Retour sur le colloque international « Machiner la poésie (et la poétique) 3 »

Retour sur … le colloque international Machiner la poésie (et la poétique) 3 – Plotting Poetry (and Poetics) 3

Le colloque international « Machiner la poésie (et la poétique) 3 – Plotting Poetry (and Poetics) 3 » s’est tenu les 26 et 27 septembre 2019 à l’ATILF, organisé par Véronique Montémont, (responsable scientifique adjointe de l’équipe de recherche Ressources : normalisation, annotation, et exploitation), et Anne-Sophie Bories (Université de Bâle), avec le soutien de l’ATILF, de la Maison des Sciences de l’Homme de Lorraine, de l’Université de Bâle, et du SIG-DLS (ADHO).

Ce colloque, centré sur la poétique, était la troisième manifestation scientifique du réseau Plotting Poetry – Machiner la poésie (Bâle en 2017, Berlin en 2018, Nancy en 2019, Prague en 2020), lequel rassemble des chercheurs qui développent des appareillages informatiques ou statistiques de toute sorte pour décrire et analyser mètre, style et poéticité.

Il réunissait des experts de poésie, de poétique et de stylistique computationnelle, venus présenter leurs travaux de recherche, certains déjà en cours d’achèvement, d’autres encore à leurs débuts, partager leurs pratiques, leurs résultats, leurs difficultés et leurs réussites, dans une atmosphère enrichissante et chaleureuse.

Deux conférences plénières ont été proposées par Jan-Christof Meister (Universität Hamburg) et Anne Bandry-Scubbi (Université de Strasbourg), tous deux replaçant brillamment les questions de stylistique computationnelle dans une perspective herméneutique et historique plus large.

Les chercheurs venus présenter leurs travaux étaient (par ordre alphabétique) : Jonathan Armoza (New York University), Valérie Beaudouin (Télécom Paris), Helena Bermúdez Sabel (Université de Lausanne), David Birnbaum (University of Pittsburgh), Éliane Delente (CRISCO), Steffen Eger (Technische Universität Darmstadt), Thomas Haider (Max Planck Institute for Empirical Aesthetics, Frankfurt), Rémi Forte (ANRT), Pablo Gervas (Universidad Complutense), Guillermo González Pascual (Universidad de Valladolid), Natalie Houston (University of Massachusetts – Lowell), Clémence Jacquot (Université Paul-Valéry Montpellier 3), Marina Lemesheva (Moscow Polytechnic University), Benjamin Krautter (University of Stuttgart), Ophir Münz-Manor (Universität Hamburg & The Open University of Israel), Chris Mustazza (University of Pennsylvania, PennSound), Janis Pagel (University of Stuttgart), Petr Plecháč (Institute of Czech Literature, Czech Academy of Sciences), Pablo Ruiz Fabo (Université de Strasbourg), Mari Sarv (Estonian Folklore Archives), Elise Thorsen (Novetta), Georgy Vekshin (Moscow Polytechnic University).

De g. à d. Véronique Montémont, Anne-Sophie Bories, organisatrices du colloque.

En complément au colloque, une exposition réalisée par les étudiants de l’Atelier National de Recherche Typographique (Nancy), réalisée sous la supervision d’Alice Savoie (ANRT, Nancy) a permis de donner un aperçu des travaux actuellement en typographie appliquée au domaine numérique : problématiques de lisibilité, optimisation des interfaces d’une base de données textuelles, reconstitution d’un alphabet en diachronie ou encore création de glyphes non encore normalisés.

En 1917, commentant l’essor des nouveaux media, Apollinaire exhortait à « machiner la poésie comme on a machiné le monde ». Cent ans plus tard, la riche métaphore de ce slogan revêt une acuité croissante au regard du surgissement des nouvelles technologies dans les études littéraires. Quel rôle les machines et les dispositifs logiciels qu’elles ont permis d’élaborer ont-elles pris dans la lecture des textes ? Que nous apprennent-elles sur la mécanique poétique ? Quelles machinations et quelles machineries développons-nous, et avec quels résultats ?
Appliquer des procédés mécaniques à la lecture des textes, c’est aussi poser la question du poétique, et subsidiairement celle de la singularité du style. Résident-ils dans la somme mesurable de procédés ingénieusement agencés et distribués par l’auteur, ou bien échappent-ils aux tentatives de normalisation ? Les machines à lire, en permettant une vision à distance, mesurent des phénomènes que la lecture naturelle ne permet pas de détecter, et interrogent le rôle des traits invisibles ainsi décelés dans la perception (souvent inconsciente) que nous en avons en tant que lecteurs. Quel contrôle le créateur exerce-t-il sur la présence et la distribution de ces éléments ? Ce que Jacobson appelle la « fonction poétique » a pour élément central des traits linguistiques objectivables, mais son efficacité est-elle pour autant réductible à celle d’un dispositif stratégiquement agencé dont on peut démonter rouages et ressorts ?
 

13/12/2019 | © Service communication ATILF | Source : Anne-Sophie Bories