Thèses en cours
Mehsen Azizi
« Phraséologie, terminologie et évolution technologique de la traduction : traduction machine vs. traduction humaine anglais > français et anglais > arabe. »
Sous la direction d’Yvon Keromnes (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
L’objectif de cette thèse est de déterminer la nature des changements qu’entraîne cette évolution dans la formation aux métiers de la traduction. Il s’agit dans un premier temps de caractériser la traduction automatique neuronale de l’anglais vers deux langues-cibles, l’arabe et le français, dans plusieurs domaines de spécialité (droit, médecine, technologie et tourisme). Dans un deuxième temps seront comparées les activités de traduction et de post-édition d’étudiants en Master de traduction en termes de productivité, de créativité, de besoins en ressources lexicographiques et terminologiques, et de charge cognitive.
Vincent-Thomas Barrouillet
« Le discours pathologique du sujet schizophrène, caractérisation psycholinguistique et computationnelle des déviations décisives à la logicité dialogique en étude de corpus. / Pathological discourse in Schizophrenia, a psycholinguistic and computational characterization of decisive deviations from dialogical logic in a corpus-based study. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et de Maxime Amblard (Loria)
La problématique centrale de ce manuscrit consiste à étendre le champ des ruptures dites « décisives », c’est-à-dire celles pour lesquelles il est possible d’établir un lien direct et causal avec la pathologie. Ce caractère décisif permet de les considérer non simplement comme des marques de déviance voulues ou non à la bonne tenue de l’interlocution, mais comme de véritables symptômes discursifs participant à l’expression du trouble, et à ce titre, le patient est toujours dupe d’une rupture « décisive ». Pour les identifier et en rendre compte de manière rigoureuse, nous proposons une modélisation formelle de ces phénomènes interlocutoires, fondée sur un aménagement de la « modélisation hiérarchique et fonctionnelle » des actes de langage. En complément, nous introduisons également un système formel de détection des ruptures décisives et non décisives.
Notre méthodologie est l’étude exhaustive de corpus constituée d’interactions orales impliquant des patients schizophrènes, ainsi que, dans une phase exploratoire, des patients bipolaires. En analyse du discours, notre objectif est de repérer, catégoriser et modéliser les ruptures, en progressant vers une prise en charge formelle et algorithmique des événements discursifs étudiés. L’approche combine des outils pragmatiques classiques avec une formalisation susceptible d’être traduite dans des applications informatiques ultérieures, en particulier dans un contexte diagnostique assisté, voire d’analyse automatisée de corpus cliniques.
Les résultats obtenus se déclinent selon plusieurs axes complémentaires. D’abord, le critère de décisivité est étendu à un spectre plus large de ruptures, ce qui permet de mieux cerner la diversité de l’expression illocutoire de la pathologie et d’envisager une typologie de la décisivité enrichie. De plus, nous avons été en mesure de décrire les ruptures décisives comme de véritable « symptômes psycholinguistiques » de la pathologie, en cela qu’ils se situe à l’interface entre un trouble linguistique et cognitif. Ensuite, le travail aboutit à la formalisation d’un outil de repérage, pensé pour permettre une détection automatique des ruptures dans des corpus oraux, ouvrant ainsi la voie à un traitement informatisé des interactions. Par ailleurs, le modèle est appliqué pour la première fois à un corpus de patients bipolaires, ce qui ouvre d’importantes perspectives comparatives entre différents profils pathologiques. Enfin, une réflexion est menée sur le rôle de la mémoire de travail dans la gestion des interactions conversationnelles, en contexte dialogique, avec pour objectif de mieux comprendre les mécanismes cognitifs sous-jacents aux phénomènes de rupture. Cette réflexion pourra aboutir à court terme à une modélisation algorithmique de la mémoire de travail en contexte interlocutoire.
En conclusion, ces travaux doctoraux permettent en premier lieu de moissonner plus de ruptures décisives, élargissant ainsi le dispositif diagnostique. De plus, il jette les bases d’un système automatisé de détection des ruptures.
