Thèses en cours
Johann Araya-Mendez
« Contributions de Joan Coromines et Jakob Jud à la linguistique et philologie des langues romanes. Analyse d’une correspondance inédite. »
Sous la direction d’Anne-Marie Chabrolle (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Francesca Feliù (Universitat de Girona)
Jusqu’à présent, aucun travail n’a été mené ni sur la correspondance échangée entre ces deux linguistes (entre 1928-1952), ni sur la particularité de la relation, humaine et intellectuelle, unissant leurs vies et leurs carrières scientifiques. De ce fait, l’objectif de notre travail de thèse est double. D’un part nous nous intéressons au dépouillement de la matérialité de ces échanges en vue d’une édition informatisée et critique de leur contenu. Cette analyse inclut la description de la spécificité de notre corpus, la transcription des documents qui le composent à partir de principes d’édition que nous avons établis, et enfin l’ajout d’annotations critiques permettant une meilleure compréhension du contexte des échanges.
D’autre part, nous abordons la valeur scientifique de cette correspondance à partir de deux perspectives interdépendantes. La première, épistémologique, visant à étudier l’origine, la construction et le développement des idées et de connaissances scientifiques de Jud et Coromines. La deuxième, historiographique, envisageant l’analyse du contexte politique, socioculturel et intellectuel dans lequel se produisent leurs idées linguistiques, la formation des cercles d’influences autour d’eux et d’autres savants, et enfin la manière dont s’organise et se construit la critique dans ces réseaux et milieux intellectuels.
Pour le traitement de ces aspects, nous utilisons une approche systématique qui permettra finalement de mettre en lumière l’apport de Jud et Coromines au développement de diverses domaines de la linguistique et la philologie vers lesquels ils ont orienté leurs recherches ainsi que le rôle qu’ils ont joué dans la transmission des idées et des connaissances dans ces deux disciplines au début du XXe. Ainsi, notre travail de recherche envisage de reconsidérer le récit de l’histoire de la linguistique suisse, française, espagnole et des langues romanes. Quant au travail d’édition de notre corpus, il viendra compléter la série de correspondances échangées entre Coromines et d’autres linguistes et intellectuels tels que Pompeu Fabra, Ramon Menéndez Pidal, Carles Riba et Pere Coromines.
Jonathan Auclair
« Étude lexicologique des termes musicaux français et de leur apparition, tant dans les écrits pratiques que théoriques de la Renaissance. »
Sous la direction de Yan Greub (ATILF / CNRS – Université de Lorraine) et Cristina Diego Pacheco (Université de Lorraine)
Vincent-Thomas Barrouillet
« Vers une formalisation automatisée des déviations à la logicité dialogique du discours pathologique du sujet schizophrène. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et de Maxime Amblard (Loria)
Antoine Brahy
« Immigration hispanoaméricaine et panhispanisme : étude sociolinguistique des rapports entre la vague migratoire de 1990-2008 en Espagne, une dynamique politico-culturelle et ses transpositions en droit. »
Sous la direction de Anne-Marie Chabrolle-Cerrtini (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Samuel Buchel
« Modélisation linguistique, sémantique et cognitive des incongruités et discontinuités dialogiques dans l’interaction avec le patient schizophrène. (Étape préalable à l’élaboration d’un outil informatisé à visée prodromique et diagnostique). »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et de Maxime Amblard (Loria)
Ikhlas Chaabane
« Annie Ernaux : le malaise existentiel et la rupture avec le genre romanesque. »
Sous la direction de Véronique Montémont (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les écrits des débuts d’Annie Ernaux ne semblent marqués, en apparence, ni par le social ni par le politique. Elle y transpose, dans ses oeuvres, ses expériences d’enfant, d’adolescente et de jeune femme. Elle commence ainsi sa carrière d’écrivain avec un roman autobiographique, Les Armoires vides (1974), où elle raconte l’avortement clandestin de l’héroïne Denise Lesur ; le livre est publié un an avant que l’avortement ne soit légalisé en France. Cet avortement clandestin que Denise Lesur subit n’est pas une invention ou une reconstitution romanesque : la narratrice, même si elle l’évoque dans un roman à la première personne, l’a vécu, dans la même chambre que sa protagoniste, en 1964. Cette première publication, quoique publiée sous forme de roman et bien qu’Annie Ernaux y brouille son identité sous un masque romanesque (il n’existe pas ici la correspondance auteur-narrateur-personnage définitoire de l’autobiographie ; voir Lejeune, 1975), est une représentation fidèle de sa propre expérience quand elle était étudiante. En 2000, en revanche, elle assume l’authenticité de cette expérience en relatant, pour la seconde fois, cet avortement à la première personne : mais cette fois, L’Événement est clairement présenté comme un récit autobiographique.
Avec son ouvrage La Place, publié en 1983 par Gallimard, Annie Ernaux a obtenu le prix Renaudot en 1984. Ce récit retrace la relation de la narratrice avec son père avec son père et explique en partie la rupture vécue avec son milieu d’origine. Par la suite, deux ans plus tard, quand sa mère, qui est atteinte de la maladie d’Alzheimer, meurt Annie Ernaux écrit Une Femme (1986) pour évoquer cette autre figure parentale. La mort de son père représente une étape essentielle qui a bouleversé l’écriture d’Annie Ernaux. Elle trouve dans matériau autobiographique un mode de découverte du réel et de compréhension du monde, ainsi qu’une manière de déchiffrer les cadres socio- politiques dans lesquels s’inscrit son expérience de femme et de transfuge sociale. Depuis La Place, l’écrivaine a en conséquence modifié sa posture d’écriture en abandonnant la forme romanesque qu’elle avait adoptée dans ses trois premiers romans. Désormais, elle essaye d’intégrer sa réalité vécue dans ses livres en rejetant toute sorte de fiction et d’imagination.
