historique 2016 séminaires

Historique 2016 des séminaires de l’ATILF

Séminaire ATILF

La part langagière de la recherche d’emploi : analyse des interactions des locuteurs en insécurité langagière

Valérie Langbach (ATILF / CNRS – Université de Lorraine)

16 décembre 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Vidéo et résumé
De nombreux travaux ont traité de l’échec scolaire, la question de l’insécurité langagière des adultes natifs a en revanche été très peu étudiée. Au-delà des débats politiques et idéologiques, la question scientifique et l’enjeu d’aujourd’hui sont de comprendre si la maitrise de la langue permet d’entrer en communication de manière efficace et satisfaisante avec les autres quels qu’ils soient. Dans cette intervention, j’analyserai deux spécificités du discours des demandeurs d’emploi faiblement qualifiés qui peuvent être des freins à une communication satisfaisante.

 

Séminaire ATILF

Petite histoire des dictionnaires généraux de langue anglaise

Henri Béjoint (CRTT, Université Lyon 2)

2 décembre 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | Bâtiment A | salle A104

Vidéo et résumé
Les dictionnaires sont apparus un peu plus tard en anglais que dans d’autres langues. Les lexicographes anglais ont d’abord copié les Français, les Espagnols et les Italiens. Comme eux, ils ont commencé par des dictionnaires bilingues et multilingues. Les premiers monolingues, au début du XVIIe siècle, étaient des dictionnaires de mots difficiles, et il faut attendre le milieu du XVIIIe pour que l’anglais se dote d’un dictionnaire comparable à ce qui se faisait dans d’autres pays : ce sera le dictionnaire de Samuel Johnson, en 1755. À partir de là, l’histoire des dictionnaires anglais est semblable à celle des dictionnaires d’autres langues. Jusqu’au milieu du XXe siècle, les dictionnaires généraux seront d’une certaine manière des réactions à Johnson : en Angleterre, l’Oxford English Dictionary, commencé dans les années 1850 et dont la troisième édition est encore en cours de production, et aux États-Unis la famille nombreuse des dictionnaires de Noah Webster, commencée en 1806. À partir du milieu du XXe siècle, le fait marquant est la production de dictionnaires « pour apprenants » qui pour des raisons mi-scientifiques mi-commerciales multiplient les innovations plus ou moins originales et plus ou moins réussies. La lexicographie anglaise a été très florissante pendant plusieurs décennies, grâce à l’importance de la langue anglaise dans le monde. Les besoins existent toujours, mais ils tendent désormais à être satisfaits par des sites Internet, et la lexicographie traditionnelle est donc en crise.

 

Séminaire ATILF

Processus de textualisation verbo-visuelle dans des pratiques de littéracies universitaires : le cas des « Internet memes »

Fabiana Komesu (UNESP, Sao José do Rio Preto, Brésil)

18 novembre 2016 | 10h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | Bâtiment A | salle A256

Vidéo et résumé
Cette discussion est située dans la question des pratiques des littéracies universitaires et de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans la recherche et l’enseignement. L’objectif est de discuter le processus de textualisation verbo-visuelle dans la culture numérique, en regardant une conception de «texte» non limitée à la reconnaissance de la base sémiotique graphique. Du point de vue théorique et méthodologique, cette proposition met l’accent sur les concepts des «New Literacy Studies» et de l’Analyse du Discours française avec une approche socio-historique de l’utilisation de l’écriture. Pour cette étude, nous proposons la discussion du phénomène des «Internet memes», défini dans une dimension de transmission culturelle caractéristique de la production de la propriété des technologies Web 3.0.