This dissertation falls within the interdisciplinary fields of psycholinguistics and computational linguistics. From a discourse analysis perspective, it focuses on the pathological discourse of individuals with schizophrenia, examined through the lens of pragmatic infractions, which we refer to as “discontinuities.” These occur within the dynamics of conversation, undermining the pragmatic coherence of interlocution, and signal, to varying degrees, a discourse disorder affecting the linguistic, pragmatic, contextual, and interactional processing of conversation. These discursive phenomena are indicative of discourse-level disturbances characteristic of certain pathologies, schizophrenia foremost among them, and constitute the empirical terrain for our exploration and analysis.
The central issue addressed in this dissertation is the extension of the field of so-called “decisive” discontinuities, that is those for which a direct and causal link to the pathology can be established. This decisive nature allows us to consider such discontinuities not merely as instances of intentional or unintentional deviation from well-formed interlocution, but as genuine discursive symptoms directly contributing to the expression of the underlying disorder. In order to identify and rigorously account for these phenomena, we propose a formal model of interlocutory discontinuities, based on an adapted version of the “hierarchical and functional model” of speech acts. In addition, we introduce a formal system for detecting both decisive and non-decisive discontinuities.
Our methodology relies on an exhaustive corpora study composed of oral interactions involving individuals with schizophrenia and, in an exploratory phase, patients diagnosed with bipolar disorder. In our discourse analysis, the objective is to identify, categorize, and model discontinuities, while progressing toward a formal and algorithmic treatment of the discursive events under study. This approach combines classical pragmatic tools with a level of formalization designed to be translatable into future computational applications, particularly in contexts of assisted diagnosis or even automated analysis of clinical corpora.
The results obtained are structured along several complementary axes. First, the criterion of decisiveness is extended to a broader spectrum of discontinuities, allowing for a more nuanced understanding of the diversity of pathological illocutionary expression and enabling the development of a refined typology of decisiveness. Second, we were able to describe decisive discontinuities as genuine “psycholinguistic symptoms” of the pathology, in that they lie at the interface between linguistic and cognitive disorders. Third, the work leads to the formalization of a detection tool designed to automatically identify discontinuities in oral corpora, thereby paving the way for computerized processing of conversational data. Furthermore, the model is applied for the first time to a corpus of bipolar patients, opening up promising comparative perspectives across different pathological profiles. Finally, a reflection is undertaken on the role of working memory in the management of conversational interactions in dialogic contexts, with the aim of better understanding the cognitive mechanisms underlying discontinuity phenomena. This reflection will, in the short term, lead to the algorithmic modelling of working memory in interlocutory contexts.
In conclusion, this doctoral research enables, first and foremost, the identification of a greater number of decisive discontinuities, thereby expanding the diagnostic framework. Moreover, it lays the groundwork for an automated system for discontinuity detection.
Warren Bonnard
« Intégration de l’analyse de discours dans un parcours d’apprentissage en anglais de spécialité / Integrating discourse analysis into an ESP learning program »
Sous la direction de Alex Boulton (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Mary Catherine Lavissière (CRINI, Université de Nantes)
La deuxième étape du projet concerne la transposition didactique des moves/steps identifiés. Il s’agit de réfléchir à la manière d’enseigner ces éléments linguistiques aux apprenants spécialisés en utilisant une plateforme numérique. Cela nécessite de prendre en compte les enjeux de la transposition didactique, c’est-à-dire l’adaptation des connaissances théoriques à un contexte d’enseignement spécifique. Dans ce contexte, nous étudierons en particulier trois types de compétences que les enseignants doivent transmettre : les compétences linguistiques, les compétences liées à la manipulation de l’outil numérique choisi et les compétences nécessaires à l’utilisation autonome, en dehors de la classe, de cet outil.
La troisième étape consiste à explorer les scénarios pédagogiques et à formuler des recommandations didactiques. Il est prévu de recueillir des données quantitatives et qualitatives auprès des apprenants et des enseignants pour évaluer l’appropriation de la plateforme numérique. Les recommandations visent à améliorer les scénarios pédagogiques et à répondre aux enjeux linguistiques, pédagogiques et motivationnels.