Avec une écriture sèche et « plate1 », elle poursuit son investigation familiale et revient sur les événements marquants de sa vie : après l’avortement dans L’Événement (2000), elle raconte une histoire d’amour passionnelle dans Passion simple (1991), le cancer du sein par lequel elle est touchée dans L’Usage de la photo (2005), la mort de sa sœur aînée dans L’Autre Fille (2011), découverte de la sexualité dans Mémoire de fille (2016)…
Comme le soulignent désormais la plupart de ses commentateurs, l’écriture d’Annie Ernaux se trouve à la frontière de la littérature, de la sociologie et de l’histoire (Charpentier : 2006 ; Fort & Houdart-Mérot, 2015). L’écriture sociologique, ou plus exactement « autosociobiographique » (Montémont, 2017) permet à l’écrivaine de choisir une nouvelle forme d’écriture hors de celle romanesque. C’est l’influence sociologique et les livres de Bourdieu qui poussent l’auteure à abandonner le roman et adopter une écriture qui se veut nourrie de réel et au plus proche de lui (Ernaux : 2005) : elle se traduit par une volonté permanente de se confronter aux faits vécus, quand bien même ils auraient été douloureux, honteux, pénibles ou déstabilisants. À travers cette relation forte à l’expérience, il s’agit d’interroger l’ordre du monde et la place du sujet dans celui-ci. Pour ce faire, Annie Ernaux, au-delà du « je » singulier, utilise souvent un « je » qu’elle définit comme comme « transpersonnel » (Ernaux : 1994) voire un « nous » (Montémont, 2011) ; celui-ci reflète non seulement l’expérience individuelle, mais aussi collective. C’est ainsi qu’Annie Ernaux traite des thèmes importants, qui permettent de comprendre la France d après- guerre : à travers sa propre expérience, elle écrit sur les inégalités des classes, le non- dit familial, sexuel, scolaire…
De plus, Annie Ernaux adopte résolument un point de vue genré : à travers ce « je » collectif, elle dénonce également la domination masculine. De ce fait, son engagement politique et féministe peut-être mis en rapport avec le refus d’une écriture prédéfinie, qui met en question la société patriarcale et appelle au changement des mentalités. Cette dimension apparaît clairement dans l’état de l’art, qui montre combien les œuvres autobiographiques de l’auteur sont désormais analysées à plus d’un niveau : formel (Kahn, Macé et Tenant, 2015), psychanalytique (Altounian, 2019), sociologique, stylistique (voir le colloque d’Amiens, en 2016, « Annie Ernaux, les écritures à l’œuvre »), etc.
Nous soumettrons à l’étude des textes qui mobilisent les divers enjeux soulevés. De l’œuvre imposante d’Ernaux, cinq ouvrages vont donc retenir notre attention : Les Armoires vides, La Place et Une Femme, Passion simple, et L’Événement qui retracent successivement son malaise existentiel et son tiraillement entre son monde familial originel et le milieu bourgeois auquel elle a accédé par ses études, ses relations avec son père, sa mère, celles entretenues avec ses amants jusqu’à la rupture de leur liaison et le mal à définir son identité, enfin le vécu de son avortement clandestin en 1963, le tout dans un contexte social, politique, culturel et religieux largement décrit.
L’objectif primordial de notre travail de recherche est d’étudier la rupture avec le genre romanesque chez Annie Ernaux et le passage vers l’auto-sociobiographie, néologisme qu’elle a forgé pour définir ses divers champs d’écriture, en référence à divers travaux de sociologues, dont Pierre Bourdieu, sur les inégalités sociales. Le genre des premières œuvres d’Ernaux, formellement parlant, pourrait être à la fois qualifié d’autobiographique et d’autofictif selon les terminologies respectives de Philippe Lejeune (Lejeune : 1975) et de Philippe Gasparini (Gasparini : 2008). Pour mieux analyser où passe la ligne de démarcation, nous avons le projet de nous appuyer sur la base de données Frantext, dans laquelle l’essentiel des œuvres d’Annie Ernaux a été numérisé. Nous envisageons en particulier des comparaisons sur les marqueurs spécifiques de l’autobiographie que sont les pronoms personnels, le nom de l’auteur, et certaines entités nommées (toponymes et anthroponymes référentiels) ; mais aussi une comparaison des lexiques. Le vocabulaire utilisé par l’auteur, dans l’évolution de son œuvre, traduit-il une plus forte présence des champs politiques et sociaux, et de la question du gender ?
Il s’agit d’interroger à travers l’analyse des variations des écritures d’Ernaux, qui se renouvellent d’un livre à l’autre, les possibilités qu’offre de son œuvre d’être à la fois le lieu d’une fiction et celui d’un travail documentaire dont les éléments sont hautement liés à l’autobiographie qui lui sert de point de départ. Enfin, il s’agit également de voir ce que l’écriture d’Annie Ernaux a de spécifique, si on la compare à des auteurs canoniques du genre autobiographique de la seconde moitié du XXe siècle (Sartre, Beauvoir, Sarraute). Nous aimerions en particulier démontrer comment son écriture agit sur les représentations sociales et notamment sur le remaniement ou la mise en question des stéréotypes féminins.
1 C’est ainsi qu’Ernaux définit elle-même son écriture dans La Place, p. 24.
Bibliographie provisoire
I- Œuvres d’Annie Ernaux
1- Œuvres étudiées
ERNAUX Annie, Les Armoires vides [1974], Paris, Gallimard, coll. Folio, 1984. ERNAUX Annie, La Place [1983], Paris, Gallimard, coll. Folio, 1986.
ERNAUX Annie, Une Femme, Paris, Gallimard, 1987.
2-Autres œuvres d’Annie Ernaux
ERNAUX Annie, Écrire la vie, Paris, Gallimard, 2011
ERNAUX, Annie, Journal du dehors, Paris, Gallimard, 1993.
ERNAUX Annie, La Femme gelée [1981], Paris, Gallimard, coll. Folio, 1987.
ERNAUX Annie, La Honte [1996], Paris, Gallimard, coll. Folio, 1999.
ERNAUX Annie, L’Atelier noir, Paris, Éditions des Busclats, 2011.
ERNAUX Annie, Les Années, Paris, Gallimard, 2008.
ERNAUX Annie, L’Evènement, Paris, Gallimard, 2000.
ERNAUX Annie, MARIE Marc, l’usage de la photo, Paris, Gallimard, 2005.
ERNAUX Annie, Mémoire de fille, Paris, Gallimard, 2016.