 

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Séminaire ATILF

En quoi la comparaison des systèmes d’écritures illumine la compréhension de l’apprentissage de la lecture

Daniel Zagar (Université de Lorraine, Interpsy, ATILF)

4 novembre 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | Bâtiment A | salle A123

Vidéo et résumé
Depuis les années 70 on admet que l’apprentissage de la lecture d’une écriture alphabétique débute par la connaissance des correspondances entre lettres (ou graphèmes) et phonèmes (ex : à la lettre B correspond le son /b/). Plusieurs éléments suggèrent néanmoins qu’il ne faut pas négliger le rôle central de la syllabe lors de l’acquisition de la lecture, au nombre desquels la facilité avec laquelle les jeunes coréens apprennent à lire (Kim, 2007). L’écriture principale du coréen est le Hangul qui a la particularité d’être une écriture alphabétique dont les lettres sont disposées en blocs syllabiques. Cette écriture, unique au monde, favorise l’appréhension de l’écrit par les unités syllabiques Au cours de cette intervention nous présenterons les études récentes qui montrent l’impact de ce système d’écriture sur l’acquisition de la lecture. En conclusion nous discuterons de la façon dont la syllabe pourrait être utilisée dans l’enseignement de la lecture du français et nous présenterons des propositions pour une nouvelle conception théorique de l’apprentissage de la lecture.

 

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Séminaire technique

Nouvelle catégorisation de Frantext

Sandrine Ollinger (ATILF)

3 novembre 2016 | 14h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Dans le cadre de la modernisation de la base textuelle Frantext, une nouvelle annotation automatique en partie du discours a été entreprise au sein du laboratoire. À ce jour, l’annotation automatique des 2368 textes qui composent la partie moderne de Frantext est terminée. Elle a été réalisée à l’aide d’une version de Talismane (Urieli, 2015), spécifiquement entraînée pour cet usage. Le présent séminaire présentera la méthodologie mise en œuvre pour cet apprentissage et cette annotation.

 

Urieli, A. (2015). Stratégies pour l’étiquetage et l’analyse syntaxique statistique de phénomènes difficiles en français : études de cas avec Talismane. Traitement Automatique des Langues. 2015, Vol. 56 Issue 1, p65-89. 25p.

Séminaire ATILF

Sémantique : modélisation formelle et interprétation de données empiriques

Maxime Amblard (Université de Lorraine et Loria, équipe Sémagramme)

21 octobre 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | Bâtiment A | salle A104

Vidéo et résumé
Dans cet exposé nous reviendrons sur nos travaux en linguistique informatique. Notre objet est de proposer des outils et méthodes pour le traitement de la langue.

Dans une première partie nous reviendrons sur la modélisation sémantique par des approches formelles et logiques. En particulier nous verrons comment à la suite de Montague la formalisation sémantique a pu prendre un caractère opératoire, puis s’est intéressé à modéliser des phénomènes dynamiques.

Dans une seconde partie, nous reviendrons sur la confrontation des modèles sémantiques et discursifs à des données extraites d’usages pathologiques de
la langue, identifiés dans des entretiens entre des patients schizophrènes et des psychologues. Ces questions sont rassemblées dans le projet SLAM – Schizophrénie et Langage : Analyse et Modélisation, que nous présenterons.

 

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Partie I

Partie II

Séminaire Langage, Travail et Formation

7ème séminaire du Réseau Langage, Travail et Formation

Claudie Péret (Université de Cergy Pontoise) et Christophe Portefin (Accentonic)

30 septembre 2016 | 09h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
9h – Accueil
9h30-10h30 Claudie Péret (Université de Cergy-Pontoise) : Un frein à l’apprentissage de la morphologie verbale: la non prise en compte de la représentation du temps dans les cultures d’origine

10h30-11h Pause café
11h-12h Christophe Portefin (Accentonic) : Public faiblement scolarisé ou non scolarisé et réforme de la formation professionnelle. Une évolution professionnelle entre possibles et impossibles ?

Séminaire technique

Projet Ortho Corpus

Frédérique Brin-Henry, Evelyne Jacquey, Sandrine Ollinger, Jessika Pérignon (ATILF)

15 juin 2016 | 09h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Le projet Ortho-Corpus (2015/2016, financement Région Lorraine, ATILF et Fédération Nationale des orthophonistes) vise la construction et l’exploitation d’un corpus orthophonique composé des articles de la revue Rééducation Orthophonique (fondée par Mme Suzanne Borel-Maisonny) de 1997 à 2015 à des fins d’étude lexicologique et terminographique.
S’intégrant à moyen terme dans un projet de dimension européenne consacré à la terminologie des pathologies du langage, la démarche du projet intègre des approches sémantico-syntaxique et textuelle. La méthodologie comprend une étape de mise au format des textes, d’identification de métadonnées, de codage et d’intégration dans TXM, puis l’analyse lexicographique des termes marquants.
Le travail pluridisciplinaire permet de valider les procédures utilisées en tenant compte des intérêts linguistiques, informatiques et disciplinaires.

