Mots Fantômes
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FORNIEMENT
1331-1500
lexie
Source première :
 Gdf 4, 90c
forniement3 - fourniement, subst. masc.
« terme d'architecture, arc de voûte qui retombe sur les mêmes piliers »
 

Lesquelz pilliers toureaulx ne sount point contreboutes de leurs bendes et fourniemens devers leur croysié (23 janv. 1440, Rapp. de Sim. Le Noir, Arch. Seine-Inf.)

Justification :
 mélecture liée à un problème de jambages
23 janvier 1441 (nouv. style)
étude   Bulletin monumental 85, (1926), 309-310 : On remarquera que nous nous sommes écartés de la transcription de Quicherat pour un mot fort important qui revient deux fois dans le texte : nous avons lu fourmeemens au lieu de fournieemens.

Gdf 4, 90c enregistre une attestation unique du terme d'architecture forniement3 « arc de voûte qui retombe sur les mêmes piliers », relevé dans le rapport de Simon Le Noir daté du 23 janvier 1440 (1441, nouv. style) provenant des Archives de la Seine-Maritime. Il se trouve que ce texte est cité par André Masson, dans un article consacré au « Bouclement des piliers de la croisée à Saint-Ouen de Rouen en 1441 », paru en 1926 dans le Bulletin monumental 85. L'auteur explique que le rapport des maîtres-maçons, réunis par le nouveau maître de l'œuvre Colin de Berneval, signale à l'abbé de Saint-Ouen que l'édifice est dans un état alarmant. Sous le poids de la tour centrale, les quatre piliers formant les supports de la tour au milieu du transept « bouclent », font ventre en dehors au niveau de la claire-voie. Le danger vient de ce que les pilliers touraulx ne sount point contreboutés de leurs bendes et fourmeemens devers leur croysie ; par quoy les pilliers bouglent en iceulx endrois et sount mout redoutables ; quer s'il advenoit que les diz pilliers ou lez grans ars doubliaux laçassent tant fut peu, l'église esquerroit en ung tel meschief que la tour querroit, et le ceur la seivroit tout en ung tas (Bulletin monumental 85, 308-309). Le moyen d'y remédier est de faire lez bendes et fourmemens de la croysie, ainsy come l'en a coumenchié, pour tenir en seurreté lez pilliers touraulx, et ars doubliaux, et pilliers estrayers fermés les ungz aveuc les autres (Id., 309). Or, ce texte avait été publié en 1852 par Quicherat dans un article intitulé « Documents inédits sur la construction de Saint-Ouen de Rouen », publié dans la Bibliothèque de l'École des Chartes, 3e série, t. 3, p. 464-476. Il précise que le document lui a été obligeamment communiqué par Léopold Delisle, qui l'avait copié sur l'original conservé aux Archives de la Seine-Inférieure. Masson fait remarquer qu'il s'est écarté de la transcription de Quicherat pour un mot fort important qui revient deux fois dans le texte : pour sa part, il a lu fourmeemens au lieu de fournieemens. « Si l'on se reporte au document original ou à la photographie publiée par M. de Beaurepaire, on constate que les quatre premières lettres de ce mot, four, sont suivies de trois jambages égaux, sans ponctuation. On peut donc lire indifféremment m, ni, vi, ui, etc., puisque la ponctuation de l'i était facultative au XVe siècle et que, dans ce texte même, le scribe a mis un point sur l'i d'eschiver et opinion et l'a négligé sur celui d'advenir, magnière, janvier. Ce qui nous oblige à lire fourmeemens au lieu de fournieemens, c'est que la courte analyse, d'une écriture du XVe siècle, ajoutée au dos du texte, remplace ce mot par fourmez : Descharge pour le maistre de l'œuvre, pour faire faire lez pillers touraux et lez bendes des fourmez que ont rapourté lez maistrez des ouvres de Rouen, maistre Alixandre de Berneval, maistre Johanson et plusieurs autres (Bulletin monumental 85, 310) ». Masson ajoute que fourme et fourmement sont deux synonymes que l'on trouve très souvent dans les textes du Moyen Âge, où ils s'appliquent toujours à des fenêtres ou à des claires-voies. En revanche, il affirme n'avoir rencontré nulle part le mot fourniement dans le sens d'« arc de voûte qui retombe sur les mêmes piliers » que lui prête Quicherat et qui sera adopté par Godefroy. Selon Masson, l'inachèvement des « bendes et fourmemens » des parties hautes du transept, avait provoqué des déformations des piliers de la croisée, en les privant, aux trois quarts de leur hauteur, d'un point d'appui indispensable. Il fallait donc à tout prix, suivant les termes de la conclusion du rapport de Simon Le Noir, consolider immédiatement le transept de manière à ce que les piliers touraux, qui déversaient vers l'extérieur, fussent renforcés par des constructions transversales et latérales de maçonnerie (bendes et fourmemens) soutenant l'arcature de la claire-voie et l'assise des fenêtres hautes, formant ainsi de véritables étrésillons indispensables pour contrebuter efficacement la poussée de la tour centrale. Nous avons constaté que le terme d'architecture formement, désignant l'encadrement en pierre d'une fenêtre, a donné lieu à des mélectures diverses (voir ici fantôme faranement). À la citation de fourniement du « Godefroy » s'ajoute celle relevée, par deux fois, dans un document de 1553, tiré de l'Inventaire sommaire des Archives départementales de l'Orne antérieures à 1790, établi par Louis François Marie Duval en 1899 : Maçonnerie. […] payé à Louys May, pour avoir rassis le fourniement de la vistre du revestiaire à l'église de ceste maison, lequel fourniement defuncte Madame, à qui Dieu pardonne, avoit fait oster pour entrer en la dite église (Archives ecclésiastiques, série H, vol. 3 à 4, p. 197). Malheureusement, le fantôme forniement « arc, voûte » de Gdf est entré dans le DMF !
Voir faranement