Le projet s’inscrit dans le cadre de la didactique des langues de spécialité et met en avant l’utilisation des ressources numériques basées sur la linguistique de corpus. Il vise à développer des compétences linguistiques et discursives spécifiques à l’anglais juridique tout en favorisant l’autonomie des apprenants. Les résultats de ce projet de thèse pourront contribuer à l’amélioration de l’enseignement de l’anglais juridique et à la conception de plateformes d’apprentissage en ligne.
Antoine Brahy
« Immigration hispanoaméricaine et panhispanisme : étude sociolinguistique des rapports entre la vague migratoire de 1990-2008 en Espagne, une dynamique politico-culturelle et ses transpositions en droit. »
Sous la direction de Anne-Marie Chabrolle-Cerrtini (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Alessandra Cacciato
« Apprentissage sur corpus mobile : styles d’apprentissage et assimilation pour l’apprentissage de l’italien dans des lycées français / Mobile data-driven learning: Learning styles and uptake for Italian in French secondary schools. »
Sous la direction d’Alex Boulton (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les études publiées sur le DDL montrent l’efficacité de l’approche. Néanmoins, il existe peu de recherches ciblant d’autres langues que l’anglais, en-dehors du contexte universitaire auprès de jeunes apprenants.
Cette thèse vise à combler ces lacunes, en explorant les possibilités offertes par l’ASC dans l’apprentissage mobile selon les styles d’apprentissage individuels, chez les jeunes apprenants d’italien dans les lycées français.
En mettant l’accent sur le rôle actif des apprenants, l’ASC favorise l’identification de régularités dans la langue et exploite l’utilisation d’outils logiciels et des appareils mobiles, bien que peu de chercheurs aient exploré le potentiel de l’ASC pour l’apprentissage des langues assisté par mobile (MALL).
La relation entre l’ASC et les styles d’apprentissage est encore en phase exploratoire et la recherche présente des résultats controversés qui nécessiteront plus d’études.
Nous basons nos travaux sur l’hypothèse que l’ASC a le potentiel d’adapter et d’exploiter les affordances des appareils mobiles, puisque la nature personnalisable, engageante et omniprésente de l’apprentissage mobile ouvre un large éventail de possibilités pour répondre aux besoins et aux aptitudes des apprenants. La variété, la flexibilité et l’interactivité que MALL offre peuvent convenir à différents styles d’apprentissage et maximiser les avantages de l’ASC.
Une application d’apprentissage des langues sera spécialement conçue et développée. La méthodologie ASC et l’application mobile seront ensuite présentées aux élèves du lycée, inscrits au programme EsaBac, qui visent un niveau de compétence B2 selon le CECR. L’étude est spécifiquement conçue pour être cohérente avec les programmes scolaires et pour donner aux apprenants une autonomie significative dans leur progression.
Agathe Chassard
« Dynamiques de construction de l’identité professionnelle des enseignants de français du cycle 4: entre doxas et incertitudes. »
Sous la direction de Dominique Macaire (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Séverine Behra (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Minghao Chen
« Etude du style de traductions de la trilogie de Liu Cixin, Le Problème à trois corps, en français et en anglais / Study of the style of translations of Liu Cixin’s trilogy, The Three-Body Problem, into French and English »
Sous la direction de Yvon Keromnes (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Hee-Soo Choi
« Lier des ressources lexicales du français en vue d’une interopérabilité entre niveaux linguistiques. »
Sous la direction de Mathieu Constant (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Karën Fort (Loria)
Clara Cousinard
« Vers une didactique de l’interaction : l’apprentissage avec et sur corpus au service du développement de la compétence interactionnelle en FLE. »
Sous la direction de Virginie André (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
