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PETER
900-1330
lexie
Source première :
 
petere - pedir - peter
 

I. Apr. pedir v. a. « interroger » Jaufre Rudel. II. 1. Afr. peter « aspirer à (obtenir) qch » Eust.

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 TL 7, 849
peter, verbe trans.
« verlangen »
 

s. FEW VIII 312b (13. Jahrh.).

Source secondaire :
 DMF : péter2
peter2, verbe
« demander »
 

A, je vous tieng pour fritatis De vostre mestresse la belle, Se souvent vous n'estes vers elle Incessanment frequentatis. Se vous ne savés petatis A Teneguy que c'est que d'elle, A, je vous … (Poés. lyr. court. XVe I., c. 1454-1456, 83)

Justification :
 apr. pedir « interroger » est mal assuré ; afr. peteront honor est une faute de copiste pour porteront honor ; petatis est un mot latin.
milieu 12e siècle (Jaufre Rudel) ; ca 1210 (Eust) ; ca 1454-1456 (Poés. lyr. court.)

FEW 8, 312b enregistre une attestation unique de l'ancien provençal pedir v. a. « interroger », relevé dans le Glossaire des Chansons de Jaufré Rudel, éditées par Alfred Jeanroy, Paris 1915, p. 36 : pedir IV 23 (leçon de e), interroger. Il se trouve que le manuscrit e (= Rome, Vatican, Barb. lat. 3965 [anc. Barb. XLV, 59]) est une copie tardive de la fin du 18e ou commencement du 19e siècle. Voici le passage en question extrait de la pièce IV, contenue seulement dans deux manuscrits (C et e), retranscrit par Jeanroy : Mout mi tenon a gran honor Tug silh cui ieu n'ey obeditz [var. 23 : Totz selhs C ; a cui non soi peditz e] Quar a mon joi suy revertitz : E laus en lieys e Dieu e lor, (JRudJ 10, IV, 23). L'éditeur traduit ces vers comme suit : Ceux-là dont j'ai suivi les conseils me tiennent à grand honneur d'être revenu à ma joie : je l'en loue, elle et Dieu et eux. Au passage correspondant dans l'ouvrage de Giorgio Chiarini consacré à Jaufre Rudel, on lit : Mout m'o tenon a gran honor Tug silh cui ieu n'ei obeditz [var. 23 : totz selhs C ; a cui non soi peditz e], Quar a mon joi sui revertitz ; E laus en lieis e Dieu e lor, (Chiarini, Jaufre Rudel. L'amore di lontano, Rome : Carocci, 2003. Trad. : In grande onore tengono tutti coloro ai quali ho dato ascolto il fatto che sono tornato alla gioia che è mia ; e lei ne lodo e Dio e loro — Trad. Beltrami : Molto me lo tengono a grande onore tutti coloro cui io ho obbedito in questo che io mi sia rivolto nuovamente al mio gaudio, e ne lodo lei e Dio e loro). On constate que Jeanroy a fabriqué un verbe pedir « interroger », à partir de la leçon très douteuse peditz, sortie d'une copie exécutée au 18e/19e siècle, qui impose la plus grande prudence pour l'établissement du texte de la chanson "Belhs m'es l'estius e·l temps floritz". Par ailleurs, l'ancien français peter « aspirer à (obtenir) qch » consigné par le FEW 8, 312b, à qui TL 7, 849 emboîte le pas, a toutes les chances d'être une faute de copiste (A : frpr). En effet, dans Das altfranzösische Eustachiusleben (L'Estoire d'Eustachius) der Pariser Handschrift Nat.-Bibl. fr. 1374, publiée par Andreas C. Ott, on lit : A toz icex qui lor feste feront, Et qui en terre honor lor peteront, Et as besoignz de mort les requeront, Que Damedex lor pechez lor perdont (SEust7O 1546 ; Glossaire : "peter v. tr. erstreben 1546"). Dès 1913, dans leur compte-rendu de SEust7O, Leo Jordan et Albert Stimming écrivaient respectivement à propos du vers 1546 : « Das Glossar erklärt : "peter v. tr. erstreben 1546". Ich habe die Lexiken durchforscht, aber nur eine andere wohlbekannte Bedeutung gefunden. Auch Kollege Ebeling kennt peter < petere nicht. Von petere ist nur das gelehrte Komposium compéter französisch. Ist nicht peteront einfach aus porteront