historique 2005 séminaires

Historique 2005 des séminaires de l’ATILF

Séminaire de méthodologie en étymologie et histoire du lexique

La traque des premières attestations

Nadine Steinfeld (équipe Étymologie et histoire du lexique)

Mercredi 14 décembre 2005 | 14h00-15h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Parmi les éléments d’information que la lexicographie a la charge d’inventorier, l’un des plus significatifs est représenté par les premières attestations ou datations des mots, qui permettent d’avancer dans les dictionnaires étymologiques la date du premier emploi d’un terme. Si le caractère éminemment provisoire des datations proposées par les dictionnaires étymologiques est une évidence, les dates d’apparition ou les premières attestations d’une unité lexicale ou d’un sémantisme dans une langue à un moment donné sont toutefois un élément de première importance permettant de reconstituer les étapes de l’histoire d’un mot. Cependant, le lexicographe ne devrait jamais oublier qu’une simple date ne signifie rien en soi, si elle n’est entourée de données graphiques, phonétiques, morphologiques, sémantiques, stylistiques, etc., qu’elle apporte avec son contexte. La traque des premières attestations n’a de sens que si elle est soumise à une enquête minutieuse qui révèlera, grâce à un retour aux sources, un ensemble de faits et d’éléments d’information permettant d’éclairer la mentalité, le milieu, le moment, le groupe ou l’individu dont le vocabulaire paraît être l’une des formes d’expression les plus révélatrices. Qui connaît mieux que les médiévistes les pièges cachés dans les textes d’ancien et de moyen français qui imposent de soumettre les attestations systématiquement à un examen critique approfondi mené à partir d’une liste de contrôle régie par des principes philologiques, sémantiques, phonétiques, morphologiques, encyclopédiques, stylistiques, chronologiques, diatopiques et la recherche de parallèles afin de diminuer la probabilité de l’erreur. À partir de l’analyse de quelques exemples de premières attestations que j’ai proposées ou rejetées au cours de la refonte d’articles du premier volume du FEW et de TLF-Étym, je m’efforcerai d’illustrer la mise en pratique de certains de ces principes philologiques qui m’ont permis de débusquer trois « mirages lexicographiques » qui ont vécu plus d’un siècle franchissant un dictionnaire après l’autre et qui continuent à jouir d’une vie paisible dans le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey. L’adage, osé par un éminent philologue, qu’ «il n’y a pas de lexicographe sans gaffes», reçoit une nouvelle confirmation, mais c’est là précisément ce qui donne du piment au dictionnaire et l’humanise délicieusement.

Séminaire ATILF

Analyse lexicale d’une  » pierre de Rosette  » du français en Angleterre au XVe s.

Christel Nissille (Université de Neuchâtel/ATILF)

Vendredi 2 décembre 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Les récentes études portant sur les manuels de langue pour l’enseignement du français en Angleterre au Moyen-Age ont permis de mettre en lumière l’utilisation d’exercices pratiques de traduction comme moyen didactique.
Un de ces exercices, l’Oxford Magdalen 188, est un manuscrit trilingue inédit du début du XVe siècle qui contient en parallèle le texte source, copie de la Somme le roi de Lorens d’Orléans (1280), et les traductions en latin et en moyen anglais.
Cette présentation en miroir des trois versions nous donne des informations assez précises sur la compréhension du texte par le traducteur anglais, que nous observons dans l’acte même de la traduction, et nous indique quels outils lexicaux et grammaticaux étaient à sa disposition.
Nous nous proposons de tenter d’analyser, grâce à cette « pierre de Rosette », de quelle manière le traducteur identifie les formes rencontrées puis les traduit.
Il s’agit donc de comprendre, en ce qui concerne la réception tout d’abord, les aides et les pièges que constitue la graphie du texte source, l’influence de la parenté des trois langues en présence et les problèmes que pose la variation diachronique et diatopique.
Du point de vue de la production, nous nous intéresserons surtout à l’utilisation du binôme synonymique et de la complémentarité des deux langues dans cette traduction.