La thèse s’intéressera à l’exploitation des corpus à des fins didactiques selon les principes du data-driven learning (Johns 1991, Aston 2001), traduit en français par l’apprentissage sur corpus (ASC) (Boulton, Tyne 2014), et de l’apprentissage avec corpus (AAC) dans l’optique de développer la compétence interactionnelle des apprenants. Les études menées jusqu’à présent révèlent que l’ASC permet aux enseignants et aux apprenants d’aborder la langue d’une façon novatrice. La question de la compétence interactionnelle est, elle, peu abordée en didactique du FLE. Les apprenants posent alors des questions auxquelles les enseignants ne savent pas ou ne veulent pas répondre, notamment parce que les descriptions du français parlé en interaction sont peu référencées dans les manuels et les grammaires (voir par exemple Blanche-Beneviste, Jeanjean 1987 ; Mondada 2002 ; Kerbrat-Orecchioni 2005 ; Traverso 2016 ; Giroud, Surcouf 2016). Ces questions sont pourtant légitimes et peuvent être traitées conjointement avec l’ASC et l’AAC qui permettent de développer un comportement d’apprentissage plus efficace que la grammaire explicite, celle qui est prescrite par l’enseignant (Lin 2019, Liu 2011, Miangah 2011). Nous mettons également en lumière les stratégies d’apprentissage (Oxford 1990) mises en œuvre lors des séances d’ASC et d’AAC, qui permettent un développement de la conscience langagière des apprenants et, à terme, de la compétence interactionnelle des apprenants. Nous traitons quatre questions de recherche : (1) Comment les apprenants manipulent-ils les données de corpus ? ; (2) Quelles composantes de la compétence interactionnelle les apprenants travaillent-ils ? ; (3) Quelles sont les stratégies d’apprentissage mises en œuvre lors de cette manipulation des données de corpus ? ; (4) Y a-t-il corrélation entre les stratégies d’apprentissage mises en œuvre et le développement de la compétence interactionnelle ?
Éléonore de Beaumont
« L’enseignement-apprentissage du français à un public turcophone : genre linguistique et identité de genre en classe de FLE. »
Sous la direction de Sophie Bailly (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Yannick Chevalier (Université Lumière Lyon 2)
Véronique Geisler
« Rôle d’un dispositif d’entretiens métagraphiques axé sur le développement de la compétence orthographique (lexicale et grammaticale) des élèves plurilingues de CE1 / Role of a metagraphic interview system focused on the development of the spelling (lexical and grammatical) skills of multilingual students »
Sous la direction de Grégory Miras (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Églantine Guély-Costa (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
De nombreux travaux en contexte scolaire se sont focalisés sur les enfants allophones nouvellement arrivés (Moore, 2006 ; Montagne-Macaire, 2008 ; Auger et Le Pichon-Vorstman, 2021). Plus rares sont les études qui mentionnent ces élèves parlant une autre langue à la maison que le français soit présent ou non (Simon et Maire Sandoz, 2008).
Au niveau institutionnel, ce n’est qu’en 2015 que le terme de « plurilinguisme » apparait expressément dans les programmes. Et la Loi du 26 juillet 2019 réaffirme l’importance de développer la compétence plurilingue des élèves.
Dans ce contexte, les enseignants sont amener à s’enquérir de la façon avec laquelle l’élève reçoit les savoirs, les comprend et les intègre. Ceci nous conduit à nous intéresser à l’enseignement-apprentissage de l’orthographe chez les élèves plurilingues scolarisés en classe ordinaire à l’école élémentaire.
Plusieurs recherches (Jaffré, 1994 ; Brissaud et Cogis, 2011) mettent en avant les entretiens métagraphiques comme une intervention sur l’enseignement de l’orthographe pour mieux comprendre les productions non conformes à la norme des élèves. Et ces procédures graphiques verbalisées par les élèves permettent d’accéder à leur représentation et à leur connaissances orthographiques (Maynard, 2022).
Maynard (2022) a présenté les résultats d’une étude québécoise analysant les effets d’un dispositif plurilingue de l’enseignement de l’orthographe grammaticale sur les procédures graphiques des élèves plurilingues au collège en classe ordinaire. Et elle conclut qu’un dispositif recourant à des dictées métacognitives, à une approche intégrée d’enseignement de l’orthographe et à des approches plurilingues favorise le développement de la compétence
en orthographe grammaticale en français de ces élèves. Notre démarche s’inspire de celle de Maynard en ciblant plus particulièrement et en analysant le rôle d’un dispositif d’écritures métagraphiques axé sur le développement de la compétence orthographique (lexicale et grammaticale) des élèves plurilingues dans la construction de leurs savoirs.