Ce séminaire aura pour but d’exposer le projet et les réalisations actuelles de façon synthétique, puis d’échanger avec les participants autour des méthodes choisies et des étapes ultérieures.

 

9h30-10h00 : présentation du projet et des étapes réalisées (préparation du corpus, import TXM, métadonnées, premiers résultats)
Recueil des questions des participants

10h-10h20 : pause

10h30-12h : temps d’approfondissement des points techniques et de discussion critique

Séminaire ATILF

Postcolonial Lexicography

Carsten Levisen (Roskilde University, Denmark)

27 mai 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
This talk presents a new framework: “Postcolonial Lexicography” – a recent off-shot of the Natural Semantic Metalanguage (NSM) research program, which incorporates insights from linguistic ethnography and postcolonial language studies. Postcolonial Lexicography studies the words and meaning of creoles, Englishes, urban ethnolects, and other postcolonial language varieties.

The talk explores the lexicon of Urban Bislama (bichelamar) as spoken in Port Vila, Vanuatu. Based on extensive fieldwork, explications of words in three domains will be presented: emotion words, speech act verbs, and sociality constructs. The talk discusses central questions for contemporary lexicography: the metalinguistic adequacy of all languages, the concept of semantic cryptodiversity, and the reinventions of European words in the globalizing world.

Séminaire ATILF

Modes d’intervention en orthophonie dans le cadre des troubles spécifiques du développement du langage : description et effets

Christine Da Silva (Département d’orthophonie, Université de Lorraine)

13 mai 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Cette présentation a un double objectif : d’une part, décrire les différents modes d’intervention d’orthophonistes en interaction avec des enfants d’âge scolaire présentant des troubles spécifiques du développement du langage oral et, d’autre part, analyser les effets de ces interventions.

Les pratiques orthophoniques et les processus de rééducation sont rarement décrits dans la littérature. En effet, la majorité des recherches sont centrées sur l’évaluation de l’efficacité de certaines méthodes d’intervention (e.g. méthode métalinguistique, guidance parentale) ou modes d’intervention (e.g. recast, imitation, modelage) sur l’acquisition d’une forme ou d’une structure linguistique ou de manière plus générale sur le développement de l’enfant. Or la compréhension des processus par lesquels les enfants se développent nécessite de travailler sur ce qui se passe pendant la rééducation sur le plan interactionnel et dans la façon dont émergent des pratiques orthophoniques dans l’interaction.

Pour ce faire, quatre dyades orthophoniste-enfant dysphasique ont été suivies lors de séances de rééducation pendant sept mois en situation naturelle. Ces interactions ont été analysées en considérant les formes et fonctions des interventions des orthophonistes et leurs effets sur le discours des enfants dysphasiques. Nous nous focaliserons tout particulièrement sur le cas des reformulations comme processus langagier et comme stratégie d’étayage. Les résultats montrent que les pratiques orthophoniques s’inscrivent dans la dynamique de l’échange et qu’elles sont marquées par leur efficacité dialogique. En conclusion, la question de la médiation langagière sera abordée.

Séminaire ATILF

Quel enseignement de la langue au collège ? Contenus et méthodes

Bernard Combettes (professeur émérite de l’Université de Lorraine)

27 avril 2016 | 14h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Séminaire ATILF

Marqueurs de variation, macro-syntaxe et cliticisation : le cas de ain’t et innit

Isabelle Gaudy-Campbell (IDEA & Département d’anglais, Université de Lorraine)

22 avril 2016 | 11h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Ain’t et innit sont identifiés comme des cas de variation emblématiques en anglais oral. Notre propos sera de les mettre en système avec les marqueurs standard auxquels ils ses substituent et de rappeler que selon leur contexte d’usage, ils sont à identifier comme des multi-opérateurs voire des méta-opérateurs. Ils importera alors de cerner en quoi ces deux marqueurs se distinguent au delà de leur identité socio-linguistique. Nous traiterons de leur différence en termes de fonctionnement macro-syntaxique et de cliticisation.

