Lexicographie franco-allemande

Axe Lexicographie franco-allemande

 

Présentation de cet axe

Le groupe de lexicographie franco-allemande | GLFA se fixe globalement comme objectif de conduire des recherches sur le lexique allemand ou français dans une double perspective lexicographique et contrastive (allemand-français).
Compte-tenu de l’histoire de l’équipe, de sa composition et des intérêts de ses membres en activité, ont été privilégiés les mots du discours, la phraséologie et la création lexicale.

Par delà leurs différences, ces axes de recherche ont des caractéristiques communes :

Une perspective contrastive français/allemand,
Une inscription dans la lexicologie et la lexicographie,
L’importance de l’idiomaticité, des liens forts avec le texte et le discours (context sensitivity)

1. Objet de la recherche

Les divers projets, réalisés ou prévus, du GLFA se caractérisent incontestablement par leur originalité :

Mots du discours

Il n’existe actuellement, en dehors du dictionnaire des Invariables difficiles achevé en 2002 et refondu en 2009 (traduction, adaptation, révision) pour la maison d’éditions allemande Walter de Gruyter (New York / Berlin), aucun autre dictionnaire bilingue de ce type.

Le seul dictionnaire bilingue existant est celui de E. König, D. Stark et S. Requardt : Adverbien und Partikeln. Ein deutsch-englisches Wörterbuch, paru aux éditions Groos : ouvrage d’initiation, aux dimensions modestes (270 pages pour 130 entrées) dont les descriptions peu élaborées reposent pour l’essentiel sur des exemples construits. Il n’existe pas non plus de dictionnaire monolingue allemand des éléments de ce type, si ce n’est le petit ouvrage de Gerhard Helbig : Lexikon deutscher Partikeln, lui aussi de dimensions modestes (258 pages) et dont les exemples, tous fabriqués, ne sont pas toujours très naturels.

Il n’existe pas davantage de dictionnaire des mots du discours dans le sens français-allemand ou français – autre langue. Le dictionnaire du GLFA, représente donc un outil nouveau, irremplaçable, et qui devrait rester longtemps unique, pour les enseignants comme pour les traducteurs et les linguistes.

Phraséologie et phraséographie

Le nombre de publications en phraséologie est extrêmement important, et les directions de recherche sont nombreuses, que ce soit en France ou en Allemagne. Cependant il y a encore du « grain à moudre » dans différents domaines et le GLFA a sa carte à jouer dans ce domaine : l’approche contrastive et traductologique des expressions idiomatiques est encore peu approfondie, il y a peu de travaux de fond en lexicographie bilingue, les publications ont parfois tendance à déborder du domaine de la linguistique et de la sémantique proprement dites vers la sociolinguistique et une approche historique ou ethnologique. Il y a aussi assez peu de travaux qui intègrent une approche textuelle et une analyse qui tienne compte du contexte linguistique et des variantes des phrasèmes. C’est pourquoi la constitution d’un dictionnaire contextuel bilingue des phrasèmes est innovante et originale dans la situation scientifique actuelle.

Dans le domaine de la phraséologie, le projet de phraséographie bilingue (français-allemand), à savoir un dictionnaire d’actes de langage stéréotypés ALS est coordonné par le GLFA. Ce sont des expressions «toutes faites » telles que « la belle affaire », « tu parles », « penses-tu », « cause toujours », « ben voyons », « faut voir », « c’est tout vu » et en allemand « das ist die Höhe », « na warte », « wennschon, dennschon » etc., qui sont de petits énoncés stéréotypés par lesquels on réalise des actes de langage liés à des intentions bien précises. Ces « actes de langage stéréotypés » souvent confondus avec des expressions n’ayant pas valeur d’énoncé (« à vrai dire », « au fond », « somme toute »), n’ont guère été décrits à ce jour et n’apparaissent que très sporadiquement dans les dictionnaires unilingues comme bilingues. Leur définition, leur classification et leur traitement lexicographique sont une œuvre originale qui n’a jusqu’à présent pas été entreprise avec la rigueur scientifique nécessaire. Après la phase de conception et de mise en place des critères d’analyse et de traitement lexicographique, le corpus de bi-textes français-allemands à la base du dicitonnaire a été standardisé, actualisé et fait l’objet d’extensions régulières. Un certain nombre de microstructures du dictionnaire ont été rédigées (chacune fait entre 10 et 15 pages) : elles sont régulièrement publiés dans les Nouveaux Cahiers d’allemand.
Une version électronique du dictionnaire est à présent en cours d’élaboration.