Nous essayerons à travers cette thèse de questionner le rôle d’un dispositif d’entretiens métagraphiques axé sur le développement de la compétence orthographique (lexicale et grammaticale) des élèves plurilingues de CE1.
Enora Germain
« Les décalages entre les discours et les pratiques de formateurs bénévoles dans un atelier d’alphabétisation : comment accompagner vers une démarche réflexive ? / The discrepancies between the discourse and practice of volunteer teachers in a literacy class: how can we help them to develop a reflective approach? »
Sous la direction de Hervé Adami (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Marie Guely
« Le jeu dramatique comme expérience de médiation corporelle et esthétique dans la formation initiale des professeurs des écoles : affect pour la langue, confiance et engagement. / Drama as an experience of corporal and aesthetic mediation in the initial primary teacher training: affection for the language, confidence, and involvement in speaking activitie. »
Sous la direction de Grégory Miras (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Younghyun Ha
« Phraséologie somatique du lexique des sentiments : une étude multilingue fondée sur le cas du coréen et du français / Somatic phraseology of the lexicon of feelings : a multilingual study based on the case of Korean and French »
Sous la direction de Alain Polguère (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
D’abord, il est nécessaire de bien définir la cible de recherche. Nous allons recueillir des phrasèmes somatiques en coréen et en français parmi lesquels nous limiterons les objets de recherche aux « éléments du corps humains ». Nous parlons d’« éléments du corps » et non de « parties du corps » parce que ces phrasèmes peuvent référer au sang ou aux cheveux que l’on ne considère pas normalement comme des parties du corps. Ensuite, nous choisirons seulement les phrasèmes qui dénotent le sentiment, ce qui exclura la sensation comme la faim, la soif et l’attitude comme le respect, l’intérêt.
À partir des donnés choisies, nous allons préciser les choses ci-dessous. Premièrement, la nature des phrasèmes doit être révélée : la collocation, la locution, le cliché, etc. Dans la LEC, la compositionalité sémantique est évaluée du point de vue de Locuteur. Elle distingue la locution, le cliché de la locution. D’une part, la collocation et le cliché sont des phrasèmes sémantiquement compositionnels. La collocation consiste en « une base » librement choisie par le locuteur et « un collocatif » étant sélectionné en fonction du sens à exprimer et de la base. Contrairement à cela, le cliché est sélectionné comme un tout, à savoir qu’il n’est pas construit par le locuteur. D’autre part, la locution est un phrasème non compositionnel et les sens des composants ne s’inclurent pas dans le sens global de la locution. Deuxièmement, chaque expression doit être caractérisée par un ensemble de paramètres distincts pour qu’elle puisse être modélisée. Le premier paramètre envisagé est selon que des symptômes arrivent aux éléments du corps. Par exemple, l’expression « J’ai la peur au ventre » n’a aucun symptôme alors que « J’ai les lèvres qui tremblent de peur » exprime un symptôme de tremblement. Le deuxième est la lexicalisation ou non du sentiment. Dans le cas de « Je tremble de peur », il n’est pas possible de dénoter la peur sans dire « de peur ». En revanche, si l’on dit que « Je rougis jusqu’aux oreilles », cette expression pourrait faire référence au phénomène de rougir les oreilles pour une raison quelconque, mais aussi au sentiment de honte ou d’autres sentiments car le sentiment est sous-entendu. Quelques verbes en coréen eux-même, pourtant, dénotent les sentiments sans lexicalisation du sentiment ni sous-entendu comme l’expression « Na+neun deungol+i ossakha+∅+da », ‘Je+SUB échine+SUB avoir froid+PRÉ+AFF’ signifiant ‘Quelque chose me fait froid dans le dos’ En plus, la lexicalisation des éléments du corps peut être le troisième paramètre. Dans l’expression mentionnée ci-dessus « Le corps tremble de peur », on n’a pas à expliciter le corps, mais cet élément du corps peut être remplacé par l’humain auquel le corps appartient : « Igor tremble de peur ». Il en va de même pour le coréen, « mom+i tteolli+da » ‘Le corps tremble de peur’. Cependant, si on remplace « le corps » pas « la foie », l’élément du coprs doit être lexicalisé malgré dans la même structure syntaxique pour dénoter la peur.