 

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Séminaire ATILF

Approche cognitive de l’adjectif : sémantisme et fonction

Marie Luce Honeste (Université Rennes 2/E.A. Sens & Texte, Université de Paris-Sorbonne)

Vendredi 25 novembre 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Cette conférence vise à présenter une approche cognitive des processus de formation du sens en langue et en discours à travers une application au cas de l’adjectif.
L’hypothèse développée est que les processus de formation du sens ne sont pas les mêmes dans la langue et dans le discours, parce que les mots n’y répondent pas aux mêmes types de fonctionnalités.
Dans cette perspective, l’adjectif sera donc abordé à deux niveaux :
– en langue, du point de vue de l’origine cognitive de la formation du sens lexical. À ce niveau, le statut grammatical de l’unité lexicale est moins prégnant que la notion véhiculée : il intervient comme simple forme du contenu ;
– en discours, du point de vue des mécanismes de formation du sens des énoncés, et du rôle sémantique qu’y tiennent les mots qui les composent. À ce niveau, au contraire, le statut et la fonction des unités lexicales deviennent prédominants, dans la mesure où c’est par leurs propriétés syntaxiques qu’elles participent activement à la formation du sens.

 
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Séminaire de méthodologie en étymologie et histoire du lexique

Dérivation française/romane/latine à l’intérieur d’une famille étymologique

Jean-Paul Chauveau (équipe Étymologie et histoire du lexique)

Mercredi 16 novembre 2005 | 14h00-15h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
A partir de quelques exemples de dérivés ou d’une famille dérivationnelle que j’ai eus à traiter au cours de la refonte d’articles du premier volume du FEW et pour lesquels j’ai eu des divergences avec les explications étymologiques fournies par le TLF, je vais essayer de montrer qu’il n’est pas rare qu’on puisse améliorer le traitement de la dérivation dans les notices historiques et étymologiques du TLF. Un des grands avantages comparatifs du TLF, c’est que la dérivation française y est traitée de façon systématique, explicite et transparente, en ce sens que chaque (ou presque) dérivé y a droit à une notice historique et étymologique où le dérivé est décomposé en une base et un suffixe qui tous deux sont traités sous une entrée spécifique, avec notices synchronique et diachronique.
L’explication étymologique des dérivés est donc entièrement falsifiable, c’est-à-dire que son adéquation à la réalité est vérifiable à l’intérieur même du dictionnaire. Cela a pour conséquence et avantage qu’on peut très facilement vérifier :
1) si l’explication étymologique qui est donnée de tel ou tel dérivé est cohérente avec les programmes dérivationnels qui sont décrits sous les suffixes en cause, c’est-à-dire si le dérivé analysé correspond bien au modèle dérivationnel qui est explicité dans l’article consacré au suffixe;
2) si les programmes dérivationnels analysés sous chaque suffixe rendent compte de tous les événements qui affectent l’histoire, la forme et le sens de la plupart des dérivés qui contiennent cet élément, autrement dit si le programme dérivationnel est suffisamment riche et complexe pour rendre compte de l’histoire des dérivés sous lesquels il sera renvoyé à l’article traitant du suffixe.
Cette recherche de cohérence est possible maintenant qu’on dispose de l’entier du TLF. Evidemment lorsque la rédaction en était aux premiers volumes, la situation était bien différente: les articles consacrés aux suffixes n’étaient pas écrits et ces derniers ne pouvaient bénéficier de la totalité des articles où ces suffixes étaient concernés. D’où les ratés inévitables. Je rappelle la boutade de Gilliéron, l’auteur de l’Atlas linguistique de la France: ‘le questionnaire aurait été sensiblement meilleur s’il avait été constitué après l’enquête’.

 

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Séminaire de méthodologie en étymologie et histoire du lexique

L’importance de la critique des sources en étymologie

Frankwalt Möhren (DEAF, Heidelberg)

Jeudi 3 novembre 2005 | 14h00-15h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
L’exposé se basera sur l’analyse des articles jarde, jaseran, javelle, javelot, jogler, jonction, standard du TLFi.