Création lexicale

Il existe un très grand nombre de publications dans ce domaine (plus de 500 ces vingt dernières années), mais il y a de nombreux progrès à faire dans les directions suivantes que le GLFA propose d’explorer :

Analyse d’orientation contrastive, en particulier le rôle des faux-amis, des emprunts au français, à l’anglais et au fonds gréco-latin (Euro-Latein, Lehn-Wortbildung) dans la formation lexicale en allemand. La fonction des sigles et abréviations est également un domaine pour l’instant peu exploré
Analyse textuelle, à savoir l’examen des relations entre texte et création lexicale (par exemple les « macro-composés »), et l’élaboration de modèles, d’inspiration essentiellement systémique, dans ce domaine
Les liens entre création lexicale et phraséologie sont également prometteurs, en particulier la fonction des composés dans les phraséologismes.

2. Méthodologie
La recherche du GLFA s’appuie depuis l’origine et s’appuiera de plus en plus sur des corpus spécifiques créés pour des projets particuliers (corpus de textes des Invariables difficiles, corpus parallèles bilingues, corpus issus de projets réalisés (corpus d’expressions idiomatiques du projet Lexitec) ainsi que des corpus pré-existants de l’ATILF (Frantext, Marges…).

Le projet Corpus parallèles permettra, lorsqu’il sera achevé, d’avoir un corpus textuel de plusieurs centaines d’œuvres littéraires en français et en allemand et sera la base d’un projet en phraséographie bilingue, c’est-à-dire la constitution d’un dictionnaire bilingue, avec contexte et traductions, de phrasèmes français et allemands, à savoir les « actes de langage stéréotypés » qui ont comme caractéristiques leur statut d’énoncé, leur figement sémantique et morphologique et leur fonction essentiellement pragmatique.

Ce projet de dictionnaire contextuel de phrasèmes basé sur les projets précédents permettra de transcender les dictionnaires traditionnels de phrasèmes, qui se cantonnent en général à des traductions simples de type « terme à terme », sans définitions, sans précision du sens contextuel des phrasèmes, ni de leurs variantes, ni des différentes traductions de ces variantes. Les corpus constitués et en cours permettront d’avoir les moyens de faire sauter ces « verrous méthodologiques ».

 

Membres de cet axe

Eugène Faucher
Yvon Keromnes
Maurice Kauffer (coordinateur)
René Métrich
Anne-Marie Nahon-Raimondez
Caroline Pernot, membre associée de l’ATILF à l’Université de Lorraine – site de Metz
Anja Smith

Membres extérieurs et coopérations :
Jörn Albrecht (Heidelberg, RFA)
Vincent Balnat  (Strasbourg), jusqu’en 2012
Yves Bertrand (Université Paris X)
Giuseppe Cadeddu (Nancy, LIS)
Antje Gualberto-Schneider (Strasbourg), jusqu’en 2012
Martina Drescher, professeur de romanistique à l’Université de Bayreuth, RFA
Françoise Hammer (Karlsruhe, RFA)
Heinz-Helmut Lüger, professeur de romanistique à l’Université de Koblenz-Landau, RFA
Katrin Pfadenhauer (Bayreuth, RFA)
Ramona Pech (Bayreuth, RFA)
Francine Roussel (Nancy, FRA)

 

Projets et actions

Projet de dictionnaire des Actes de langages stéréotypés – ALS

Responsable : Maurice Kauffer

Ce projet phraséologique a comme objectif la création d’un dictionnaire bilingue phraséologique des actes de langage stéréotypés ALS). Les dictionnaires phraséologiques bilingues étant en général de piètre qualité, car peu complets, approximatifs et élaborés selon des critères peu scientifiques, celui-ci aura une plus grande exigence de qualité scientifique.

