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PONER
1331-1500
lexie
Source première :
 Gdf 6, 272c
poner, v. a.
« monter, remonter des bateaux, des marchandises sur une rivière, les conduire en amont »
 

Bastis necessaire aux marchans, par ce qu'ilz y estachent tout en ponant que en beessant leurs basteaux et chaslans (XVe s., Req. adressée aux March. fréq., Mantellier, March. fréq., II, 440)

 

De sorte que les bateliers ne peuvent avoir leurs chemins et hausserees, en la largeur de .XVIII. pieds, qui leur seront necessaires pour aller et poner a col contremont lesd. bateaux et marchandises (9 oct. 1570, ib., Lett. patentes, II, 478)

Source(s) secondaire(s) :
Source secondaire :
 
pōnĕre - se pondre - poner
 

Mit konjw. Mfr. poner « remonter des marchandises sur la rivière » (15e s., Mant)

Source secondaire :
 DMF 2015
ponner, verbe
« II. remonter des bateaux, des marchandises sur une rivière »
 

Rem. Doc. XVe s. ds GD VI, 272c.

Justification :
 mélecture liée à la confusion des lettres n / v
15e s. / 1570

Gdf 6, 272c enregistre deux attestations des 15e et 16e siècles du verbe poner « monter, remonter des bateaux, des marchandises sur une rivière, les conduire en amont », empruntées à Mantellier, Philippe, Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle, Orléans, Jacob, 3 vol., 1864-1869, par l'intermédiaire de son Glossaire des documents de l'histoire de la Communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle, Paris, Durand et Pédone-Lauriel, 1869. Elles ont été reprises par FEW 9, 161a, pōnĕre, puis par DMF 2015, s.v. ponner II. Il n'a pas été tenu compte du commentaire qu'en fait Mantellier dans le glossaire s.v. poner. Il y rapproche ce verbe du participe passé du verbe de la vallée de la Saône poyer : « pour charge de cuivre, de poyé iiij. d. et de baissé viij. d. t. » (P.S. [= Règlement général des péages qui se lèvent le long de la rivière de Saône ; Lyon, Barbier, 1672] 169 et suiv.). De fait, comme dans ce dernier exemple, le verbe poner s'oppose à baisser v. tr. « faire descendre (un bateau) vers l'aval d'un fleuve » : « tout en ponant que en beessant leurs basteaux et chaslans » (Orléans 15e s., Mant 2, 440), ou encore à aller : « pour aller et poner à col » (Orléans 1570, ibid. 478). On ne voit pas comment ce poner pourrait s'accorder avec le sens de « poser, mettre » du supposé étymon lat. pōnĕre. C'est plutôt une mauvaise lecture pour un verbe poiier ou pouer, qui est une conversion du représentant de latin pŏdium, répandue en gallo-roman : afr. poier « monter, gravir », afrpr. poier, apr. pojar, cat. pujar (FEW 9, 112a). Ce verbe est bien attesté dans la navigation fluviale au sens de « monter ou tirer à contre-courant (les bateaux) », comme le montrent les attestations françaises, francoprovençales et occitanes rassemblées par Jacques Rossiaud (Dictionnaire du Rhône médiéval. Identité et langages, savoirs et techniques des hommes et du fleuve (1300-1550) ; Grenoble, Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 2002, vol. 2, p. 283, s.v. poya) à propos de la navigation sur le Rhône : desendans ou poyans (Lyon fin 14e s.), pour poier le navey (Lyon 1416), poyer les sapines (SaôneL. 1527), e pujava per aigua (Tarascon ), dont est issu le déverbal : tant de poya que de beyssia (Lyon 1326), etc. Et on a des attestations de ce verbe dans le Val de Loire sous la forme d'une autre mélecture, cette fois de la source de Godefroy, Le Clerc de Douy : tant du paier comme du baissier, parmi ladite riviere (2 fois, Loiret 1404, Gdf 1, 559a, s.v. baissier), de même que sous forme claire et explicite : « En Touraine on dit POÜER pour dire monter de podiare » (Mén 1650 s.v. puy, repris par FEW 9, 112a). Et à l'époque moderne et contemporaine ont été notés dans cette même région un dérivé déverbal : nfr. pouée f. « sillon pour la plantation d'une vigne » (Loiret, s. Thibault, Cotgr 1611-1775, Gdf), Blois pouée « rampe qui permet à un chemin d'accéder à la levée de la Loire » (FEW 9, 112a). Ce dernier s'est conservé jusqu'à l'époque contemporaine dans le vignoble orléanais pour dénommer le billon sur lequel sont plantés les ceps de vigne : Loiret [pwe] f. (ALCe 337 p 1 ; ALIFO 1 Cpt p 53), [pwε] (ibid. p 60), voir encore poüée f. (Orléanais 1723, RLiR 38, 496-497). Et dans cette région tous ces dérivés concordent avec le représentant direct de lat. pŏdium, encore attesté par Châteaudun pouay m. « descente rapide » (Bâtaille) dont la définition adopte le point de vue depuis le sommet. Tant les mélectures poner et paier que la correspondance avec les formes modernes et contemporaines imposent de corriger en pouer. Pour finir, nous faisons remarquer que le verbe puier au sens de « parcourir un courant d'eau vers l'amont » se trouve dès 1307 dans la Branche des royaux lignages, chronique métrique de Guillaume Guiart, où nous l'avons débusqué sous les mélectures pruer et priser (voir Base des mots fantômes : pruer, proer). L'origine orléanaise de Guillaume Guiart confirme ce mot comme un régionalisme de la marine de Loire. Il conviendrait de supprimer le fantôme pon(n)er du Gdf, FEW et DMF.

Solution :
 pouer « monter ou tirer à contre-courant (les bateaux) »
FEW 9, 112a pŏdium I 2 b
Voir reponer, pruer, proer
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 6, 272c
poner, v. a.
« monter, remonter des bateaux, des marchandises sur une rivière, les conduire en amont »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée poner dans Gdf 6, 272c, et d'ajouter, après correction de poner en pouer, cette variante tardive sous puier1 « monter, gravir » (Gdf 6, 459a).
  Source à corriger :
  suppression de la donnée
FEW 9, 161a
pōnĕre - se pondre - poner
Rem. : Il conviendrait de biffer la donnée "Mit konjw. Mfr. poner « remonter des marchandises sur la rivière » (15e s., Mant)" du FEW 9, 161a, pōnĕre. Après correction de poner en pouer, les attestations des 15e et 16e siècles empruntées à Mant seraient à reclasser sous pŏdium (FEW 9, 112a).
  Source à corriger :
  suppression de l'article
DMF 2015
ponner
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'entrée ponner du DMF 2015 : le renvoi à Godefroy doit y être reclassé sous l'emploi transitif de puyer, avec correction de la lecture. Il conviendrait d'y ajouter un renvoi aux deux exemples de paier, avec correction en pouer (Loiret 1404), cités par Godefroy s.v. baissier (1, 559a), de même qu'aux données réunies par Rossiaud pour confirmer cet emploi caractéristique de la batellerie fluviale. Semblablement le lemme ponner « pondre (des œufs) » n'a aucune raison d'être. Il est reconstruit à partir d'un indicatif imparfait de pondre daté de 1402 : « ...la geline est morte qui ponnoit tieulx eufs… », alors parfaitement régulier, puisqu'il était encore courant en français quelques siècles plus tard, cf. Huguet s.v. pondre. Cet exemple est à reclasser s.v. pondre.
  

2015 : J.-P. Chauveau ; N. Steinfeld, G. Roques, T. Matsumura


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