Aux articles correspondants (39, 37), les ordonnances de 1376 et 1388 portent : esconvient / convient (Ord 6, 233 « il convient, on a besoin » = Isamb 5, 466 ; Ord 7, 776). Comme le fait remarquer, à juste titre, Pierre Cromer dans l'article estomer du DMF, il s'avère que la forme esto(/u)ment, qui se trouve dans l'édition la plus ancienne (1515) du règlement général relatif au régime forestier promulgué en 1402, est le résultat d'une mélecture commise sur esconvient, à la suite de la confusion des lettres t/c et m/vi. Cet avatar fantomatique a été imprimé plus d'une fois dans des recueils d'ordonnances sur les Eaux et Forêts (Rousseau, Edicts et ordonnances, arrests et reglemens des eauës et forests, Paris, 1649, 48 : estoument ; Isamb 7, 29 : estoument ; Laboulaye/Dareste, Le grand coutumier de France, par Jacques d'Ableiges, Paris, 1868, 142 : estoment). Le Règlement général pour les Eaux et Forêts donné par Charles V à Paris en septembre 1376, trouvé par Secousse dans le Mémorial D. de la Chambre des Comptes de Paris (Ord 6, 222), ainsi que celui de 1388 qui a fait partie du Mémorial E. de la Chambre des Comptes de Paris (détruit dans l'incendie de cette Chambre) et qui figure dans un registre conservé au greffe de la Juridiction des Eaux et Forêts à Paris (Ord 7, 770) offrent les leçons esconvient du bois / convient du bois « il faut du bois », qui font sens (Gdf, covenir et esconvenir ; TL, covenir et escovenir ; DMF : convenir, DMF : esconvenir ; FEW 2, 1128a). Malheureusement le fantôme estomer « abattre (un arbre) » s'est glissé parmi les matériaux d'origine inconnue ou incertaine du FEW 22/2, 200a, qui contient les termes des métiers et professions (bûcheron).

Solution :
 ESCO(N)VIENT ; lemme : ESCOVENIR
FEW 2, 1128a, convenire I 4
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 3, 619a
estomer, v. a.
« couper »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée estomer v. a. « couper » dans Gdf 3, 619a. L'attestation corrigée du verbe impersonnel esconvient « il faut », relevée dans une ordonnance de 1402, imprimée dans le Grand Coustumier de France, édité en 1517, serait à ajouter aux nombreux exemples du 12e au 16e s. cités dans l'article esconvenir, escovenir, escouvenir de Gdf 3, 422.
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 22/2, 200a
Concept : bûcheron - abattre un arbre - estomer
Rem. : Il conviendrait de supprimer la donnée "Mfr. estomer v. a. « abattre (un arbre) » (1517, Gdf)" dans le FEW 22/2, 200a, Concept : bûcheron.
  

2015 : N. Steinfeld, J.-L. Ringenbach ; T. Matsumura, G. Roques


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