Béatrice Stumpf

Béatrice Stumpf

Béatrice Stumpf part en retraite à la fin de cette année, et c’est un événement qui change l’allure de l’ATILF. En effet, si l’ATILF existe depuis 2011, Béatrice Stumpf est au laboratoire depuis bien plus longtemps : elle est entrée au laboratoire en 1977, avec la grande cohorte d’Alsaciens qui venaient travailler dans l’équipe diachronique du Trésor de la Langue Française | TLF. Depuis l’âge de 23 ans, elle a donc consacré toute sa vie professionnelle aux projets qui ont été menés dans les murs du laboratoire.

D’abord, fraîchement diplômée de l’Université de Strasbourg, elle a travaillé dans un Trésor dont les notices historiques commençaient seulement à stabiliser leur méthode de rédaction, et où les élèves de Georges Straka formaient une ossature solide sous la férule de Gilles Roques. C’est donc la plus grande partie de l’histoire du Trésor dont Béatrice a été un témoin actif et qu’elle a accompagnée jusqu’au bout.

Mais déjà, au moment où la rédaction se poursuivait encore, l’équipe de diachronie se trouvait de nouvelles tâches et, sous la direction de Robert Martin, Béatrice Stumpf prenait son poste dans la grande aventure du Dictionnaire du Moyen Français | DMF. Elle allait la poursuivre des années, et elle ne s’en éloigna jamais complètement, même si elle allait abandonner finalement la rédaction pour consacrer ses efforts au moyen français d’une autre façon.

En effet, à l’âge auquel d’autres auraient pu juger que leur siège était fait, elle trouvait assez d’énergie et d’enthousiasme pour donner un nouveau tour à sa carrière, en écrivant une thèse sur Guillaume de Diguleville, qui sera son grand sujet et dont elle deviendra une des meilleures spécialistes. Et presque au même moment (elle obtient le titre de docteur en 2009), elle sera débauchée par Olivier Bertrand pour travailler à l’édition et à l’étude lexicale de la traduction de la Cité de Dieu d’Augustin par Raoul de Presles. Cette nouvelle fonction l’occupera jusqu’à sa retraite, d’abord à l’intérieur d’un grand groupe, puis à la coordination de l’équipe, et enfin réalisant seule la plus grande partie du travail.

La somme de compétences acquise par Béatrice Stumpf, en lexicologie historique ou en moyen français, sa familiarité avec la bibliographie et les méthodes de travail, ses connaissances, sont impressionnantes, et elles ne seront pas remplacées.
Grâce aux tâches que lui a confiées le CNRS, grâce au temps qu’il lui a laissé pour apprendre et aux moyens qu’il lui a donnés, Béatrice Stumpf a pu développer un niveau de spécialité qui manquera lorsqu’elle ne sera plus là. Il manquera d’autant plus qu’elle a toujours été très généreuse pour communiquer son savoir et aider ceux qui en avaient besoin, et qu’elle a su établir et maintenir des rapports de travail idéaux avec tous ceux avec qui elle a collaboré. Nous nous passerons difficilement du sourire et de la gentillesse avec lesquels elle sait rendre chacun un peu plus content de parler avec elle de linguistique historique ou de toute autre chose.


Savez-vous que représente le dessin sur la médaille CNRS ?

L’inspiration de cette médaille de retraite CNRS est liée à la plus ancienne des sciences : l’astronomie, née de l’observation du ciel chez les Mésopotamiens et chez les Égyptiens, et à l’invention de la première des écritures : l’écriture cunéiforme par les Sumériens, en Mésopotamie vers le 3e millénaire avant notre ère.
L’astronomie est visualisée par le soleil et les planètes, l’écriture cunéiforme par les premiers vers du plus ancien livre du monde : l’épopée de Gilgamesh.

La traduction de ces vers est la suivante :

« Celui qui a découvert les mystères de l’univers. Il a tout embrassé du regard« *.

On prête aux Mésopotamiens les premiers balbutiements de l’esprit scientifique qui a commencé par l’observation, puis par la mise en ordre intelligente des choses, une manière d’aborder le réel en cherchant une connaissance analytique et déductive, acquisition nouvelle et définitive de l’esprit humain. Ceci représente sans doute les prémisses de la recherche scientifique.
Cette médaille a été réalisée par la Monnaie de Paris d’après un dessin original de Jeanne Lehmann, sculpteur.


*J. Bottero, spécialiste de la Mésopotamie, titulaire d’une chaire d’Assyriologie à l’École pratiques des hautes études | EHESS

 

17/12/2019 | © Service communication ATILF – DB | Source Yan Greub | Photo LG