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FARANEMENT
1331-1500
lexie, définition
Source première :
 Gdf 3, 721b
faranement, subst. masc.
« ? »
 

La dicte fenestre sera a cinq meneaulx et a traeze souffletz garny de leurs cornetz a deux empes et deux ravalementz garny de ses tablettes. Et sera le faranement ouvré comme requis est, et commancera la veue d'icelle au pié de l'escusson estant en l'arc de Alain Kmarant (27 fév. 1500, Devis, S. Melaine, Morlaix, Arch. Finist.)

Justification :
 mélecture
1500 [27 février]
étude   Mémoires de la Société d'Agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, vol. 122, p. 354, note 211 : Le mot fourmement désigne la partie en pierre d'une fenêtre.

Gdf 3, 721b enregistre une attestation unique du substantif masculin faranement, relevé dans un devis daté du 27 février 1500 provenant des Archives du Finistère. Godefroy n'a pas su interpréter le mot, d'où un point d'interrogation à la place d'une définition. Dans le devis du 27 février 1500 « de faire le pignon susain de l'église parochielle de sainct Melaine, à Mourlaix, o les fenestre et voulte y estante est de la fourme que ensuict », on lit : Ladite fenestre sera a cinq meneaulx et à traeze souffletz garny de leurs cornetz à deux empes et deux ravalementz, garny de ses tablettes. Et sera le formement oupvré comme requis est, et commencera la veue d'icelle au pié de l'escusson estant en l'arc de Alain Le Marant. Les jambaiges desdites fenestre et voulte seront oupvrés à chaffrant fourché (R. F. Le Men, Monographie de la cathédrale de Quimper, XIIIe- XVe siècle, Quimper, Jacob, 1877, p. 272). Or, le terme fourmement se rencontre très souvent au Moyen Âge dans les registres comptables recensant les dépenses occasionnées par la réparation ou la construction d'édifices religieux. Il apparaît toujours dans un contexte de fenêtrage gothique et s'applique à la bordure en pierre d'une baie ogivale ou cintrée : (1473, travaux de maçonnerie réalisés à l'église de Grandmont-lès-Rouen) deux huisseries voultées de pierre de taille par dehors, par dedens quatre fenestres et deux costes toutes rondes sans maingnel, voultées de pierre de taille, une fenestre sur un maingnel faicte en fourmement, bien et gentement taillée et voultee par dehors et par dedens de pierre de taille (Recueil des travaux de la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres de l'Eure, 3e série, t. 8, années 1862-1863, juillet 1863, p. 757) / led. maistre Jehan Compte avoit marchandé aud. Coustier marguillier et promis de faire et parfaire à ses despens des fondz de baptesme en l'eglise dud. Ambonnay avec ung fourmement de verrieres a ung megneau pour esclarrer sur lesdictz fonz (Mémoires de la société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, vol. 122, 2007, p. 354) / (1516, Marché pour la victre sainct Nicholas de Craon) Rolant Lagout, alias le Picart, vitrier […] pour faire la grant vitre de dessus le grant aultier de l'eglise de sainct Nicholas de Cran, a laquelle vitre est tenu faire Nostre Dame de Pitié avecques sainct Jehan l'Evangeliste, la teste de Nostre Seigneur, la Magdelaine aux pieds, Marie Jacobe et Marie Salome, ainsi que l'istoire le requiert. Et sera tenu faire au bas de ladicte vitre la representacion de Monseigneur et Madame, et faire presenter mondit seigneur par sainct Loys et saincte Catherine, et pour madicte dame sainte Anne et sainct Gabriel, bien et honnestement et de bonnes couleurs, ainsi qu'il appartient. Et au fourmement de ladicte vitre sera tenu de faire Dieu le Père, et des anges portant le mistaire de la Passion (Bibliothèque de l'École des Chartes, dix-neuvième année, t. 4, 4e série, Paris, 1858, p. 94 ; cf. Gdf, formement « action de former, formation » [interprétation erronée]) / (Compte de 1521) De Jehan Boette, pour avoir fait restoupper de plastre le fourmement de sa verrière (E. de La Quérière, Saint-André-de-la-Ville, église paroissiale de Rouen, Rouen/Paris, 1862, p. 18, note 4). Dans les textes médiévaux, fo(u)rmement est le synonyme de fo(u)rme, tous les deux désignent « der (spitzbogige) Rahmen des Fensters », l'encadrement (ogival) de la fenêtre, que les textes documentaires distinguent toujours de la « verriere / vitre », la fenêtre proprement dite divisée par un meneau (maignel) en deux parties juxtaposées (VillHonH2, 56 ; cf. Gay, forme [déf. inexacte : « grande fenêtre ogivale ou cintrée »] et verrières ; Gdf, forme1 [déf. inexacte : « grande fenêtre »]. En effet, le mot forme est attesté dès le 13e siècle chez l'architecte Villard de Honnecourt ainsi que dans le devis établi pour la reconstruction de l'église des Cordeliers de Provins, daté de mars 1283 (nouv. style 1284) : Ves ci une des formes de Rains des espases de le nef teles com eles sunt entre .ij. pilers (VillHonH2, 56) / Et sera li anivellement de toutes les formes de taille, à saillie d'enchapement par defors. Et seront li pilers de toutte la massonnerie et li auges de taille ; et aura en cha[s]cun pe[n]el de cel point roont une forme en maignel de taille ; […] et seront ycelles formes dou chevez plus longue[s] deux piez que celles de la nef ; […] Et toutes les formes que l'an fera nouvelles seront dou lyais de Paris, fors que les jambes et les vossures qui seront de la pierre de Provins (Ancien devis, dans Bulletin Monumental, 1897, 240). Il s'avère donc que la forme faranement est un avatar fantomatique dû à une mélecture. Pour finir, nous faisons remarquer que le devis de 1283 cité ci-dessus contient le mot anivellement « action de rendre horizontal », qui n'est signalé nulle part dans la lexicographie historique. À noter que l'unique attestation du verbe aniveller « mesurer avec le niveau » remonte à Cotgrave 1611, cité par Gdf et repris par FEW 5, 295a, libella.
Voir forniement