verschrieben oder verlesen ? » (Lbl 34, 285) / Der Hsg. führt im Glossar ein Verbum peter auf, das er mit "erstreben" übersetzt, das aber gar nicht vorhanden ist ; das Wort ist verschrieben für porteront (ZrP 37, 124). Cette proposition de correction est confortée par la fréquence élevée de la locution verbale porter honor (à aucun) « vénérer, honorer » en ancien français (FEW 4, 466a et FEW 9, 203b-204a ; TL 7, 1596-1597 et TL 6, 1132 ; RobreauHonn 58-60) ; De lui porter onor se paine (BalJosAnS 7482) ; Cest miracle vos a mostré Li rois poissanz pleins de bonté Que nos sacham porter honor A la mere al Criator (MirAgn2K 299 [LXIII, 61] ; Pour chaus esbatre et deporter Qui se deportent en porter Honeur celi qui Dieu porta (CoincyI10K 2) ; La seconde reson après Que l'en set bien et loing et près Por c'on lor doit porter honor, Ce est que tuit grant et menor Et .i. et autre, haut et bas, Nessons de fame, n'est pas gas (JubJongl 83) ; Vos estes tot digne Ke li grant & li menor, Se pechiés ne le[s] destruit, Vos doivent porter honor, Car vos portastes le fruit De cui, v[e]rai signe, Nostre anemis a pauor (JeanroyLais 35 [XVII, 131]). Quant au DMF 2015, il a une entrée peter2 « demander », illustrée par un extrait du rondeau "A, je vous tieng pour fritatis", édité par Barbara L.S. Inglis (Une nouvelle collection de poésies lyriques et courtoises du XVe siècle. Le manuscrit B. N. nouv. acq. fr. 15771) : A, je vous tieng pour fritatis De vostre mestresse la belle, Se souvent vous n'estes vers elle Incessanment frequentatis. Se vous ne savés petatis A Teneguy que c'est que d'elle, A, je vous [tieng pour fritatis De vostre mestresse la belle !] Je la cognois mon pas satis Mays, sur ma foy, la damoiselle Vous layssera en la berelle Et vous jouera du trompatis. A, je vous [tieng pour fritatis De vostre mestresse la belle !] (Poés. lyr. court. XVe I., 83 = Les Œuvres de Pierre Chastellain et de Vaillant, éd. R. Deschaux, Genève, Droz, 1982, 180). Cette pièce de Vaillant est une mise en garde contre sa maîtresse, peut-être destinée à Tanguy du Chatel. Elle présente un mélange de mots français et de latinismes, qui témoigne de la veine ironique du poète : petatis, fritatis de « qui a perdu (qn ou qch) [latinisation plaisante de mfr. frict « perdu » CentNouvC], frequentatis « qui fréquente », satis « assez », jouer du trompatis« tromper » (cf. G. Roques, ZrP 103, [1987], 418). Pour conclure, il n'existe probablement pas de verbe pedir « interroger » en ancien provençal, et pas davantage de verbe peter « aspirer à (obtenir) qch ; demander » en ancien et moyen français !

Solution :
 PORTER HONOR (SEust7O)
FEW 9, 203b-204a portare I 1 a α || FEW 4, 466a honos,-orem I
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 8, 312b
petere - pedir - peter
Rem. : Il conviendrait de supprimer les données " I. Apr. pedir v. a. « interroger » Jaufre Rudel. II. 1. Afr. peter « aspirer à (obtenir) qch » Eust " dans le FEW 8, 312b.
  Source à corriger :
  suppression de l'article
TL 7, 849
peter, verbe trans.
« verlangen »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée peter « verlangen » et du renvoi au "FEW VIII 312b (13. Jahrh.)" dans TL 7, 849.
  Source à corriger :
  suppression de l'article
DMF 2015
peter2, verbe
« demander »
Rem. : Il conviendrait de supprimer la vedette peter2 « demander » du DMF 2015 et on procèderait de même pour les entrées fritatif (fritatis, en réalité), trompatis, qui sont des latinisations plaisantes ainsi que frequentatis (Poés. lyr. court. XVe I), à biffer dans l'article frequentatif.
  

2017 : G. Roques ; N. Steinfeld, T. Matsumura


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