ERNAUX Annie, Passion simple [1991], Paris, Gallimard, coll. Folio, 1993.
ERNAUX Annie, Vers un je transpersonnel, R.I.T.M., n° 6, 1994.
3-Entretiens
ERNAUX, Annie, « À 18 ans, j’avais une confiance intrépide dans l’avenir », entretien réalisé par Sophie Joubert, Avril, 2016. URL : https://www.humanite.fr/annie-ernaux-18-ans-javais-une-confiance-intrepide-dans-lavenir-604102.
ERNAUX, Annie, « Annie Ernaux une œuvre de l’entre-deux », entretien avec Marie- Madeleine Million-Lajoinie », Artois Presses Université, 2004.
ERNAUX, Annie, « Annie Ernaux : “Je voulais venger ma race” », entretien avec Grégoire Leménager, 2011.
ERNAUX, Annie, « Annie Ernaux. Les Années », 2009. URL : Le Télégramme https://www.letelegramme.com/ig/dossiers/prix-des-lecteurs/annie-ernaux-les-annees-03-05-2009-275493.php.
ERNAUX, Annie, « Écrire, écrire, pourquoi ? »: entretien avec Raphaëlle Rérolle, Editions de la Bibliothèque publique d’information/Centre Pompidou, 2010. URL : https://books.openedition.org/bibpompidou/1092?lang=fr.
ERNAUX, Annie, entretien avec Catherine Argand accordé au magazine Lire, avril 2000. URL : https://www.lexpress.fr/culture/livre/annie-ernaux_805924.html.
ERNAUX, Annie, à Télérama Dialogue : « Écrire, c’est essayer de sauver le temps passé », Octobre 2016, URL: https://www.telerama.fr/livre/annie-ernaux-a-telerama-dialogue-ecrire-c-est-essayer-de-sauver-le-temps-passe,148248.php.
ERNAUX, Annie, « Entretien avec Annie Ernaux », The French Review, octobre 1995 in Claire-Lise Tondeur, Annie Ernaux ou L’Exil intérieur, Amsterdam, Rodopi, 1996.
ERNAUX, Annie, « L’Écriture comme un couteau », Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet, Paris, Stock, 2003.
ERNAUX, Annie, « Le vrai lieu » : entretiens avec Michelle Porte, Paris, Gallimard, 2014.
ERNAUX, Annie, « Vie de la discipline », entretien avec Kemoun, Nicolas, 1995.
LAACHER, Smaïn, « Annie Ernaux ou l’inaccessible quiétude », entretien avec Annie Ernaux précédé d’une présentation de Smaïn Laacher , Politix, 1991. URL : https://www.persee.fr
II- Articles sur Annie Ernaux
BEST Francine, BLANCKEMAN Bruno, Centre culturel international (Cerisy-la- Salle, Manche). Colloque. 2012-07-06 / 2012-07-13, DUGAST-PORTES, Francine & ERNAUX Annie, Annie Ernaux, le temps et la mémoire, Paris, Stock, 2014.
BOUCHY, Florence, La Place, La Honte d’Annie Ernaux, Paris, Hatier, 2005.
ERNAUX, Annie, Portraits croisés Claire Simon-Annie Ernaux in Cinémas Croisés no 2, printemps-été 2002, in http://www.grec-info.com.
FORT Pierre-Louis & HOUDART-MEROT Violaine, Annie Ernaux : un engagement d’écriture, Paris, Presses Sorbonne nouvelle, 2015.
DUGAST-PORTES, Francine, Annie Ernaux : étude de l’œuvre, Paris, Bordas, 2008. Luquain, Amélie, « hyper-culture: le témoignage d’Annie Ernaux », Ecole Nationale d’Architecture de Versailles, 2015.
ZENETTI Marie-Jeanne, Factographies, Paris, Classiques Garnier, 2014.
III- Articles et essais généraux sur notre sujet
ALTOUNIAN (Janine), « Écrire pour les mères qui n’ont pas pu aller à l’école » in « Écriture de soi, écriture de groupe », Revue de Psychothérapie Psychanalytique de Groupe, n°12, Érès 2019, sous la direction de Alberto Eiguer, Bernard Chouvier.
BARTHES, Roland, Le degré zéro de l’écriture, Paris, Éditions du Seuil, 1953.
BAUDORRE Philippe, RABATÉ Dominique, Société d’études de la littérature française du XXe siècle & VIART Dominique, Littérature et sociologie, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, 2007.
BOUCHY, Florence, La Place (1984), La Honte (1997), Annie Ernaux, Paris, Hatier, 2005.
CHARPENTIER, Isabelle, « “Quelque part entre la littérature, la sociologie et l’histoire…” », COnTEXTES [Online], 1 | 2006, Online since 15 September 2006, connection on 06 January 2018. URL: https://journals.openedition.org/contextes/74.
COHN, Dorrit Claire & HARY-SCHAEFFER, Claude, Le propre de la fiction, Paris, Éditions du Seuil, 2001.
COLONNA, Vincent, Autofiction & autres mythomanies littéraires, Auch. Tristram, 2004.
Écrivaine, Méryl Pinque, « Annie Ernaux : entre assomption et expiation », Synergies Pologne n° 7, 2010.
JARRY, J. (2000). Annie Ernaux : Une femme au cœur de l’écriture. Nuit blanche, magazine littéraire, (80), 14–17.
GRELL, Isabelle, JEANNELLE, Jean-Louis et VIOLLET, Catherine, Genèse et autofiction, Louvain-la-Neuve. Bruylant-Academia, 2007.
LAVAULT, Maya, Le « Nouveau Roman » d’Annie Ernaux : un récit impossible ?, Fabula-LhT, n° 13, « La bibliothèque des textes fantômes », novembre 2014, URL : https://www.fabula.org/lht/13/lavault.html, page consultée le 04 décembre 2017. LEJEUNE, Philippe, Le pacte autobiographique, Paris, Éditions du Seuil, 1975. Meizoz, Jérôme, Éthique du récit testimonial, Annie Ernaux, Nouvelle revue d’esthétique, 2010.
SAVEAN, Marie-France, La Place et Une Femme d’Annie Ernaux, Paris, Gallimard, 1994.