Séminaire ATILF

À venir

Jean-Charles Lamirel (Maître de Conférences, Université de Strasbourg, Equipe SYNALP – LORIA)

21 avril 2016 | 14h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Séminaire ATILF

Extraction de connaissances et évaluation d’annotations non langagières de documents

Bart Lamiroy (Université de Lorraine / Loria)

8 avril 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Séminaire ATILF

De la construction de ressources linguistiques à leur exploitation pour l’analyse automatique de textes

Mathieu Constant (Laboratoire d’Informatique Gaspard Monge / Université Paris-Est – CNRS)

1er avril 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Dans cet exposé, nous présenterons un panorama de nos différents travaux de recherche autour des ressources linguistiques. En particulier, nous en aborderons trois aspects: leur construction, leur transformation et leur exploitation pour l’annotation automatique de textes. Chacun de ces trois points sera illustré par différents cas concrets. Concernant la construction de ressources, nous décrirons d’abord des travaux d’annotation du verbe ‘faire’ dans un corpus de transcriptions orales, et des mots composés dans un corpus parallèle. Nous présenterons ensuite des outils de transformation et de normalisation d’un lexique syntaxique existant (lexique-grammaire). Le dernier point autour de l’exploitation de ressources linguistiques sera le plus conséquent et décrira un ensemble de méthodes pour l’étiquetage grammatical et l’analyse syntaxique au moyen de techniques hybrides. Nous montrerons comment de tels outils ont été utilisés pour une étude statistique sur les disfluences et les mots composés dans des transcriptions orales.
Nous finirons notre exposé en présentant le projet ANR PARSEME-FR dédié à la construction de ressources d’expressions polylexicales et à leur exploitation pour l’analyse syntaxique et sémantique.

 

Biographie
Mathieu Constant a obtenu un doctorat en informatique de l’Université de Marne-la-vallée en 2003. Il a ensuite été chercheur dans l’entreprise Teragram aux Etats-Unis. En 2006, il a été nommé maître de conférences en informatique à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée et a obtenu une habilitation à diriger des recherches en 2012. Il est actuellement en délégation INRIA dans l’équipe Alpage depuis septembre 2015. Son domaine de recherche est le traitement automatique des langues. Plus particulièrement, il s’intéresse à la construction de ressources linguistiques et à leur exploitation pour l’annotation automatique de textes. Depuis quelques années, il s’intéresse à l’interaction entre l’identification des expressions polylexicales et l’analyse linguistique au moyen de méthodes hybrides alliant méthodes statistiques et ressources linguistiques. Il est le coordinateur du projet ANR PARSEME-FR (jan. 2016 – dec. 2019) autour de cette thématique.

Séminaire ATILF

Publications scientifiques : un panorama des évolutions en cours

Karim Ramdani (Directeur de Recherche Inria – Institut Elie Cartan de Lorraine)

31 mars 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Durant cet exposé, je présenterai les différents modèles économiques en vigueur dans l’édition scientifique et dresserai un panorama des évolutions en cours. Je m’intéresserai plus particulièrement au modèle auteur-payeur (parfois appelé Gold Open Access) et je tenterai de montrer les nombreux risques qu’il présente. Enfin, je donnerai quelques pistes pour que chaque chercheur puisse dans son activité quotidienne (d’auteur, de rapporteur, d’éditeur ou d’évaluateur) contribuer à l’émergence de solutions alternatives.