Solution :
 FORMEMENT « encadrement en pierre d'une fenêtre »
À ajouter FEW 3, 717a, formare 1
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 3, 721b
faranement, subst. masc.
« ? »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée faranement subst. masc « ? » dans Gdf 3, 721b. En ce qui concerne la citation corrigée de formement, extraite du Devis de l'église parochielle de sainct Melaine, à Mourlaix (1500), elle irait enrichir Gdf 4, 84a, formement1 « action de former, formation », qui cite un exemple de 1516 emprunté au texte du Marché pour la victre Sainct Nicholas de Craon, illustrant en réalité, lui aussi, le sens technique d'« encadrement en pierre d'une fenêtre », non dégagé par ce dictionnaire. On corrigerait de même le FEW 3, 717a, formare, qui se contente de reprendre Godefroy, tout comme Huguet, fourmement. En outre, dans l'article forme 1 (Gdf 4, 83b), il faudrait amender la définition « grande fenêtre » en « encadrement en pierre d'une fenêtre » et on pourrait y ajouter une deuxième occurrence du 13e siècle, celle trouvée dans l'Ancien devis (1284). Par conséquent, on corrigerait le FEW 3, 714b forma II 4. Fenster u. ä. – Afr. mfr. forme « encadrement en pierre d'une fenêtre » (13. — 15. jh., Gdf ; VillHonH2 ; 1284, Ancien devis, dans Bulletin Monumental, 1897, 240 ; Gay ; Fagn), ainsi que TL, forme « großes Fenster », qui renvoie à Gdf et au FEW. Pour finir, on antédaterait le FEW 6/1, 580b, medianus I 1 a η (et le TLF, meneau : mfr. mayneaulx 1398) comme suit : Afr. maignel « montant ou traverse de pierre qui partage l'ouverture d'une croisée » (1284, Ancien devis, dans Bulletin Monumental, 1897, 240). Les termes d'architecture forme, formement et maingnel permettent d'enrichir la nomenclature du DMF.
  

2015 : N. Steinfeld, J.-L. Ringenbach ; G. Roques, T. Matsumura, M. Plouzeau


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