*/ˈεβul‑u/ > it. ebbio s.m. « variété de sureau (Caprifoliacées) à tige herbacée et à baies noires (Sambucus ebulus), hièble » (dp. 1310/1313 [aitcentr. lebbio, avec agglutination de l’article], Marzullo in TLIO ; Merlo,RIL 81, 135 ; LEI E, 68), frioul. gneul (dp. 1871 [gnèul], Pirona ; Salvioni,RIL 32, 137 ; PironaN2 [jeul/gneul] ; DDFF), fr. hièble (dp. 12e s. [ybles], GdfC ; TL ; FEW 3, 202a ; TLF ; DEAF ; AND2), frpr. [ˈibʎo] (FEW 3, 202a [SRfrpr.]), occit. ˹evou˺ (dp. ca 1220 [euol], DAOSuppl n° 717 ; FEW 3, 202a ; DAO n° 717 ; DOMEl ; ALLOr 211 ; ALLOc 149 ; ALMC 220*), gasc. ˹géou˺ (dp. 1642 [jéu], DAG n° 717 ; FEW 3, 202a ; RohlfsGascon1 60 ; CorominesAran 477 [geus pl.] ; ALG 159)1, cat. évol (dp. 1455/1461, DCVB ; DECat 3, 826-827), arag. yabo (DEEH3 ; NagoreEndize [yebo] ; ALEANR 395 [yáƀo]), esp. ˹yeblo˺ (DEEH3 s.v. ĕbŭlum [hieblo] ; RohlfsGascon1 60 [Álava yebo])2, ast. yerbu « espèce d’une plante de la famille des Renonculacées ayant des propriétés purgatives et vomitives (Helleborus viridis L.), ellébore vert » (dp. av. 1288 [yeruos pl.], DELLA ; DEEH3 s.v. ĕbŭlum [yerbo] ; DGLA ; DALlA).Commentaire. – La majeure partie des idiomes de la Romania italo-occidentale (it. frioul. fr. frpr. occit. gasc. cat. arag. esp. ast.) présentent des cognats conduisant à reconstruire protorom. */ˈεβul‑u/ s.m. « variété de sureau (Caprifoliacées) à tige herbacée et à baies noires ( Sambucus ebulus), hièble ». En raison de l’absence de cognats en sarde 3 et en roumain, on n’est autorisé à reconstruire cet étymon que pour une strate assez récente de la protolangue, celle du protoroman italo-occidental, postérieur au décrochage du protosarde (2 e moitié du 2 e siècle [?], cf. Straka,RLiR 20, 256) et du protoroumain (3 e siècle [?], cf. RosettiIstoria 184 ; Straka,RLiR 20, 258). L’ensemble des items de cette série de cognats présentant le genre masculin, la reconstruction du genre masculin se recommande pour leur ancêtre commun, protorom. */ˈεβul‑u/. Le résultat de la reconstruction comparative converge donc sur ce point avec l’analyse de Marrapodi in LEI E, 76, mais s’oppose à celle proposée implicitement par Meyer-Lübke in REW3 s.v. ĕbŭlum et von Wartburg in FEW 3, 202a, ĕbulum. Le corrélat exact du latin écrit, ebulus, - i s.m. « id. », est connu durant toute l’Antiquité (dp. Caton [* 234 – † 149], TLL 5/2, 18 ; IEEDLatin; AndréPlantes 92). Par ailleurs, le latin écrit de l’Antiquité connaît aussi les variantes ebulus, - i s.f. et ebulum, - i s.n. ( TLL ; Ernout/Meillet4 s.v. ebulus [“le masculin remplace un ancien féminin ; le neutre a sans doute désigné la baie avant de désigner l’arbre lui-même”]), qui ne connaissent pas de corrélats en protoroman. Bibliographie. – MeyerLübkeGRS 1, § 150, 180, 308, 442, 487-488, 563 ; REW3 s.v. ĕbŭlum ; von Wartburg 1930 in FEW 3, 202ab, ĕbulum ; Ernout/Meillet4 s.v. ebulus ; LausbergSprachwissenschaft 1, § 171, 272, 282 ; 2, § 373, 385, 422-423 ; Faré n° 2821 ; Marrapodi 2011 in LEI E, 67-77, ebulus. Signatures. – Rédaction : Jan Reinhardt. – Révision : Reconstruction, synthèse romane et révision générale : Valentin Tomachpolski. Romania du Sud-Est : Victor Celac ; Cristina Florescu. Italoromania : Giorgio Cadorini ; Marco Maggiore. Galloromania : Jean-Paul Chauveau. Ibéroromania : Maria Reina Bastardas i Rufat ; Ana María Cano González. Révision finale : Éva Buchi. – Contributions ponctuelles : Xosé Lluis García Arias. Date de mise en ligne de cet article. – Première version : 26/02/2019. Version actuelle : 26/09/2023.
1. Les attestations de type hevols pl., datées de ca 1441 et tirées de RecPyrB, que cite DAG n° 717 ne relèvent pas du gascon, mais du languedocien oriental ( cf. FEWComplément 309 s.v. Rec). 2. Esp. yedgo s.m. « hièble » ( Kasten/Cody ; CORDE), gal. engo ( Buschmann s.v. ĕbŭlum), port. engo ( Houaiss) et leurs variantes phonétiques sont vraisemblablement à rattacher à un protorom. rég. */ˈeduk‑u/ s.m. « hièble », issu d’un croisement entre */ˈεβul‑u/ et gaul. * odocu- s.m. « id. » ( cf. REW3 s.v. ĕbŭlum ; FEW 3, 202b ; 7, 325a, ŏdŏcos ; Bolelli,ID 18a, 57-58 ; DCECH 6, 18). Quant à esp. ébulo (16 e s., NTLE) et port. ébulo (16 e s., DELP3), leur phonétisme et leur apparition tardive incitent à les analyser, en dépit de LEI E, 76, qui les considère comme héréditaires, comme des latinismes ( cf. MenschingSinonima 249). 3. L’indication “il lat. ebulus ha dato continuatori in tutte le lingue romanze, ad eccezione del rumeno” ( LEI E, 76) n’est donc pas tout à fait exacte. |