Solution :
 FOURMEMENT « encadrement en pierre d'une fenêtre »
À ajouter FEW 3, 717a, formare 1
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 4, 90c
forniement3 - fourniement
« terme d'architecture, arc de voûte qui retombe sur les mêmes piliers »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée forniement3 dans Gdf 4, 90c et on procèderait de même pour le DMF : forniement. En ce qui concerne la citation corrigée de fourmement, extraite du rapport de Simon Le Noir daté du 23 janvier 1440 (1441, nouv. style) provenant des Archives de la Seine-Inférieure, elle irait enrichir Gdf 4, 84a, formement1 « action de former, formation », qui cite un exemple de 1516 emprunté au texte du Marché pour la victre Sainct Nicholas de Craon, illustrant en réalité, lui aussi, le sens technique d'« encadrement en pierre d'une fenêtre », non dégagé par ce dictionnaire. À ces deux exemples, on pourrait ajouter la citation corrigée de formement, extraite du Devis de l'église parochielle de sainct Melaine, à Mourlaix (voir ici fantôme faranement). On corrigerait de même le FEW 3, 717a, formare, qui se contente de reprendre Godefroy. En outre, dans l'article forme 1 (Gdf 4, 83b), il faudrait amender la définition « grande fenêtre » en « encadrement en pierre d'une fenêtre » et on pourrait y ajouter une deuxième attestation du 13e siècle, celle trouvée dans l'Ancien devis de 1284 (Bulletin Monumental, 62, 7e série, t. 2, Paris/Caen 1897, 240). Par conséquent, on corrigerait le FEW 3, 714b forma II 4. Fenster u. ä. – Afr. mfr. forme « encadrement en pierre d'une fenêtre » (13. — 15. jh., Gdf ; VillHonH2 ; 1284, Ancien devis, dans Bulletin Monumental, 1897, 240 ; Gay ; Fagn), ainsi que TL, forme « großes Fenster », qui renvoie à Gdf et au FEW. Les termes d'architecture forme et formement manquent dans le DMF.
  

2015 : N. Steinfeld ; G. Roques, T. Matsumura


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