Le DMF 2015 enregistre le verbe forcuidier que « avoir la présomption de, l'outrecuidance que », relevé dans les Œuvres complètes de Eustache Deschamps, publiées par P. A. de Queux de Saint-Hilaire et G. Raynaud, Paris (Firmin Didot) 1878-1903. Dans le texte de la fable "Le lion et les fourmis", on constate que de Queux de Saint-Hilaire a corrigé en forcuider la leçon littérale forcuideur du ms. BnF fr. 840 [Paris, après 1406] (DeschQ, 1, 288/20, n° 1). Un contrôle effectué sur le manuscrit en question, montre qu'il est incontestable que le scribe a écrit (f° 35 r° a) sorcuideur « présomptueux », ce qu'a lu La Curne (9, 473b), qui cite le ms. BnF fr. 840 par le biais de la copie Ars. 3291-3293, faite pour lui (Liste des ouvrages préparés ou composés par La Curne de Sainte-Palaye, II. – Manuscrits et copies conservés à la Bibliothèque de l'Arsenal, p. 27, 85). Godefroy, peut-être influencé par l'édition de Deschamps, n'a pas osé suivre La Curne étant donné qu'il enregistre sorcuideur, voir sourcuideur (Gdf 7, 479c), alors qu'il n'a pas d'article sourcuideur (Ø Gdf 7, 525b). Quant à l'attestation isolée de soi forquidier « montrer de l'outrecuidance », tirée du fabliau du Vallet qui d'Aise a Malaise se met (TL ; NoomenFabl 100/14), conservé dans le seul manuscrit Paris, BnF fr. 12603 (visible sur Gallica), lequel offre une copie du texte qui est « loin d'être impeccable » (NoomenFabl 8, 321 et 392/51-4), il n'est pas impossible qu'il s'agisse d'une faute de plume pour sorquidier, répandu en ancien et moyen français au sens « être arrogant » (Gdf ; TL ; DMF : surcuider ; FEW 2, 840b). Que faire maintenant de sorcuideur ? La solution du DMF, dans un autre article fantôme forcuideur subst. fém. « outrecuidance, arrogance » dans le syntagme avoir forcuideur que « avoir la présomption de, l'outrecuidance que » : Pour ce ne doit nulz avoir grant maniere Ne forcuider [forcuideur] que il soit trop puissant (Desch., Œuvres Q., t.1, c. 1370-1407, 288), qui amènerait à poser avoir sorcuideur que « avoir la présomption de, l'outrecuidance que » manque d'appui. On peut essayer de supposer une rupture de construction du type ne doit nulz avoir grant maniere Ne [estre] sorcuideur que, en considérant sorcuideur subst. masc. comme un composé de cuideur « celui qui se fait des illusions ; présomptueux », mot qu'utilise d'ailleurs Deschamps (cf. Gdf, cuideor ; TL, cuidëor ; FEW 2, 839b/840a ; DMF : cuideur). Sinon, on se résignera à corriger le texte en avoir grant maniere Ne sorcuidier que, en posant avoir sorcuidier que « avoir la présomption de, l'outrecuidance que » avec un emploi de sorcuidier comme infinitif substantivé au sens de « présomption » (FEW 2, 840b ; DMF : surcuider IV). Il se trouve que Deschamps emploie à plusieurs reprises l'infinitif substantivé cuidier avec cette valeur. Voir forcuideur |