Agathe Chassard
« Dynamiques de construction de l’identité professionnelle des enseignants de français du cycle 4: entre doxas et incertitudes. »
Sous la direction de Dominique Macaire (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Séverine Behra (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Nikolay Chepurnykh
« Processing the Access to Lexical Information Through a Dual Approach Based on the Exploration of Large Lexical Networks and Information Extraction from Corpora. »
Sous la direction de Alain Polguère (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Léo Wanner (ICREA & Université Pompeu Fabra, Barcelone)
Hee-Soo Choi
« Lier des ressources lexicales du français en vue d’une interopérabilité entre niveaux linguistiques. »
Sous la direction de Mathieu Constant (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Karën Fort (Loria)
Clara Cousinard
« L’apprentissage sur corpus : un concordancier au service de l’enseignement et de l’apprentissage de la syntaxe du français parlé en interaction. »
Sous la direction de Virginie André (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Souvent abordée de façon traditionnelle, c’est-à-dire en proposant des règles et des exercices d’entrainement, elle est généralement perçue comme inintéressante voire inefficace de la part des apprenants. L’ASC propose une démarche innovante pour aborder la grammaire de l’oral qui mérite d’être interrogée, expérimentée de façon ponctuelle et longitudinale, et définie avec précision. C’est ce travail de recherche que la thèse va accomplir.
Éléonore De Beaumont
« Enseigner le langage inclusif à un public allophone : attitudes et représentations linguistiques des enseignant·es de FLE et des apprenant·es turcophones. »
Sous la direction de Sophie Bailly (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Yannick Chevalier (Université Lumière Lyon 2)
Barbara Francioni
« Systèmes linguistiques en contact dans le chansonnier provençal D. Étude stratigraphique et philologique des éléments en langue d’oc et en langue d’oïl. »
Sous la direction de Yann Greub (ATILF | CNRS – Université de Lorraine) et Fabrizio Cigni (Université de Sienne)
À partir des études déjà menées sur la structure générale, l’organisation, les sections et les modalités de confection du manuscrit, la recherche se propose de sélectionner un groupe de textes en provençal et en ancien français qui serviront de base d’analyse du point de vue linguistique, en prenant en considération aussi bien les problèmes habituels posés par la scripta du manuscrit entier, que les particularités singulières qui caractérisent les textes sélectionnés, analyse qui aura pour objet aussi la comparaison avec la varia lectio des autres témoins afin de retracer d’éventuelles traces linguistiques d’auteur et de suivre les modalités d’utilisation des sources dans les différents recueils. Pour ce faire, il se révélera intéressant de chercher à distinguer la « main de l’auteur » de celle « du copiste », avec toutes les précautions critiques qu’une étude stratigraphique sur un manuscrit si ancien demande d’appliquer. Évidemment, on ne manquera pas de comparer les résultats de la recherche avec les études linguistiques et stratigraphiques déjà menées sur d’autres chansonniers, surtout de lyrique troubadouresque, afin d’identifier de possibles similitudes et sources communes.
En particulier, on cherchera à mener une étude linguistique différentielle sur les différences régulières et significatives entre
1. les textes spécifiques choisis comme base d’analyse ;
2. les autres textes inclus dans le manuscrit.
En ce qui concerne le point 1, l’étude linguistique différentielle se concentrera sur les différences régulières et significatives entre
a. ces textes spécifiques tels qu’ils sont attestés dans le recueil ;
b. ces textes spécifiques tels qu’ils sont attestés dans d’autres témoins.
Dans la première phase de la recherche, on se concentrera sur la collecte de toutes les études déjà menées sur le manuscrit Estense et, particulièrement, sur l’identification des textes qui serviront de base d’analyse. Dans une deuxième phase, la recherche concernera l’analyse linguistique proprement dite et, parallèlement, le recueil de matériaux de linguistique historique qui puissent aider à localiser les spécificités scriptologiques relevées au cours de l’analyse stratigraphique. Un point clé de cette deuxième phase sera l’identification des questions sur lesquelles l’analyse devra se concentrer, questions qui pourront suivre les trente-sept points du questionnaire tracé par François Zufferey dans ses Recherches. La troisième et dernière phase de travail prévoit l’extension de la base d’analyse à d’autres textes qui se seront relevés comme particulièrement intéressants aux fins de la recherche et la comparaison des constantes scriptologiques et linguistiques de l’Estense avec les autres chansonniers de lyrique en langue d’oc et d’oïl pour chercher à retracer d’éventuelles sources communes et clarifier les rapports littéraires entre Sud de la France et Nord de l’Italie au Moyen Âge.
Il se révèlera intéressant d’examiner aussi bien les séquences des auteurs rangées par les collecteurs, que les « grands absents », les auteurs ou les pièces qui n’ont pas été inclus dans le recueil, qui représente, d’ailleurs, la première tentative d’organisation canonique du matériel littéraire produit en France au Moyen Âge.
Clotilde George
« Analyse de l’interaction en situation professionnelle exolingue dans le cadre de la formation au métier de cuisinier d’apprentis allophones en France. »
Sous la direction de Sophie Bailly (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Maud Ciekanski (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Pauline Gillet
« L’acquisition des interrogatives partielles en français parlé : situation de diglossie ou exploitations différenciées d’une unique grammaire ? »
Sous la direction de Marie-Laurence Knittel (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Christophe Benzitoun (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
La coexistence des formes ci-dessus en français soulève deux séries de questions.
– La faible fréquence des formes à inversion résulte-t-elle d’une plus grande complexité de cette structure, nécessitant un traitement plus élaboré, ou est-elle simplement due à son caractère formel et ‘artificiel’ en français contemporain ? Ou bien encore ces deux phénomènes sont-ils en œuvre ? Ces interrogations constitueront la première thématique de la présente thèse.
– D’autre part, la coexistence de variantes présentant un écart important au sein d’une langue unique, le français, met en évidence l’existence d’une possible situation de diglossie, dans laquelle une langue perçue comme unique par la communauté est implémentée par deux grammaires distinctes par les locuteurs. De là émerge une seconde série de questions, portant sur la manière de rendre compte de la variation entre les formes hautes et basses. Ainsi, on s’interrogera sur les paramètres responsables de la génération de formes différentes, face à ce qui rend compte de leurs points communs.