Finalement, nous allons proposer un Système Lexical étant approprié pour de tels phrasèmes. Pour la collocation, la locution, le cliché, il reste à montrer comment le locuteur combine les unités lexicales entre elles car cette combinaison n’est pas libre. Dans le système lexicale, les phrasèmes seront présentés de manière efficace par leurs relations avec les unités lexicales dénotant les éléments du corps ou les sentiments.
Imane Harby
« Mesurer les effets de la réalité virtuelle sur les émotions des étudiants de FLE de l’Université Sorbonne Abu Dhabi impliqués dans des tâches de production orale et leurs liens sur la performance orale. »
Sous la direction de Sophie Bailly (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Maud Ciekanski (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Paola Herreño Castañeda
« Compositionalité et marqueurs de discours du francais. »
Sous la direction de Mathilde Dargnat (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Jonathan Ginzburg (LLF | Université Paris Cité)
1. Lorsque les MD associés dans une combinaison fréquente sont intuitivement proches, il faut rendre compte du fait que cette combinaison n’est pas sentie comme redondante (et donc peu naturelle). Quelques exemples : « donc du coup », « alors donc », « mais pourtant », « mais quand même », « et alors », « donc voilà », etc.
2. Lorsqu’il n’y a pas de proximité intuitive, est-ce que les MD combinés sont seulement complémentaires, ce qui implique qu’ils véhiculent des relations de discours ou des manifestations du locuteur sans lien particulier entre elles, ou est-ce qu’une autre analyse est nécessaire.
3. Est-ce que la combinaison est compositionnelle ? Répondre à cette question demande que soient discutées et peut-être élaborées les techniques de composition existantes. Les approches courantes en sémantique sont fonctionnelles, dans un sens mathématique élémentaire : des fonctions sont appliquées à des arguments (qui peuvent elles-mêmes être des fonctions) pour produire des interprétations. Peut-on réduire les combinaisons observées à un mécanisme de ce type ? Lorsque cette réduction est possible, jusqu’à quel point aide-t-elle à prédire ou motiver la force de l’association entre les MD concernés ? Pourquoi telle ou telle combinaison serait-elle plus forte qu’une autre ? Est-ce que cela correspond, par exemple, à des mouvements discursifs qui jouent un rôle plus important dans l’interaction ?
4. Est-ce qu’il existe une « force de répulsion » entre les MD (lorsque des MD ne se présentent pas en combinaison) ? Pourquoi ?
Karina Ibanez
« Comment étayer la construction d’une sécurité linguistique chez des futurs enseignants et professionnels du FLE ? »
Sous la direction de Grégory Miras (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les performances orales des étudiants de langues étrangères semblent être conditionnées par leur propre évaluation de leur maîtrise de la langue, de leur légitimité à la parler. Cette situation serait aussi conditionnée par d’autres éléments contextuels associés à la question de la légitimité dans l’usage de la langue étudiée. Les situations d’interlocution considérées asymétriques avec des enseignants ou des locuteurs dits « natifs » qui parlent un français de référence, par exemple, font souvent surgir des sentiments d’insécurité. En situation d’examen, par ailleurs, la langue est médium et objet d’évaluation.
Parallèlement, l’image de prestige intellectuel et culturel associée à la langue française depuis le début du xxème siècle, particulièrement dans le contexte historique des relations franco-argentines, ainsi que le caractère central accordée à la culture, la science (notamment, les humanités) et les arts de l’hexagone (Bein, 2013 ; Gastaldi & Grimaldi 2016 ; Burrows, 2019) semblent accentuer le sentiment d’insécurité ou d’illégitimité à parler la langue face à des sujets qui la parlent en tant que L1.
