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MERLEE
900-1330
lemmatisation, définition
Source première :
 Gdf 5, 261a
merlee1, subst. fém.
« créneau »
 

Quant veneient es granz merlees, Ilec montouent les archier, Li serjant et li chevalier, Por lancier a lor ennemis (Guill., Best. div., 2987, Hippeau) [BestGuillH]

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 
merulus - merlos - merlee
 

Afr. merlee f. « créneau » BestG

Justification :
 interprétation erronée due à une mauvaise étymologisation
1211
étude   Gilles Roques, Compte rendu de Pierre Sala, Tristan et Lancelot, éd. Francesco Benozzo, in RLiR 67, 2003, pages 293-294 : Mais sutout le mot (merle) est relevé, sous la forme merlos, à Lyon au 14e s., alors que le provencal connaît merle et merlet (cf. FEW 6, 2, 38b, où l'on retirera le dérivé merlee BestG (en Normandie !), qui n'est qu'une forme de meslee).

Gdf 5, 261a, suivi par FEW 6/2, 38b, enregistre une attestation unique du substantif féminin merlee « créneau », relevée dans le Bestiaire divin de Guillaume, clerc de Normandie, publié par C. Hippeau à Caen en 1852 [BestGuillH]. La définition de Godefroy s'inspire de la note de l'éditeur, qui explique : « Près des murailles crénelées ; ital. merlo, créneau » (p. 291, n. 5). Au passage correspondant, l'édition de Reinsch porte mellee, bien attesté en ancien français au sens de « combat, bataille » (Gdf, meslee, mellee, merlee, etc. ; TL, meslee, merlee, mellee, medlee) : (l'olifant) En bataille est mult covenable : Iloeques a mester mult grant. Li Yndien et li Persant, Quant il venent en granz estors, Soelent desus charger granz tors De fustz dolez ben quernelees. Quant il venent en granz mellees, Iloeques montent li archer, Li sergant e li chevaler, Por lancer a lor enemis (BestGuillR, 3186). L'apparat critique signale que le manuscrit de base BL Egerton 613 (agn. mil. 13e s., [A]) porte mellez, les mss. CE : meslees et D : mellees. Le manuscrit BnF fr. 1444 (pic. mérid. fin 13e s., [F]), visible sur Gallica, contient mellees au f° 255 r°. Quant au manuscrit de base de l'édition Hippeau, ms BnF fr. 25408 (agn. 1267, [I]), consultable sur Gallica, il offre la forme merlees, où l'on observe le passage de s devant [l] à la sifflante sonore [z], puis à δ (> d en agn., cf. AND2 : medlee), qui aboutit à [r] apical en picard. Ce phénomène de rhotacisme est assez fréquent dans le Nord (voir GossenGramm, 107, § 50). Le sens « combat, bataille » convient parfaitement au contexte, où merlees apparaît en collocation avec l'adjectif grand et le verbe venir en/à, assez répandue dans les textes de l'époque (cf. TL, meslee). De plus, le vers où figure merlées (BestGuillR, 3186) est la répétition presque mot à mot d'un vers précédent (BestGuillR, 3183), avec substitution d'un terme synonyme d'estor « combat, bataille » (Gdf ; TL ; FEW 17, 266b). En 2003, Gilles Roques avait signalé que merlee, relevé dans BestG, n'avait rien à voir avec l'ancien lyonnais merlos pl. « créneaux » (FEW 6/2, 38b) et n'était en réalité qu'une forme de meslee (RLiR 67, 294).

Solution :
 MERLEE, var. meslee, mellee « combat, bataille »
FEW 6/2, 164a misculare I 2 a
Correction des sources :
 Source à corriger :
  déplacement-S
Gdf 5, 261a
merlee1, subst. fém.
« créneau »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée merlee1 subst. fém. « créneau » dans Gdf 5, 261a. L'exemple de la forme merlee relevée dans BestGuillH et mal interprétée à la suite d'une mauvaise étymologisation, serait à insérer dans l'article meslee de Gdf 5, 287b-c, sous la définition « combat, bataille, querelle ; sens conservé », où se trouvent de nombreuses citations attestant de l'existence de la variante merlee dans les dialectes du Nord.
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 6/2, 38b
merulus - merlos - merlee
Rem. : Il conviendrait de supprimer la donnée "Afr. merlee f. « créneau » BestG" dans FEW 6/2, 38b, merulus, ce classement étant aussi impossible pour des raisons géographiques. Il faudrait ranger la forme merlee, tirée du BestG, dans FEW 6/2, 164a, misculare, où cette variante de meslee, fréquente dans le Nord, n'a pas été enregistrée. En passant, nous signalons que l'erreur du FEW aurait sans doute pu être évitée grâce à la consultation du dictionnaire de La Curne, qui a accueilli l'adjectif merlé « grisonnant », analysé très justement comme une variante de meslé, par rhotacisme, et le substantif merlée, glosé avec pertinence « mêlée », illustré judicieusement par cet extrait des Ordonnances des Roys de France de la troisième race : Tançons, merlées (Ord 3, 578).
  

2015 : Gilles Roques ; J.-P. Chauveau, T. Matsumura, N. Steinfeld


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