Toma Gotkova
« Le lexique de l’environnement et de la chimie verte dans le discours ordinaire. Utilisation des réseaux sociaux comme corpus – LEGCOD. »
Sous la direction d’Alain Polguère (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Francesca Ingrosso (LPCT | Université de Lorraine – CNRS)
Un des buts premiers de LEGCOD est de tester le potentiel d’utilisation des données des réseaux sociaux pour créer un corpus linguistique de référence unique qui permettra d’explorer le vocabulaire de l’environnement en- châssé au sein du discours de langue générale. L’échantillonnage de données de réseaux sociaux tels que Facebook, Twitter ou Reddit donnera accès aux interactions des communautés d’internautes sur les sujets environnementaux.
Les corpus extraits des réseaux sociaux seront utilisés pour étudier le lexique de l’environnement et de la chi- mie verte dans le discours de langue générale du point de vue linguistique. Les unités lexicales n’existent pas en isolation; elles sont connectées à l’ensemble du lexique par des liens sémantiques et combinatoriaux. LEGCOD dessinera une carte lexicale des domaines de l’environnement et de la chimie verte sous forme de réseau lexical. La partie empirique de la recherche implique la description des unités lexicales pertinentes dans les Réseaux Lexicaux de l’Anglais et du Français, qui sont des bases de données lexicales génériques, aux applications multiples (Lux-Pogodalla et Polguère, 2011). Leur design est fondé sur un nouveau type de modèle de réseau lexical appelé Système Lexical (Polguère, 2014)3. Un autre trait distinctif de LEGCOD est le traitement des verbes en tant que membres à part entière des lexiques spécialisés, c’est-à-dire des terminologies. Les études des lexiques de domaines de spécialité s’intéressent traditionnellement aux termes qui dénotent des entités (exprimés par des noms), plutôt que des évé- nement, processus et propriétés (typiquement exprimés par des verbes, adjectifs and adverbes). Il existe ainsi un déséquilibre considérable dans la façon dont sont traitées les parties du discours dans les domaines scientifiques et technologiques. Des travaux récents en recherche terminologique mettent l’accent sur le besoin d’analyser et décrire également les unités lexicales spécialisées appartenant à d’autres parties du discours que celle des noms pour assurer une plus grande cohérence de la description lexicographique (L’Homme, 2012).
Mots-clés : lexicographie informatisée; réseau lexical ; vocabulaire spécialisé ; réseaux sociaux comme corpus ; environnement ; chimie verte
Teng Guo
« Le Rôle des Instructions sur les Apprentissages Associatif et Statistique aux Tout-débuts de l’Apprentissage de la Lecture en France et en Chine »
Sous la direction de Daniel Zagar (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Idéalement, l’enseignement de la lecture doit accompagner ces deux mécanismes d’apprentissage en donnant des instructions qui correspondent d’une part aux capacités cognitives de l’apprenti lecteur et d’autre part au niveau d’élaboration des représentations mentales des unités linguistiques que celui-ci élabore progressivement. Par exemple on sait que le pré-lecteur, s’il parvient à associer des lettres à des sons, éprouve en revanche de grandes difficultés à fusionner ces sons en syllabes.
L’objectif de la thèse est double. D’un point de vue théorique il s’agit de mieux comprendre les relations entre apprentissage associatif et apprentissage statistique, relations qui à l’heure actuelle sont très mal connues (et très peu étudiées). Ce projet a également une portée pédagogique. Il consiste à comparer la bénéfice respectif des instructions explicites sur les performances des deux types d’apprentissage (associatif et statistique) en fonction de leur contenu (par exemple des instructions qui concernent les correspondances entre lettres et syllabes et/ou entre lettres phonèmes) et de l’ordre temporel dans lequel on les donne à l’enfant (par exemple en donnant à apprendre d’abord des instructions sur les correspondances lettre/phonème ou sur les correspondances lettres/syllabe).
Lamprini Kakava
« Recherches sur les emprunts lexicaux du protoroman au grec. »
Sous la direction d’Éva Buchi (ATILF / CNRS – Université de Lorraine)
Abdelhak Kelious
« Évaluation de contextes pour l’apprentissage des langues étrangères. »
Sous la direction de Mathieu Constant (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Lidia Kolzun
« Lexicologie théorique et descriptive de la langue russe. »
Sous la direction d’Alain Polguère (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Svetlana Krylosova (INALCO)
Il s’agit d’envisager la modélisation du sens d’une unité lexicale comme un moyen d’accès à ses propriétés individuelles de combinatoire dans la phrase. Plus précisément, nous nous focalisons sur la définition des lexies russes en vue de l’enseignement du russe en seconde langue.
Les définitions lexicales classiques des dictionnaires posent fréquemment problème du fait de certaines faiblesses formelles et de contenu : fréquent manque de clarté, emploi de termes savants, omission des composantes de sens essentielles, cercles vicieux, etc. (Hanks, 1993; Adamska-Sałaciak, 2012).
Afin de palier ces faiblesses de nombreux chercheurs (Wiezbicka 1992, 1993; Kahane, 2003; Iordanskaja et Polguère, 2005; Iordanskaja, 2007; Barque, 2008; Milićević, 2008; Apresjan, 2010, 2014; Polguère 2013, à paraître) se sont tournés vers la structure de définition lexicographique élaborée par la Lexicologie Explicative et Combinatoire (LEC, cf. Mel’čuk et al. 1995).
Tout en tenant compte des apports de ces travaux antérieurs ou en cours, nous allons mettre en place une approche originale de la question, fondée sur l’exploitation des récents acquis en lexicologie théorique et descriptive des réseaux lexicaux.
Les définitions que nous visons se présenteront sous la forme d’une paraphrase écrite dans un métalangage formalisé, excluant toute ambiguïté. De même, leur structure respectera des patrons définitionnels associés à une hiérarchie d’étiquettes sémantiques construite selon les principes établis dans le cadre des travaux sur les bases lexicales explicatives et combinatoires (Polguère, 2011).