Ce dictionnaire des ALS sera par conséquent :

Un dictionnaire bilingue (français/allemand pour le moment, mais on peut envisager d’y intégrer par la suite d’autres langues),
Un dictionnaire des actes de langage stéréotypés (stereotype Sprechakte), à savoir des phraséologismes qui ont les critères suivants : valeur d’énoncé, caractère idiomatique (non-compositionnalité du sens) et enfin fonction essentiellement pragmatique. En effet, un ALS est en général une réaction à un « état de choses » et peut exprimer regret, étonnement, menace, doute, désapprobation etc., 
un dictionnaire contextuel : avec non seulement des exemples authentiques pour chaque ALS, mais aussi des traductions authentiques des ALS et de leur contexte dans l’autre langue,
Un dictionnaire basé sur corpus : utilisation de corpus de textes (Frantext, Marges, corpus de l’Institut für Deutsche Sprache à Mannheim, e-books, etc.), de « corpus parallèles » de textes français et allemands du GLFA en cours de constitution, de dictionnaires électroniques (TLFi, DWDS, etc.) pour les exemples authentiques français et allemands et leurs traductions. Nous nous baserons également sur l’expérience lexicographique résultant de l’élaboration du dictionnaire des Invariables difficiles et du Wörterbuch deutscher Partikeln (René Métrich, Eugène Faucher) et du dictionnaire électronique de phraséologie Lexitec (coordonné par Maurice Kauffer).

L’ensemble des membres du GLFA participe à ce projet, avec en outre la collaboration de Caroline Pernot, Heinz-Helmut Lüger, Martina Drescher, Ramona Pech et Katrin Pfadenhauer.  Le travail réalisé jusqu’à présent a permis de collecter les ALS en français et en allemand (plus de 400 dans chaque langue), de définir la macrostructure, de mettre au point un modèle de microstructure et de rédiger les premières microstructures (une dizaine de pages chacune en moyenne) avec contextes bilingues et traductions.

Ce projet a permis également d’organiser chaque année un workshop d’initiation à la recherche, alternativement à Nancy-Metz (2013, 2015) et Bayreuth (2014, 2016).
 Le GLFA a également organisé les 11-12 décembre 2014 à l’ATILF un colloque international de phraséologie. Les actes seront publiés chez Stauffenburg (Tübingen). Une journée d’étude a également été organisée à l’ATILF le 7 octobre 2016 sur « Pragmatèmes, formules de routine, actes de langage stéréotypés et autres phraséologismes ».

Projet de dictionnaire français-allemand des mots du discours

Responsable : René Métrich

Le projet est réalisé en collaboration avec le professeur Jörn Albrecht, ex-directeur de l’Institut de Traduction et d’Interprétariat de l’Université de Heidelberg.
 Le projet consiste en la réalisation d’un dictionnaire électronique français-allemand d’un certain nombre d’éléments généralement rangés sous la notion générale de mots du discours (ou encore de particules énonciatives).

L’objectif est de mettre à la disposition des germanistes francophones et des romanistes germanophones, des enseignants et des étudiants avancés ainsi que des linguistes un outil de compréhension, d’enseignement et de traduction de ces éléments réputés difficiles. 
Beaucoup de ces mots ont déjà fait l’objet de recherches linguistiques, mais le plus souvent dans le cadre de problématiques plus larges, notamment argumentatives ou discursives. La plupart s’adressent exclusivement aux linguistes et supposent la maîtrise d’outils théoriques spécifiques. Le projet vise à proposer une description intelligible au non spécialiste et aussi « exhaustive » que possible. De façon schématique on pourrait dire qu’il vise à être une sorte de TLFi des mots du discours, type de mots sur lesquels le TLF est généralement assez faible (cf. le traitement réservé à des éléments comme écoute ou remarque).
 Ce projet touche à la pragmatique, à la lexicographie bilingue ainsi qu’à la traductologie. Il fait suite à un premier dictionnaire, allemand-français, réalisé de 1990 à 2002 et publié en 4 tomes sous le titre Les Invariables Difficiles, d’un volume total de près de 1500 pages.