Séminaire ATILF

Les régionalismes en ancien et en moyen français

Gilles Roques et Yan Greub

Vendredi 14 octobre 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Yan Greub :
« Je présenterai la localisation d’un texte de la fin du 15e siècle, le Nouveau Pathelin, sur la base du travail effectué dans mon ouvrage Les Mots régionaux dans les farces françaises. En introduction, j’insisterai spécialement sur les conditions de présence des attestations lexicales, qui rendent particulièrement productive la prise en compte des attestations dialectales modernes, pour autant que cela se fasse dans une perspective historique. J’essaierai aussi de montrer l’utilité de la cartographie pour la localisation du lexique et des textes anciens. J’essaierai aussi d’exposer en quoi la méthode de localisation que je propose s’applique aux textes de la
période considérée, et d’indiquer que les problèmes sont peut-être différents pour d’autres documentations.
G. Roques se propose de contester le résultat de la localisation que je propose, et nos communications devrait déboucher sur une discussion, de faits et de méthode. »

Séminaire de méthodologie en étymologie et histoire du lexique

Le traitement historico-étymologique des régionalismes dans le TLFi

André Thibault (professeur à l’Université de Paris-Sorbonne)

Mercredi 5 octobre 2005 | 14h00-15h30
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
André Thibault, d’origine québecoise, auteur du ‘Dictionnaire suisse romand’ (1997, Editions Zoé), qui occupe la chaire « Francophonie » de la Sorbonne, est un des tout premiers spécialistes de la variation régionale du lexique français.

 

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Séminaire ATILF

Les constructions adverbiales en français contemporain

Lassaad Oueslati (Laboratoire de Linguistique Informatique)

Vendredi 30 septembre 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
La littérature relative aux adverbes de modalisation est abondante. Tous les travaux s’intéressant à cette catégorie sont unanimes à définir ces adverbes comme outils servant à modaliser le discours en apportant un jugement du locuteur sur ce qu’il dit. En dépit de cette unanimité, nous nous heurtons à une diversité terminologique qui fait écho à la diversité des approches. C. Guimier, Ch. Molinier, Authier-Revuz, etc., pour ne citer que les travaux les plus récents, optent chacun pour une terminologie différente de celle des autres. Dans l’optique du traitement automatique, l’approche est toute différente. En nous appuyant sur la méthodologie adoptée au Laboratoire de Linguistique Informatique, nous allons essayer d’étudier cette classe d’adverbes en appliquant la notion d’emploi. L’analyse dichotomique emploi prédicatif/non prédicatif nous permettra d’opérer un classement de nature à faciliter le traitement automatique.

Séminaire de méthodologie en étymologie et histoire du lexique

La série du Dictionnaire de Trévoux, une source de références parfois maltraitées dans le TLF

Isabelle Turcan (équipe Métalexicographie historique)

Mercredi 21 septembre 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Séminaire ATILF

Problèmes méthodologiques de la constitution et de l’analyse de corpus d’interaction adulte-enfant au cours de l’acquisition du langage

Martine Vertalier, CRALOE (Centre de Recherche sur l’Acquisition du Langage Oral et Ecrit) composante de CALIPSO (Acquisition, Cognition, Interaction,
Pratiques Sociales du Langage), Paris 3. Luiggi Sansonetti, SYLED (Systèmes Linguistiques, Enonciation et Discursivité) et CALIPSO, Paris 3.

