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ZORNEE
900-1330
autre interprétation philologique
Source première :
 Gdf 8, 344c
zornee, subst. fém.
« lieu rempli d'épines »
 

Zornee por çou avoit non Que d'espines avoit fuison, Et que l'eve aloit environ ; Eve en engles, isse apelon : Eve est isse, zorne est espine, Soit rain, soit arbre, soit racine ; Zornee ço est en engles Isle d'espines en françois (Wace, Rou, Richel. 375, fo 229 vo)

Justification :
 nom propre considéré à tort par Godefroy comme un appellatif
ca 1170
dictionnaire   FEW 17, 395a, Þorn (ags.) dorn : Gdf gibt ein afr. zornee « lieu rempli d'épines » Wace. Doch handelt es sich bei diesem wort nicht um ein subst., sondern um einen ortsnamen, den alten namen von Westminster. Auch haben die massgebenden handschriften Tornee, während zwei manuskripte zonee bieten. Ein subst. zornee existiert also auf keinen fall.

Gdf 8, 344c enregistre une attestation unique du substantif féminin zornee « lieu rempli d'épines » relevée dans le Roman de Rou de Wace, cité d'après le manuscrit BnF fr. 375 (anc. 6987 [B], début 14e s.). Un contrôle effectué sur le manuscrit B, visible sur le site Gallica, montre que la transcription de Godefroy est exacte, excepté isse qu'il faut lire, par deux fois, isle. Les éditions anciennes de Pluquet et d'Andresen donnent respectivement : zonée / zon est espine (RouP, 10654-10664) et Tornee / torn est espine (RouA, 5532-5542). Pluquet ajoute une note historique suivie des initiales A. L. P., qui appartiennent à Auguste Le Prevost, membre de la Société des Antiquaires de France : « Le nom primitif de l'emplacement de Westminster paraît avoir été en effet, non pas Zonée, comme le prétend notre auteur, mais Thorney ; et l'interprétation qu'il en donne est conforme à celle que nous trouvons dans le passage suivant d'une chronique anglaise : Circà hoec tempora quidam civis Londoniensis … construxit ecclesiam in honore sancti Petri apostoli, in occidentali parte ejusdem urbis, in loco qui Thornie tunc dicebatur et sonat quasi Spinarum insula, nunc autem dicitur Westmosterium » (RouP, t. 2, p. 105, note 3). Dans la Table générale des noms de lieux, d'hommes, etc., on trouve : Zonée (Thorney), nom primitif de l'emplacement de l'abbaye de Westminster (RouP, t. 2, p. 519). Andresen recense de même dans la table des noms propres de son édition : Thorney, alter Name von Westminster (RouA, t. 2, p. 819). Au passage correspondant, l'édition Holden, Le Roman de Rou de Wace, porte le texte suivant, qui corrige la leçon inexacte du manuscrit de base : Zornee (Zonee ms. de base A, Bornhee C, Hornie D) out nom, joste Tamise. Zornee (Zonee A, Bornhee C, Ahornie D) por ço l'apelon Que d'espines i out foison, E que l'eve alout environ. Ee en engleis isle apelon, Ee est isle, zorn (zon A, zorne B, Ahorne D) est espine, Seit raim, seit arbre, seit racine ; Zornee (Zonee A, Cornhee C, Ahornie D) ço est en engleis Isle d'espines en franceis ; Westmostier fu pois apelez Quant li mostier i fu fundez (RouH, III, 5510-5520). Là encore on lit dans la Table des noms de lieux : Zornee (ms. Zonee) […], Thorney, île dans la Tamise, emplacement de l'abbaye de Westminster (RouH, t. 3, p. 306). Alors qu'il raconte dans quelles circonstances Édouard le Confesseur fut amené à construire l'abbaye de Westminster, Wace s'interrompt le temps d'une digression étymologique consacrée à Zornee, cette île de la Tamise où s'élève l'abbaye. Semblant pratiquer l'anglais avec aisance vu l'accumulation sur quelques vers des expressions « en engleis », « en franceis », notre clerc linguiste décompose le mot, traduit l'étymon en français (zorn signifie « épine ») et aboutit à une conclusion logique « Zornee ço est en engleis Isle d'espines en franceis ». Malencontreusement, Godefroy a pris le nom propre Zornee pour un appellatif, comme l'indique très justement le FEW 17, 395a, Þorn, où l'ancien français zornee est ramené à un nom de lieu. Dans son ouvrage intitulé Les structures du « Französisches Etymologisches Wörterbuch », Éva Buchi souligne la difficulté à laquelle se heurtent les lexicographes à distinguer dans les textes les appellatifs topographiques et les toponymes. Pour illustrer son propos, elle cite, entre autres, l'exemple du lexème incriminé ici à qui le FEW a restitué, à bon droit, le statut de nom propre (ZrPBeih 268, [1996], 300).

Solution :
 ZORNEE, Thorney, île dans la Tamise, emplacement de l'abbaye de Westminster
Correction des sources :
 Source à corriger :
  suppression de l'article
Gdf 8, 344c
zornee, subst. fém.
« lieu rempli d'épines »
Rem. : Il conviendrait de supprimer l'article zornee subst. fém. « lieu rempli d'épines » dans Gdf 8, 344c, qui a considéré, à tort, qu'il s'agissait d'un appellatif, alors que le lexème n'existe pas indépendamment d'un nom de lieu.
  

2015 : N. Steinfeld ; G. Roques, T. Matsumura, M. Plouzeau


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