Mots Fantômes
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FOUER
1331-1500
lexie, définition
Source première :
 Du Cange
fœuare
« a veteri Gallico, fouer, querneo pulvere coria inficere, quod in fossa id fiat, sic dictum : nam, ut supra observavi in voce foallia, fouaige, nostris idem quod fossio, et foueur, quod fossor »
 

Quod dicti tagnatores coria, per alios empta, ... tagnare pro justo pretio tenebuntur, coriaque sua bene et utiliter tagnata et fœuata vendere tenebuntur (Arest. ann.1354. 9. Aug. in vol. 4. arestor. parlam. Paris)

 

Fust ... ordené par arrest yceulx tanneurs estre tenuz des lors en avant de vendre leurs cuirs bien et profitablement fouez ; lequel feuage, etc. [Leg. fouage. Vide infra fouagium2 (Stat. ann. 1370, tom. 5, Ordinat. reg. Franc. pag. 315)
REM : Dans le Glossaire français extrait de Du Cange par Dom P. Carpentier, qui fait suite au Glossarium mediae et infimae latinitatis, on trouve fouer, glosé « mettre le cuir dans la fosse au tan » avec un renvoi au Glossaire latin, s.v. fœuare. L'entrée fœuare, marquée d'un astérisque à huit rayons, est signalée comme provenant du Supplément de Dom P. Carpentier, qui date de 1766.

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 La Curne
fouer
« mettre le cuir dans la fosse au tan »
 

Ordené par arrest yceulx tanneurs estre tenuz, dès lors en avant, de vendre leurs cuirs bien et profitablement fouez (Ord. V, 315)

Source secondaire :
 Gdf 4, 110b
fouer1, v. a.
« Act., mettre le cuir dans la fosse au tan »
 

A esté adjosté sur le fait dudit mestier, lesdis cuirs estre bien et profitablement fouez, quand il seront mis en vente (Reglem. pour le mest. des tann. de la ville de Troyes, Ord., V, 315)
REM : Cette citation forme la troisième subdivision de l'article fouer1. Les deux premières illustrent par des exemples du 15e siècle le sens de « creuser », la quatrième celui de « fouler ».

Justification :
 mélecture liée à la confusion f / s long
1370

À la suite de Du Cange (fœuare) et de La Curne (fouer), Gdf 4, 110b enregistre une attestation unique du verbe fouer « mettre le cuir dans la fosse au tan », tirée du Reglement pour le mestier des tanneurs de la ville de Troyes, contenu dans les Ordonnances des roys de France de la troisième race, recueillies par M. Secousse, 1736, t. 5, p. 315. La définition proposée par Godefroy est reprise de La Curne, fouer, qui répète le Glossaire français extrait de Du Cange par Dom P. Carpentier, qui fait suite au Glossarium mediae et infimae latinitatis, où l'on trouve fouer, glosé « mettre le cuir dans la fosse au tan » avec un renvoi au Glossaire latin, s.v. fœuare. Comme l'indique très justement GdfC 10, 717a, suage2 « action d'enduire de suif, de graisse », il faut, dans ce texte règlementaire, corriger fo(/e)uage en so(/e)uage (voir ici fantôme fouage, feuage), mais aussi fouez en souez, dérivés du verbe siever « enduire de suif » (FEW 11, 359b, sebum). Il s'avère que Secousse, « ancien avocat au Parlement, et associé à l'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres », a commis plusieurs mélectures lors de la transcription de ce document extrait du Trésor des chartes, Registre 100, Pièce 658, en confondant à maintes reprises f / s long dans des mots appartenant à la famille de suif « graisse fondue des animaux ruminants », tels fouez (2 x), fouer (2 x), fouage (1 x), feuer (1 x, page 316), feuage (2 x), qu'il faut lire respectivement souez, souer, souage, seuer et seuage (cf. DMF : fouer1, REM.). Dans une note explicative qui accompagne ce texte règlementaire, il donne à entendre que ces mots l'ont embarrassé : « Fouez, lequel feuage. On ne trouve point ces mots dans le Dictionnaire du commerce de Savari, qui aux mots, Tanneur et Corroyeur, a donné un grand détail des differentes preparations des Cuirs. Peut-être s'agit-il ici de celle dans laquelle on fait flamber le Cuir sur le feu, et de laquelle Savary parle au mot, Cuir, tom. 1, p. 1628 » (Ord, 5, 315, [b]). Or, dans l'article cuir de SavBr 1748, on apprend qu'après avoir flambé le cuir sur le feu, on l'imbibait, au moyen d'une éponge de laine, de suif chaud fondu dans une chaudière (792-793), cet apprêt corroborant la leçon souer « enduire de suif, de graisse ». On constate que la famille sebum a été assez prolifique en fantômes, générés par une mélecture banale liée notamment à la confusion f / s long (voir ici fantômes fouage, feuage ; fienner, fienneur).

Solution :
 SOUER « enduire de suif, de graisse »
À ajouter FEW 11, 359b sebum I
Voir fouage, feuage, fienner, fienneur
Correction des sources :
 Source à corriger :
  correction, déplacement-S, ajout de forme
Gdf 4, 110b
fouer1, v. a.
« mettre le cuir dans la fosse au tan »
Rem. : Il conviendrait de corriger fouer en souer dans la citation de 1370 extraite du Reglement pour le mestier des tanneurs de la ville de Troyes formant la troisième subdivision de l'article fouer1, introduite par la définition « Act., mettre le cuir dans la fosse au tan », et d'ajouter cette forme à GdfC 10, 673c, s.v. siever, qui propose de corriger fienner « enduire de fiente » donné dans Gdf 3, 787a en sieuver « enduire de suif », de reporter l'exemple corrigé ici, et enfin de supprimer l'article fienner du dictionnaire (voir ici mot fantôme fienner). En outre, il conviendrait de fondre les deux articles siever « mod. suiffer et suiver, v. a. enduire de suif » (GdfC 10, 673c) et suiffer v. a. « enduire de suif » (GdfC 10, 725c-726a), sous une seule entrée dans GdfC 10, 673c, siever, sieuver, suever, souver, suifver « enduire de suif ». Nous faisons remarquer que le Reglement pour le mestier des tanneurs de la ville de Troyes contient trois occurrences de l'infinitif substantivé fouer / feuer (à corriger en souer et seuer). Les exemples du verbe souer « enduire de suif » et de l'infinitif substantivé souer / suer « action d'enduire de suif », relevés en 1370 dans le Reglement pour le mestier des tanneurs de la ville de Troyes permettent d'enrichir le FEW 11, 359b, sebum.
  

2015 : N. Steinfeld ; J.-P. Chauveau, G. Roques, T. Matsumura, M. Plouzeau


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