Vendredi 16 septembre 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
1. Martine Vertalier :
Nous présenterons les principaux aspects théoriques et méthodologiques d’une approche linguistique de l’acquisition du langage (oral et écrit), approche qualitative en ce qu’elle s’appuie sur des données attestées, recueillies en contexte discursif, dans des corpus longitudinaux individuels d’interactions entre un adulte et un enfant, par opposition aux approches quantitatives et comparatives souvent pratiquées en psycholinguistique.
Nous exposerons les méthodes de recueil, de transcription et d’analyse élaborées et affinées au sein du CRALOE depuis une trentaine d’années : analyse syntaxique conjointe des énoncés de l’adulte et de l’enfant (et parfois des textes écrits supports d’interaction), recherche de phénomènes d’interaction susceptibles de déclencher des processus d’apprentissage à long terme, recherche de traces d’appropriation, immédiate ou différée, par l’enfant d’introducteurs de complexité syntaxique, étude de l’évolution de la combinatoire de ces constructions complexes…
Nous évoquerons l’apport de la linguistique de corpus à cette réflexion sur les processus d’acquisition et les problèmes soulevés par une exploration informatisée de corpus où le langage est en cours d’élaboration, ainsi que notre projet de constitution d’une base de données pour la recherche en acquisition du langage, qui permettrait de systématiser les observations qualitatives et, entre autres, de confronter et d’évaluer les manières d’interagir d’adultes différents, à la lumière de la notion de « genre » de discours.
2. Luiggi Sansonetti :
Après un aperçu de différentes conventions de transcription de l’oral et des problèmes que ces variations (entre laboratoires, phénomènes observés et auteurs) posent, tant à la lecture des documents qu’aux analyses assistées par ordinateur, nous présenterons une  » aide  » à la création de nouveaux documents pour  » au moins  » standardiser les transcriptions établies au sein de l’équipe. En même temps, ce  » modèle  » permet de stocker ces nouveaux documents dans un format XML, suivant une structure définie, pour assurer une compatibilité nécessaire pour un échange de corpus avec d’autres communautés. En plus de ce cadre d’échange, nous évoquerons l’apport de ce formalisme à une analyse semi-automatique. Nous présenterons l’apport de l’utilisation de plusieurs logiciels pour la recherche de certains phénomènes d’interaction tels que reprises et reformulations entre adulte et enfant, pour les analyses syntaxiques, et pour le repérage de l’évolution langagière dans le cas de corpus longitudinaux.
Nous attendons beaucoup de l’expérience des membres de l’ATILF pour répondre à nos ambitions et à nos questionnements dans ce domaine particulier de l’acquisition du langage, où il s’agit non seulement de décrire des données linguistiques mais de saisir dans la durée la dynamique de l’élaboration d’un fonctionnement langagier et cognitif.

Atelier de découverte ATILF

Le traitement des vedettes regroupant un masculin et un féminin (catcheur, -euse) et celui des emprunts non explicites («mot anglais» plutôt que «emprunt à l’anglais») dans le TLFi et le Supplément au TLF

Pascale Bernard | Geneviève Fléchon | Marie-Josée Mathieu (ATILF)

Vendredi 1 juillet 2005 | 10h30-12h00
ATILF Bâtiment CNRS, salle de réunion du sous-sol

Résumé
Nous avons choisi de vous présenter deux points qui posent problème dans la présentation des objets d’un dictionnaire électronique. A travers des exemples tirés du TLFi et du Supplément, nous verrons comment sont présentées les entrées qui ont une forme féminine (devin, devineresse) dans le TLFi, le Supplément et les autres dictionnaires (Robert et Académie) et comment sont traités les emprunts ou les mots empruntés dans le TLFi et le Supplément. Le traitement actuel n’est pas sans conséquence dans l’interrogation du TLFi.
L’objectif de ces réflexions est de proposer une présentation de ces données optimale, voire nouvelle, en tout cas cohérente.

Séminaire ATILF

« Rationalisme » et « empirisme » en sémantique lexicale. Les approches « logiques » et « cognitives » et leur utilité dans les domaines de la lexicographie et de la « traductologie »

Jörn Albrecht (Université de Heidelberg)

Vendredi 17 juin 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Depuis vingt-cinq ans, deux approches de la sémantique lexicale se livrent un combat acharné : d’une part, le modèle traditionnel des  » conditions nécessaires et suffisantes « , qui repose sur la logique classique  » aristotélicienne  » et sur une épistémologie de type rationaliste, d’autre part, la  » sémantique du prototype « , qui a ses origines dans la psychologie cognitive et dans l’épistémologie de type empiriste. A ces deux approches s’ajoute la  » sémantique du stéréotype  » de Hilary Putnam, ni logique, ni cognitive, mais plutôt  » pragmatique  » au sens du pragmatisme américain. Dans mon intervention, je tâcherai de monter que le combat entre les représentants des différentes positions est superflu : il ne s’agit pas de modèles vraiment antagonistes, mais d’approches complémentaires, dont les lexicographes et les traductologues peuvent s’inspirer avec profit.

