FEW 8, 247b, perire, enregistre la forme periceus « dangereux », relevée dans le glossaire de l'édition de La vie de Saint Remi, poème du XIIIe siècle par Richier, publiée par W.-N. Bolderston, Londres (Frowde) – Oxford (Univ. Press), 1912. Dans le glossaire de SRemiB, figurent les indications suivantes : « Periceus 199, dangereux. Preeceus 1172 ». Voici les deux passages concernés : Fu quars li arcevesques Giles Qui vit periceus le clergié, e li sambla et si chergié D'un grant escrit que fait avoient Cil qui la vérité savoient De s. Rémi et des biensfais Que Dieus avoit por s'ammor fais, Qui resoigniés estoit a lire. S'en fist sostraire et fors eslire Le mieus Giles, et abregier Le livre por ceus alegier Qui tant a lire resoingnoient (SRemiB 199) / A tous estoit apareilliés Ne periceus [par corr. du ms de base qui a preeceus, forme acceptable aussi] ne traveilliés, A conseillier tous besoingneus. Au povre n'estoit desdeingneus (SRemiB 1172). Par ailleurs, on rencontre la forme periceusement dans ce poème qui présente certaines particularités champenoises : Des escrits dou Viez Testament Par ce que periceusement Et envis Juïs les userent, Les despistrent et refuserent (SRemiB 388). Dès 1913, dans son compte rendu de SRemiB, E. S. Sheldon signalait que le vers 199 avait été mal compris : The glossary defines Periceus as périlleux; in this and the other passages referred to it is the modern paresseux. (Romanic Review 4, [1913], 385). Cette rectification de Sheldon est passée inaperçue de Wartburg, qui a rangé l'adjectif periceus, interprèté « dangereux », sous l'étymon perire « mourir ». Sur la foi du FEW 8, 247b, perire, le DMF, qui a omis de consulter l'article pereços, pareços, periços, preços adj. « träg, feig » de TL, engrange, à son tour, le lexème periceux, adj. « dangereux », illustré par deux citations tirées d'un bestiaire héraldique du 15e siècle : il [l'ours] laisse le premier et se prent au second, et se le tiers le touche il laisse les deulx et se prent au tiers et est beste tres pericheuse et hardie comme dit Aristote eu VI.e de son bestiaire (ca 1435-1450, Best. hérald., ZRP 108, [1992], 470) / Le huen est ung oysel mont chargié de plumes et mont periceulx tous iours demourant en cauernes et en lieux ombrages, de nuyt volant et querant sa praye et de nuyt est plus fort qu'il n'est de iour si comme dit Aristote en son VIII.e liure (id., ibid., 486). Les éditeurs Luuk Houwen et Penny Eley expliquent que l'ours est décrit comme « paresseux » parce qu'il hiberne (page 470, note 25) et le huan parce qu'il passe sa journée dans des cavernes, en raison de la faiblesse de sa vision diurne (page 486, note72). L'ignorance de leurs commentaires pertinents peut expliquer la persistance de l'erreur du glossaire de SRemiB dans la lexicographie historique française du XXIe siècle. Et pourtant, il est bien connu que periceus, preeceus, pericheux, periceulx, periceusement, sont les formes anciennes du français moderne paresseux, paresseusement (GdfC, pereços et pereçosement ; TL, pereços, pareços, periços, preços et pereçosement ; FEW 8, 448, pigritia). |