Notre recherche exploitera et enrichira les donnés du Réseau Lexical du Russe (RL-ru) dans les deux champs lexicaux significatifs pour la langue russe : celui de la ‘neige’ et celui du ‘déplacement [des êtres animés]’.
Alina Lausecker
« L’accentuation des mots dans l’acquisition bilingue. »
Sous la direction de Ingo Feldhausen (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Amandine Lecomte
« Analyse longitudinale de prise en charge psychothérapeutique de patients psychiatriques et de patients atteints de maladies neurodégénératives : informatisation et modélisation dialogique des indices comportementaux associés à l’efficacité (vs échec) des stratégies de prise en charge tentées par les thérapeutes. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les résultats aux outils psychométriques mis en lien avec la modélisation formelle des troubles du langages et du discours dans les entretiens retranscrits, offriraient de nouvelles pistes quant à la nature des troubles du sujet dans les registres pragmatico-linguistique, celui des fonctions exécutives, de la cognition sociale et l’activité oculomotrice (fréquence saccadique et fixation du regard). En effet, les troubles cognitifs sont le facteur prédictif le plus important (20-60%) pour le pronostic fonctionnel en tenant compte de la symptomatologie. Une perspective de prise en charge psychothérapeutique sera alors envisagée sur cette base.
Eulalie Lomon
« Les TICE pour surmonter l’anxiété langagière lors des interactions orales en classe d’anglais. »
Sous la direction d’Alex Boulton (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Virginie Privas-Bréauté (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les TICE redéfinissent considérablement l’espace classe tout en touchant particulièrement les activités langagières de production (production orale et production écrite) à travers la mise en place de nouvelles tâches alors inconcevables auparavant. Il est maintenant possible d’offrir des enseignements bien plus proches des besoins des élèves tout en leur permettant de dépasser leurs préjugés mais aussi leurs craintes liés à l’apprentissage d’une langue étrangère. Lorsque les apprenants s’expriment à l’oral dans la langue étrangère étudiée, ils se retrouvent sans le filet de leur langue maternelle et peuvent se sentir jugés par leurs pairs mais aussi par leur professeur. Cette anxiété ressentie par certains apprenants lors de toute production dans la langue cible se nomme « anxiété langagière » et peut alors bloquer l’élève dans son apprentissage.
Les nouvelles technologies sont présentes dans le quotidien de tous les élèves et les inclure en classe de langue les motivent tout de plus et pourraient les aider à entrer dans une logique de dédramatisation de toute tâche de production. En effet, les outils numériques permettent de redéfinir toute tâche mais aussi de varier au maximum les activités de manière ludique tout en accentuant le lien entre la maison et l’école mais aussi le lien entre l’école et le pays de la langue étudiée. Chaque élève se voit recevoir les mêmes chances de réussite puisque les TICE permettent une différenciation pédagogique accrue mais amènent aussi le pays de la langue étudiée en dehors de la classe mais aussi directement au sein de la classe grâce aux tandems et échanges numériques.
Cette thèse propose d’observer et d’analyser la redéfinition de la classe de langue par l’usage des TICE au sein d’un dispositif hybride dans une perspective de fournir des mises en œuvre accompagnées d’outils concrets afin d’amener les élèves à surmonter leur anxiété langagière en classe de langue à travers le prisme des sciences cognitives. Cette thèse à pour objectif d’étudier comment les TICE permettent d’instaurer un cadre sécurisant et encourageant pour les élèves du secondaire en classe de langue anglaise lors de toute activité d’interaction orale afin de leur permettre de prendre des risques dans le but de dépasser leur anxiété langagière.
Polina Mikhel
« Étude multilingue du lexique de la chimie à l’interface entre terminologie et langue générale
(Multilingual study of the lexicon of chemistry at the interface of terminology and general language). »
Sous la direction d’Alain Polguère (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Francesca Ingrosso (LPCT | Université de Lorraine – CNRS)
Sur le plan théorique, la recherche vise, d’une part, à apporter une solution au problème de la modélisation formelle et rigoureuse de la multidimensionnalité inhérente à l’organisation des terminologies, c’est-à-dire le fait que les termes peuvent être appréhendés et les terminologies parcourues selon de multiples axes. D’autre part, et de façon liée, la recherche vise à rendre compte de l’interdépendance entre lexique de langue générale et lexique terminologique.
Sur le plan pratique, la thèse débouchera sur des modèles terminologiques multilingues de la chimie, en français, en anglais et en russe. Ces modèles, conçus pour évoluer et être enrichis sur le long terme, seront des outils exploitables par les scientifiques aussi bien que par les enseignants en chimie. La recherche est de ce fait destinée à avoir une résonance non seulement dans le domaine de la recherche en lexicologie et terminologie, mais aussi auprès de la communauté des chimistes.
Le projet se situe dans la thématique des études lexicales, qui sont au cœur du projet scientifique du laboratoire ATILF. Il présente l’originalité d’aborder le sujet du rapport entre terme et non-terme dans le cadre des travaux menés à l’ATILF sur les grands réseaux lexicaux. Une exploitation intensive sera faite des modèles lexicaux développés depuis plusieurs années au laboratoire. En retour, la recherche doctorale alimentera ces ressources en données sur les terminologies anglaises et françaises de la chimie.
Marine Noël
« Poétiques du récit de retour aux origines du documentaire au roman suivi de Autoroute 31. »
Sous la direction de Véronique Montémont (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Claire Legendre (Université de Montréal)
Pour ce travail, je m’appuie sur les théories du roman et sur les études liées à l’autobiographie (Véronique Montémont). La photolittérature en tant que champ d’études (Danièle Méaux, Jean-Pierre Montier, Véronique Montémont, Servanne Monjour) sert ma recherche pour les deux volets. Une approche sociocritique me permet de penser les évolutions de la ruralité (Pierre Popovic, Régine Robin, Nelly Wolf) tant dans les représentations littéraires que dans un contexte historique et socio-économique, et pour étudier la place du transclasse au sein du littéraire. J’étudie les théories de Pierre Bourdieu (La distinction), Chantal Jaquet (Les transclasses ou la non-reproduction) et Didier Eribon en relation avec certains des textes du corpus. Souhaitant souligner l’émergence d’une littérature contemporaine qui traite des campagnes et qui met en scène des transclasses, j’interroge la possibilité d’une poétique commune entre ces œuvres.