Projet Corpus parallèles

Responsable : Maurice Kauffer pour la partie linguistique et l’équipe de soutien à la recherche STR de l’ATILF pour la partie informatique

Le GLFA a pris l’initiative début 2009 de lancer un projet de phraséographie visant à constituer un dictionnaire des ALS.
Il s’agit d’un dictionnaire bilingue (français/allemand), ayant pour objet les actes de langage stéréotypés, mais également contextuel et basé sur corpus. La constitution d’un corpus est donc un point particulièrement important de ce projet. Or le GLFA dispose d’un corpus bilingue de 466 textes français et allemands, essentiellement des œuvres littéraires originales et leurs traductions, constitué depuis 1990 par les germanistes du GLFA (avec l’aide de leurs étudiants de maîtrise et de quelques personnes extérieures).

Grâce au premier projet « Corpus parallèles » (2007-2010), 130 textes ont été relus, corrigés et munis d’une fiche TEI de métadonnées utiles pour les étapes ultérieures de traitement et d’exploitation du corpus (conversion, alignement, annotation linguistique, création d’une interface de recherche) : données bibliographiques de description des œuvres et de leur traduction, paginations et leurs projections, paragraphes etc. Plusieurs projets internes ont permis de standardiser et harmoniser le corpus de bi-textes et de le munir de métadonnées complètes pour qu’il soit facilement exploitable par des concordanciers. Des extensions régulières du corpus ont eu lieu grâce à la numérisation de nombreux bi-textes français et allemands. Un espace de travail en ligne facilite également les travaux du GLFA.
 Il s’agira par la suite de procéder à l’alignement bilingue de ces textes et de leurs traductions dans le cadre des ressources informatiques existantes, c’est-à-dire d’intégrer ces textes dans un concordancier bilingue.

Ce corpus répondra aux objectifs suivants :


Mettre à disposition des participants du projet ALS un moyen performant et rapide d’interrogation du corpus de textes afin d’en extraire les occurrences d’ALS en contexte et leurs traductions, ce qui est essentiel pour un dictionnaire qui se veut être bilingue et contextuel. Cela constituera un gain de temps très appréciable par rapport à la recherche successive des occurrences dans un texte puis dans sa traduction (recherche utilisant pour le moment le concordancier Microconcord)
M
ettre ainsi ce corpus à la disposition d’autres projets du GLFA, en particulier le dictionnaire français-allemand des mots du discours actuellement en cours d’élaboration sous la direction de René Métrich

Mettre ce corpus à la disposition de l’ensemble des membres de la communauté scientifique ATILF et autres, qui pourront l’interroger, bien sûr dans le respect des droits d’auteurs existants

Revue Nouveaux Cahiers d’Allemand

Responsable : René Métrich

Les Nouveaux Cahiers d’Allemand (1983 sq) sont un trimestriel de linguistique et de didactique dont la responsabilité rédactionnelle incomba jusqu’en 2012 au fondateur du Groupe lexicographique, ancêtre immédiat du GLFA, et, depuis lors, à Mme Schneider-Mizony, professeur à l’Université de Strasbourg. Son originalité dans le paysage des périodiques de linguistique allemande tient au fait qu’il est la seule revue universitaire française œuvrant à la promotion de l’acquisition immersive et précoce de l’allemand, y compris dans sa variante orale dans le quart nord-est de la France, en milieu scolaire et pré-scolaire.

Consulter la rubrique dédiée à la revue

 

Contacts de cet axe


 

Publications de cet axe

Principales publications (2007 > 2016) des membres du GLFA.

Liste de publications de Maurice Kauffer (1990 > 2020), animateur du GLFA.