L’objectif de l’étude sera de concevoir, décrire et suivre un dispositif pédagogique d’accompagnement au développement d’une sécurité linguistique chez les étudiants des filières en langue française de l’Université nationale de la Plata, Argentine, puis, d’évaluer l’impact du dispositif sur les performances orales desdits étudiants.
Aurore Isambert
« Mobiliser la voix et les expériences des parents pour mieux reconnaître et prendre en compte les langues familiales en école bilingue »
Sous la direction de Véronique Lemoine-Bresson (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Lamprini Kakava
« Recherches sur les emprunts lexicaux du protoroman au grec. »
Sous la direction d’Éva Buchi (ATILF / CNRS – Université de Lorraine)
Abdelhak Kelious
« Évaluation de contextes pour l’apprentissage des langues étrangères. »
Sous la direction de Mathieu Constant (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Christophe Coeur (entreprise CARDEMY)
Elisa Lamura
« Le rôle de la communauté linguistique dans les parcours d’intégration : une perspective épilinguistique sur les défis rencontrés par les migrants chinois du quartier de Belleville en classe de FLI. »
Sous la direction d’Hervé Adami (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Cette étude repose sur une méthodologie mixte, combinant des enquêtes qualitatives et quantitatives, afin de recueillir des données sur la participation des migrants aux dispositifs de formation, ainsi que sur la qualité de leurs interactions avec des locuteurs natifs. Les hypothèses de recherche suggèrent que le repli sur la communauté linguistique, l’isolement social et la faible maîtrise des compétences sociolinguistiques freinent leur insertion. À partir de ces résultats, des pistes pédagogiques seront proposées pour mieux répondre aux besoins de ces migrants et favoriser leur intégration durable dans la société française.
Amandine Lecomte
« Analyse longitudinale de prise en charge psychothérapeutique de patients psychiatriques et de patients atteints de maladies neurodégénératives : informatisation et modélisation dialogique des indices comportementaux associés à l’efficacité (vs échec) des stratégies de prise en charge tentées par les thérapeutes. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les résultats aux outils psychométriques mis en lien avec la modélisation formelle des troubles du langages et du discours dans les entretiens retranscrits, offriraient de nouvelles pistes quant à la nature des troubles du sujet dans les registres pragmatico-linguistique, celui des fonctions exécutives, de la cognition sociale et l’activité oculomotrice (fréquence saccadique et fixation du regard). En effet, les troubles cognitifs sont le facteur prédictif le plus important (20-60%) pour le pronostic fonctionnel en tenant compte de la symptomatologie. Une perspective de prise en charge psychothérapeutique sera alors envisagée sur cette base.
Jarvis Looi
« Les effets de l’apprentissage sur corpus sur l’apprentissage du placement des adjectifs épithètes parmi les apprenants du français langue étrangère. »
Sous la direction d’Alex Boulton (ATILF | Université de Lorraine – CNRS), Hassan Roshidah (Malaisie) et Patricia Nora Riget
Marie-Hélène Pierre-Bruère
« Étude théorique du concept de psychopathie et réflexion de prise en charge : approche clinique, développementale, biologique, cognitive et évolutionniste. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Maeva Sillaire
« La concession du quotidien : problématiques descriptives et cognitives. »
Sous la direction de Mathilde Dargnat (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Grégoire Winterstein (UQAM, Montréal)
Dans la littérature sur les relations de discours, la concession occupe une place particulière parce qu’elle est à la fois fréquente, voire omniprésente, et apparemment complexe, ce qui la rend en partie opaque.
Son travail vise à rendre compte de cette double caractéristique.
Pour cela, la première étape consistera en l’articulation de la problématique de la concession à certaines notions plus générales en sémantique et en pragmatique linguistique. Puis, une place importante sera donnée aux observables, à la fois par un travail outillé sur corpus, débouchant sur une base de données d’attestations, et par des expérimentations en EEG et eye-tracking qui contribueront à éclairer le traitement cognitif du phénomène.