 

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Séminaire ATILF

Les déterminants nominaux quantifieurs et la métaphore

Sarah Leroy (UMR CNRS 7114 MoDyCo, Paris X – Nanterre)

Vendredi 3 juin 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Les noms les plus à même de construire des déterminants, dits « déterminants nominaux quantifieurs », sont les noms exprimant exclusivement la quantité : kilo (un kilo de farine), litre (un litre d’huile), heure (une heure d’anglais), etc. Mais de nombreux déterminants nominaux sont construits avec des noms non exclusivement quantifieurs : un tourbillon de fêtes, un camion de sable, un bâton de réglisse, une montagne de linge… Ces derniers déterminants nominaux, dont le nom n’est pas strictement quantifieur, sont souvent qualifiés de « métaphoriques ». Or il apparaît que cette étiquette recouvre des fonctionnements sémantiques en réalité assez différents les uns des autres ; une valise de billets est certes plutôt métonymique que métaphorique, mais une valise de soucis n’est pas exempt d’une certaine dimension métaphorique. Celle-ci n’est pourtant pas du même ordre que ce qu’on observe dans un carré de chocolat, un brin de fantaisie ou dans un torrent de larmes voire un torrent d’injures.
En fait, différentes relations métaphoriques sont en cause (quantification d’une notion non quantifiable, métaphore binominale d’identification), tandis que la valeur de quantification n’est pas toujours la plus saillante. En gardant toujours comme base de classement les différents types de noms utilisés, on proposera de classer les différentes réalisations de syntagmes Dét-N1-de-N2 selon qu’ils réalisent plutôt une opération de quantification ou une identification métaphorique.

Atelier de découverte ATILF

Analyse syntaxique et sémantique des verbes de communication (projet ILF)

Bernard Combettes et Sébastien Haton (ATILF)

Vendredi 13 mai 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
"Les bases littéraires sont une inépuisable source de données linguistiques originales, parfois inattendues, toujours pertinentes. En partant du principe que les dictionnaires ou les exemples construits ne donnent pas une idée suffisamment précise du véritable potentiel de la langue, les membres du projet ILF "Transitivité" ont choisi FRANTEXT comme corpus de travail pour analyser le paradigme des verbes de parole, lesquels partagent tous le sème commun production de langage articulé humain.
L’analyse de ces verbes en contexte met en évidence qu’il n’est pas possible de les classer en vertu de la dichotomie transitifs versus intransitifs. Dans la réalité de la langue, la plupart des 900 verbes de parole analysés se comportent tantôt comme dire-transitif direct, tantôt comme parler-intransitif, ces deux verbes n’ayant eux-mêmes pas toujours un comportement "stable" en contexte. Bernard Combettes et Sébastien Haton animeront un exposé interactif et vous proposeront, le temps d’un séminaire, de vous glisser dans la peau d’un linguiste et d’effectuer avec eux le cheminement qui mène de l’élaboration des outils d’analyse à l’analyse des verbes de parole proprement dite. N’oubliez pas vos crayons !"

Séminaire ATILF

Tréma et néologie

Dominique Jacob (ATILF)