Le volet création, qui s’intitule Autoroute 31, est un travail tant documentaire que littéraire, qui sollicite deux pratiques – l’écriture et la photographie – et qui entremêle deux textes : un récit d’autofiction et un texte documentaire. Le premier relate l’expérience d’une jeune fille et de son entourage dans un village du Nord-Est de la France. Le second texte est fait de témoignages au discours direct, d’anecdotes et de récits de ma propre expérience en tant que « jeune du village » qui revient sur les lieux où elle a grandi. Cette œuvre de photolittérature, alternant le récit de fiction, le documentaire et le photoreportage, a pour objectif d’offrir une représentation actuelle du monde rural dans un contexte français. J’accorde une attention particulière au travail de cette hybridité formelle, entre genre romanesque et photo-reportage.
Sylvain Perraud
« Anglais de spécialité de la physique dans le contexte de l’enseignement supérieur et de la recherche : caractérisation et perspectives didactiques. »
Sous la direction d’Alex Boulton (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Marie-Hélène Pierre-Bruère
« Étude théorique du concept de psychopathie et réflexion de prise en charge : approche clinique, développementale, biologique, cognitive et évolutionniste. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Chloé Provot
« Un accompagnement de l’échange franco-allemand des enseignants du premier degré. »
Sous la direction de Dominique Macaire (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Julia Putsche-Fisher (Université de Strasbourg)
Cette recherche vise à enrichir les travaux déjà menés sur ce dispositif d’échange (Dupas, 1998 et Perrefort, 2013). La méthodologie de recherche utilisée est qualitative et comporte plusieurs types de recueil de données : un questionnaire envoyé à l’ensemble des participants en amont et en aval, des entretiens menés avec une dizaine d’enseignants (répartis des côtés français et allemand), des interviews avec des représentants de l’OFAJ et de l’institution scolaire des deux pays, des observations de classes in situ et de stages organisés par l’OFAJ. Les données seront collectées pendant l’année universitaire 2020-2021 et complétées par des rapports d’enseignants ayant participé à l’échange depuis de nombreuses années.
Claire Schlienger
« Le syntagme prépositionnel marquant l’inclusion : analyse diachronique de en, dans, dedans, à. »
Sous la direction de Sylvie Bazin (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
Les prépositions « dans » et « en » ont fait le sujet d’ études synchroniques (Gougenheim (1940), Guimier (1978)), diachroniques comme l’analyse de Fagard & Sarda (2007). Ces travaux se limitent soit à une période, soit à une valeur sémantique, soit à une comparaison entre deux prépositions.
Cette présente étude traite, de façon diachronique (de l’ancien français au français moderne), l’évolution sémantique (propriétés, changements, limites) des prépositions « en », « dans », « dedans » et « à » exprimant une relation d’inclusion dans un syntagme prépositionnel. L’analyse est centrée en particulier sur les changements, les spécialisations et les concurrences entre les prépositions, dans une période limitée, du XIVème au XVIIème siècle.
Une approche polysémique permet d’analyser tous les sens exprimés par les syntagmes prépositionnels, de les hiérarchiser, et de déterminer leurs conditions d’emploi. La division par périodes facilite la description des comportements correspondants à chaque époque, conduisant ensuite à définir des critères d’évolution syntaxique et sémantique.
Cette étude permet d’avoir une appréhension beaucoup plus fine de la distribution des différentes prépositions sur le plan à la fois chronologique et sémantique, avec une attention particulière pour la période centrale (MF-XVIe s).
Jonathan Szajman
« Les parcours de formation linguistique pour adultes allophones en Région de Bruxelles-Capitale : tensions entre idéologies linguistiques et connaissances scientifiques. Analyse des rapports entre discours institutionnels et programmes de formation. »
Sous la direction d’Hervé Adami (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
La recherche porte sur les discours des acteurs agissant dans l’organisation des formations linguistiques destinées aux adultes allophones en Belgique francophone et plus particulièrement en Région de Bruxelles-Capitale.
Arthur Trognon
« Diagnostic du Syndrome de Shwachman-Diamond par des investigations cognitives et dialogiques. »
Sous la direction de Michel Musiol (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Jean Donadieu (Hopital Trousseau Paris)
Une étude récente a décrit l’impact des mutations SBDS sur le développement du système nerveux. Ces données ont suggéré que les patients SDS présentent un rétrécissement global des volumes corticaux dans les deux hémisphères, en particulier dans le cortex cingulaire antérieur et les régions hippocampique. Ils ont également observé des anomalies cérébrales diffuses dans la matière grise ainsi que des disruptions de la connectivité myélinique (Perobelli et al., 2015).
Bien que ces données cérébrales pourraient permettre d’expliquer en partie la symptomatologie clinique observée chez les patients SDS, les données de la littérature disponibles concernant le retentissement linguistique, psychologique et psycholinguistique de ces altérations sont rares. Actuellement, il a été démontré que les sujets porteurs du SDS présentent des altérations cognitives diffuses, avec notamment un affaiblissement de l’efficience intellectuelle et un syndrome dysexécutif (Aggett, Harries, Harvey, & Soothill, 1979; Cipolli et al., 1999; Kent, Murphy, & Milla, 1990; Kerr, Ellis, Dupuis, Rommens, & Durie, 2010; Perobelli et al., 2015), en dépit d’une importante variabilité intragroupe (Perobelli, Nicolis, Assael, & Cipolli, 2012).
Cependant, aucune donnée n’existe concernant la retentissement de ces anomalies cognitives sur les interactions sociales et en particulier dans le cas de l’interaction sociale humaine la plus naturelle : l’interaction dialogique.
Certains travaux ont déjà examiné les conduites conversationnelles associées à certaines pathologies mentales comme la schizophrénie (Musiol & Rebuschi, 2007; Trognon, 1992), ou l’autisme (Gerardin-Collet, 1999) ; ainsi qu’à certaines pathologies dégénératives ou neurologiques comme la maladie d’Alzheimer (Jacob, 2017) ou le polyhandicap (Bocéréan & Musiol, 2017), et les traumatismes crâniens (Dardier, Delaye, & Laurent-Vannier, 2003; Peter-Favre, 1999). Le Syndrome de Shwachman-Diamond, appartenant à la seconde catégorie citée ci-dessus, n’a lui, donné lieu à aucune étude systématique, bien qu’une étude exploratoire ait été réalisée (Batt et al., 2017; Canton et al., 2016).