La retombée principale de cette thèse sera de nous aider à mieux prendre conscience d’un scénario de communication que nous exécutons, entendons et lisons quotidiennement sans y prêter attention. Également, ce travail participera à renforcer notre vigilance épistémique, autrement dit notre capacité à détecter ce qui, dans notre langue elle-même et dans l’usage qui en est fait, est générateur d’erreur, par l’effet d’un traitement automatique ou d’une manipulation.
Mots-clés : concession, argumentation, sémantique, EEG, eye-tracking
Hélène Weisbrod (Erikson)
« Faire parler une marionnette en anglais : étude d’une proposition de médiation didactique, pédagogique et artistique à visée phonologique en direction de futurs professeurs des écoles dans le cadre de leur mission d’enseignement d’une langue-culture. »
Sous la direction de Dominique Macaire (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Séverine Behra (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Ancrée dans le cadre structurant de la théorie de l’enaction appliquée à la didactique des langues, la recherche s’appuie sur les notions de corporéité de la parole et les concepts associés tels que l’empathie, l’émotion esthétique, la créativité et le flow. Elle s’inscrit à la suite de travaux centrés sur les pratiques théâtrales, réalisés selon ce cadre conceptuel.
Cette approche permet d’envisager une voie divergente de celle de la marionnette éducative ou pédagogique, simple objet de transfert ou medium pour une prise de parole facilitée. Au-delà du recours à la marionnette pour améliorer des compétences orales en anglais, il s’agit d’évaluer la possibilité pour ces étudiants, d’un engagement dans une posture propice aux futures missions d’enseignement par l’oral d’une langue vivante étrangère, par la pratique marionnettique.
Le travail de recherche est transdisciplinaire et convoque la notion de médiation artistique.
Akerke Yessenali
« Représentations de genre dans les dictionnaires monolingues allemands et anglais: une étude de corpus contrastive lexico-sémantique des unités phraséologiques. »
Sous la direction de Hélène Vinckel-Roisin (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Sophie Bailly (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Mots-clés : Lexicographie – Linguistique du genre – Phraséologie – dictionnaires – anglais – allemand
« Gender representations in German and English monolingual dictionaries: lexical-semantic contrastive corpus study of phraseological units »
This thesis project investigates and compares how feminine and masculine genders are represented in a corpus of German and English monolingual online dictionaries. The goal is to analyze the similarities and differences of the various forms of gender representation (egalitarian/non-egalitarian) related to phraseological units (PUs), particularly collocations and idioms, as well as the stereotypes reflected in dictionary definitions and examples. The analysis will be based on a bilingual (English-German) and comparable corpus, which includes the German dictionaries Duden, DWDS, and Wahrig and the English dictionaries Oxford Learner’s Dictionary, Cambridge Dictionary, Merriam-Webster, and Longman Dictionary. Initial empirical observations have already identified significant disparities in gender representation at the level of collocations and idioms: sometimes, there are separate entries for masculine and feminine referents; at other times, there is only a single generic entry with a masculine gender noun. Situated at the intersection of gender linguistics, phraseology, and lexicography, this thesis project approaches the issue from a dual perspective, mainly lexical/lexicographic and semantic, while also integrating the sociolinguistic dimension crucial for examining the identified stereotypes. The samples constructing the corpus will be collected based on the list of ‘key words’ that constitute PUs referring to men and women. Using corpus linguistics methodology, this project will conduct both quantitative and qualitative analyses to test the following main hypotheses: i) German dictionaries are expected to exhibit a higher level of egalitarian gender representations compared to their English counterparts, likely due to Germany’s earlier engagement with gender issues, which developed later in the Anglo-Saxon world; ii) There may be differing levels of attention paid by lexicographers to gender-inclusive linguistic practices across dictionaries; iii) Gender stereotypes are likely to persist in both language sub-corpora, though the extent and nature of these stereotypes may vary depending on the specific dictionary. The anticipated results of this thesis will provide a comprehensive overview of how gender representations and stereotypes are conveyed in online dictionaries available to the general public, in both English and German. Additionally, the project will offer recommendations for lexicographic improvements aimed at fostering more egalitarian and standardized treatment of phraseological units.
Keywords : Lexicography – Gender linguistics – Phraseology – Dictionaries – English – German