Séminaire ATILF

De la diffusion de la langue et de la littérature française dans l’Italie médiévale

Fabio Zinelli (EPHE)

25 mars 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Par ‘franco-italien’ on entend habituellement l’ensemble de textes en français originaires d’Italie. La langue hybride des chansons de geste adaptées ou même composés de toutes pièces dans la Vénétie n’a pourtant rien en commun avec le français, de très bonne qualité, de Brunet Latin ou d’Aldebrandin de Sienne. Par ailleurs, la vision nouvelle de la francophonie médiévale telle qu’elle est en train de s’imposer dans nos études, est à son tour susceptible de modifier le cadre de ce qu’on entendait jusqu’ici par ‘franco-italien’. Le but de la séance est de parvenir à des définitions mieux adaptées à des ensembles textuels et linguistiques bien différents, tout en familiarisant les participants avec la bibliographie correspondante.

Séminaire ATILF

À venir

Yannick Toussaint (INRIA & Loria)

23 mars 2016 | 14h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Séminaire ATILF

Les compléments de la localisation spatiale : des arguments optionnels ou des adjoints obligatoires ?

Anne Carlier (Université de Lille, CNRS UMR STL)

4 mars 2016 | 10h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Dans cette conférence, je m’interrogerai sur le statut syntaxique des compléments spatiaux, souvent analysés à l’instar des compléments temporels comme des adjoints. Pourtant si nous considérons la présence obligatoire et les contraintes positionnelles comme des critères de distinction entre arguments et adjoints, les compléments spatiaux ont des traits syntaxiques atypiques. D’une part, ils sont souvent obligatoires sans être contraints quant à leur position (1). D’autre part, même quand leur position est contrainte, ils peuvent être optionnels (2). Les compléments temporels, en revanche, ne sont jamais obligatoires ni contraints quant à leur position syntagmatique (3).
 
(1) a. Des enfants se promenaient sur la digue.
b. ?Des enfants se promenaient durant l’après-midi.
c. Sur la digue, des enfants se promenaient.
 
(2) a. Pierre sortait de la cave.
b. Pierre sortait.
c. ??De la cave, Pierre sortait.
 
(3) a. Pierre est sorti à cinq heures.
b. À cinq heures, Pierre est sorti.

Ces faits empiriques soulèvent les questions de recherche suivantes :
(i) Les constituants ayant trait à la localisation spatiale doivent-ils être considérés comme des arguments, même quand ils sont optionnels ?
(ii) Peuvent-ils être considérés comme des adjoints, même quand ils sont obligatoires ?
Cette étude du statut des constituants spatiaux en français par rapport à l’opposition entre argument et adjoint voudrait aussi livrer une contribution au débat sur des questions plus générales ayant trait à la structure argumentale. La première question concerne la relation entre structure argumentale et la division entre syntaxe et lexique : la structure argumentale est-elle une propriété du verbe ou de la construction verbale (Levin & Rappaport 1996 vs Goldberg 1995, 2006), Croft (2006). La seconde question est liée à la définition de la structure argumentale par rapport à la division syntaxe / sémantique : est-ce que la structure argumentale est une notion syntaxique ou y a-t-il en dernière instance une base sémantique, comme l’affirment Van Valin & La Polla (1997 : 69).
“while syntactic structure is not identical with or completely reducible to semantic concepts, it is nevertheless derived and generalized from them”

 

Références
Croft W. (2001). Radical construction grammar. Oxford : OUP.
Goldberg A. E. & Ackerman F. (2001). The pragmatics of obligatory adjuncts. Language 77-4:798-814.
Goldberg A. E. (1995). A construction grammar approach to argument structure. Chicago: UP.
Goldberg A. E. (2006). Constructions at work.Oxford : OUP.
Grimshaw J. (1990). Argument Structure. Cambridge, Mass.: MIT Press.
Levin B. & Rappaport Hova M. (1996).Unaccusativity: At the syntax-semantics interface. Cambridge Ms: MIT Press.
Van Valin, Robert D. and LaPolla, Randy J. 1997. Syntax: Structure, Meaning, and Function. Cambridge: CUP.