Alors que dans cette étude exploratoire, la partie dialogique et l’évaluation neuropsychologique sont conçus séparément, ils seront dans la présente étude intégrés de façon à ce que l’évaluation des conduites dialogiques ne soit pas une tâche parmi d’autres, se positionnant comme une tâche super-ordonnée garantissant l’aspect écologique de celle-ci. Nous utiliserons à cet effet un dispositif original créé pour l’expérience, le Trognon Ecological Side Task for the Assessment of Speech-Act Processing (TEST-ASAP ; publication en cours de préparation). Cette tâche est subdivisée en trois sous tâches afin de mesurer les aspects inférentiels d’une part ; l’induction comportementale sous instruction et l’induction comportementale nécessitant une inférence préalable, permettant ainsi de mettre en évidence des dissociations, cette tâche étant intégrée dans le processus même d’évaluation neuropsychologique.
Ces données dialogiques seront enregistrées, transcrites verbatim, puis analysées à l’aide d’une méthode dérivée des travaux de (Caelen, 2003 ; Caelen, 2007 ; Caelen & Xuereb, 2019). Cette approche, initialement conçue pour étudier les interactions homme-machine en 2003, a été généralisée en 2019 à l’analyse de tout dialogue naturel. L’intérêt de cette approche est qu’elle permet d’intégrer à la fois la théorie des actes de langage dans une version dialogique, et la SDRT (Segmented Discourse Representation Theory – Asher & Lascarides, 2003).
L’utilisation de techniques d’analyse d’interaction homme-machine pour étudier le dialogue naturel se justifie ici par la construction de la tâche, dont l’issue et son déroulement sont prédictibles chez le sujet neurotypique (dialogue idéal ayant les caractéristiques d’un dialogue coopératif où les interactants s’entraident vers un but commun), et dont toutes les autres configurations seraient considérées comme incidentielles (non optimales et détectées par ces méthodes).
Une fois ces interactions catégorisées chez les patients SDS et les sujets contrôles, elles seront encodées informatiquement à l’aide d’une procédure décrite par (Cooper, 2019), et permettront d’être utilisées comme données d’un algorithme de machine-learning permettant de distinguer les deux populations si elles présentent des différences objectivables sur le plan dialogique pouvant servir de base pour réaliser un algorithme de diagnostic.
Raquel Trujillo Asensio
« La retirada : analyse linguistique des discours français et espagnol [1939-2019] d’un exil républicain. »
Sous la direction d’Anne-Marie Chabrolle-Cerretini (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Narcis Iglesias Franch (Universitat de Girona)
En 2019, quatre-vingt ans se sont écoulés depuis cet exil des républicains espagnols qui marque la défaite des républicains contre les franquistes. Si l’Espagne a connu plusieurs mouvements d’exils durant cette guerre civile, celui-ci se distingue par son ampleur puisque sur quelques jours ce sont environ 400 000 personnes qui franchirent à pied la frontière du côté des Pyrénées Orientales. Devant un tel afflux, les autorités françaises ont regroupé sur les plages proches de la frontière les réfugiés et les ont sommés de se construire à même le sable des abris de fortune hors de toute condition minimale d’hygiène. C’est cet épisode de l’histoire commune franco-espagnole qui constitue le contexte de notre thèse. La Retirada est un événement dont le récit s’est construit et reconstruit depuis 1939 de part et d’autre des Pyrénées. Cet exil particulier ne cesse de prendre une forme historique, interpellant directement la gestion de la mémoire des états (pacte du silence et loi d’amnistie en Espagne en 1977 par exemple), des institutions culturelles, des individus, des silences de deux générations. Nous voulons contribuer à l’écriture de ce récit en analysant les discours provenant des deux pays de la fin janvier 1939 à décembre 2019. Ainsi les témoignages des exilés, de la population française, les textes administratifs et des autorités française et espagnole et la presse de deux pays mais aussi les discours des musées seront étudiés pour nourrir à partir d’un certain nombre de notion clés le récit de cet exil depuis les faits jusqu’à ce quatre-vingtième anniversaire et saisir toute l’évolution de sa perception.
Hélène Weisbrod (Erikson)
« La rencontre entre les arts marionnettiques et la pratique orale en anglais dans le contexte de la formation des professeurs des écoles en enseignement-apprentissage des langues-cultures. »
Sous la direction de Dominique Macaire (ATILF / Université de Lorraine – CNRS) et Séverine Behra (ATILF / Université de Lorraine – CNRS)
Charlène Weyh
« L’évolution du système verbal français entre régulation et normes (1300 – 1700) le cas du présent. »
Sous la direction de Sylvie Bazin (ATILF | Université de Lorraine – CNRS) et Bérengère Bouard (ATILF | Université de Lorraine – CNRS)
À l’époque des Remarqueurs, il subsiste de nombreuses hésitations sur les formes verbales, car les mécanismes analogiques ont créé de nouvelles formes qui n’ont pas forcément remplacé les formes historiques. Les règles du bon usage vont progressivement éliminer ces hésitations et « bloquer » les mécanismes analogiques qui auraient pu continuer de se déployer dans certains cas, dans une logique de « réduction » de la langue commune et des variantes, d’où la distinction entre des formes ‘normées’ et des formes jugées ‘déviantes’, pourtant produites parfois par des mécanismes analogiques du même type, ainsi croyons / croient et *croyent vs pouvons / peuvent.
Il s’agira donc de réfléchir aux multiples paramètres qui ont pu jouer dans les transformations et les normalisations des paradigmes verbaux au présent de l’indicatif. Le cadre sera celui d’une étude linguistique associant description du système verbal du français et histoire des représentations du français, et ce dans une diachronie longue, dans la mesure où certains alignements et réfections sont très anciens, d’autres sont le fait de la période du Moyen Français compris au sens large (14e – 1630) et d’autres enfin ont tardé à trouver une résolution.