 

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Séminaire ATILF, cycle Genre et Langage

Critique du genre et pratique des discours dans les brochures anarchistes ||
Construction discursive d’une identité sexuée et genrée chez des filles allophones à l’école

Julie Abbou (Université de Lorraine / CREM) || Sandra Tomc, CELEC/PARLERS Université Jean Monnet, Saint-Etienne

12 février 2016 | 10h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Vidéo et résumé
Critique du genre et pratique des discours dans les brochures anarchistes
Julie Abbou, Université de Lorraine / CREM

 

Les brochures anarchistes, en ligne et papier, commencent souvent par un exergue annonçant la volonté de « bousculer cette bonne vieille grammaire ». Et ce qui est à bousculer, c’est en premier lieu la règle du masculin générique, voire le système de genre en général. Il s’agit donc de prendre la langue comme lieu de lutte féministe.

Après un rappel sur les particularités linguistiques de la catégorie de genre et une courte description de ces pratiques, je m’intéresserai dans cette présentation aux lieux discursifs dans lesquels elles émergent. En effet, tant le support que sont les brochures que le paysage idéologique de l’anarchisme me semblent des conditions particulières à l’apparition de ces pratiques linguistiques subversives du genre.

D’abord car anarchisme et féminisme ont en commun une critique du pouvoir et de la domination. Ensuite, car les brochures constituent un espace discursif très fluide qui se prête volontiers à l’expérimentation linguistique et politique. Enfin, et ce point nous intéressera particulièrement, car l’anarchisme entretient un rapport spécifique au discours. Celui-ci est pensé comme un espace de pouvoir, mais également comme une pratique.

Cette vision du discours et de la langue comme pratique/pouvoir n’est pas sans rappeler la rhétorique. C’est cette dernière qui permettra ainsi de saisir la critique du genre comme critique du pouvoir en discours.

 
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Construction discursive d’une identité sexuée et genrée chez des filles allophones à l’école
Sandra Tomc, CELEC/PARLERS, Université Jean Monnet, Saint-Etienne

 

L’école est, dans son ensemble, une structure sociale qui se dissimule sous l’apparente évidence de la naturalité des deux sexes et de leur hiérarchisation et dans laquelle s’exercent les rapports de domination. L’école ne dépasse pas le modèle de binarité des sexes traditionnel ; le métier d’élève consiste également à intégrer les normes de genre, apprendre à devenir un homme ou une femme. Les

« différences tiennent à une multitude de mécanismes quotidiens, parfois très fins, en général inconscients qui font que filles et garçons vivent à l’école quelque chose de profondément différent » (Duru-Bellat, 1990).

L’école tend à renforcer les stéréotypes de féminité et de masculinité à travers des pratiques mais aussi le langage :


« le genre ne se (disant) pas une fois pour toutes, ni descriptif ni déclaratif, il doit se répéter sans cesse » (Dorlin, 2008).

Si la langue permet aux individus de se définir et de définir leur rapport aux autres, elle est aussi l’outil par lequel se construit l’identité. Cette identité se bâtit en lien avec les « choix » linguistiques de l’individu et fait de lui

« un sujet historique en devenir par les langues et le langage » (Molinié, 2002).

L’école contribue donc à renforcer les identités de sexe et de genre constituées dans l’espace familial et social. Notre intervention porte sur l’impact de l’école sur l’émergence du genre et la construction discursive d’une identité sexuée chez les filles allophones. En d’autres termes, ces usages différenciés de soi ont des conséquences sur la constitution cognitive et subjective des apprenant-e-s.

Ainsi, les références du savoir peuvent-elles être revues dans une perspective non-sexiste, les outils pédagogiques révisés dans une logique de non-sexisme et de non-binarité, les pratiques de classe réorganisées pour ne pas contribuer à la reproduction sociale des stéréotypes de masculinité et de féminité, et l’apprentissage de la langue peut-il être le lieu de mise au jour de la performance genrée ? (Perry, 2003). L’idée est que des changements en matière d’effacement partiel du genre, pour réduire l’inégalité entre les filles et les garçons, et par conséquent entre les femmes et les hommes sont à l’ordre du jour.

 

Julie Abbou

 

Sandra Tomc