Vendredi 8 avril 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Après être né au XVIe siècle et avoir connu son heure de gloire au XVIIe siècle, l’usage du tréma s’est grandement affaibli, les termes qui en étaient porteurs ont diminué à tel point qu’on peut s’interroger sur sa prochaine disparition au cours du siècle présent.
Mais, afin de mieux cerner une partie du problème, il faudrait savoir si de nouveaux mots ne sont pas en train de s’introduire dans la langue française. Depuis une vingtaine d’années, la lecture de la presse contemporaine nous a conduit à recueillir un certain nombre de mots trématés qui ne figurent pas le plus souvent dans les dictionnaires.
Voici quelques exemples suivants qui sont explicites dés le premier abord : colzaïculteur, euroïque, maoïstement, papaïser. D’autres sont plus énigmatiques. Savez-vous ce que signifie un quoïng, une cocoïste ou une joëlette ? Si vous connaissez les langues étrangères, vous saurez déchiffrer le daïkon, le sabaï-sabaï et le pulkaïste. Lorsque vous effectuez vos courses, peut être n’avez-vous pas prêté attention aux marques Baïmé, Caïro et Daï que vous glissez dans votre Caddie ?
Si leur nombre de ces mots est intéressant, les procédés de formation ne le sont pas moins, qu’il s’agisse de suffixation ou de dérivation. Nous aurons l’occasion de les étudier. Nous nous pencherons également sur les raisons de ces néologismes paradigmatiques ou syntagmatiques où l’humoristique loftoïevski côtoie le satirique derridadaïsme.
Alors le tréma de ces nouvelles créations sera-t-il éphémère ou durable ? Réponse le vendredi…

Atelier de découverte ATILF

Les locutions conjonctives temporelles: problèmes posés par l’approche historique (Projet Étude historique des «mots grammaticaux»)

Bernard Combettes et Annie Kuyumcuyan (ATILF)

Vendredi 1 avril 2005 | 10h30-12h00
ATILF Bâtiment CNRS, salle réunion 2ème étage

Atelier de découverte ATILF

La langue française du 14e au 16e siècle

Hiltrud Gerner, Gilles Souvay et al. (ATILF)

Vendredi 18 mars 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Après une courte présentation des deux projets principaux, quelques membres de l’équipe exposent les différents aspects de leur travail en montrant à la fois la richesse du vocabulaire traité et les difficultés rencontrées qui nécessitent des recherches nombreuses et souvent complexes.
Quelques termes, illustrés par des miniatures, laissent entrevoir que la vie quotidienne de l’époque était somme toute assez proche de la nôtre.

Séminaire ATILF

Éléments de méthodologie pour l’étude littéraire assistée par ordinateur ou comment faire aimer l’ordinateur aux littéraires

Jean-Luc Benoit (ATILF)

Vendredi 4 mars 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
L’ordinateur peut nous rendre des services pour l’étude littéraire à condition de définir des règles et des méthodes qui respectent les textes et la démarche critique. Est-il utile de rappeler que la condition première de l’étude littéraire est le respect philologique et le pari pour la recherche du sens s’appuyant notamment, mais pas seulement, sur le plan du texte ?
Allons plus loin. L’enrichissement des ressources textuelles pourrait inclure avec profit des données d’histoire littéraire contenant la chronologie des événements historiques, sociaux, politiques, économiques, la biographie des écrivains, la bibliographie, les courants littéraires, l’histoire de la culture et le mouvement des idées.
Les développements de l’informatique mettent à la disposition de tous des textes numérisés et des moyens d’informations et d’analyse puissants. Néanmoins, et plus que jamais, nous voulons souligner que le travail avec l’ordinateur n’est qu’une partie de cette démarche personnelle et toujours nouvelle qu’est la lecture. L’outil informatique n’intervient que pour aider à mettre en évidence puis à approfondir des éléments mis au jour par chaque lecteur.

Séminaire ATILF

Les constructions à verbe support avec « conseil » comme noyau (du type « demander, avoir, porter conseil« )

Lene Schøsler (Université de Copenhague)

Vendredi 25 février 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Mes réflexions sur les verbes supports font partie d’une étude plus générale portant sur les constructions des verbes, l’objectif étant de décrire l’organisation et les multiples réorganisations de ces schémas du latin au français moderne tout en cherchant à en comprendre les motivations. Le but de ma présentation est de montrer la nécessité de travailler sur de vastes corpus comme celui d’ATILF, la BFM et Frantext pour bien décrire et pour essayer de comprendre l’évolution de la langue, en l’occurrence l’évolution des constructions verbales, illustrées surtout par le cas de conseil, noyau de cvsup. Plus concrètement, je me propose de décrire et d’expliquer des variations illustrées par les exemples suivants en les considérant par rapport au verbe simple conseiller :
a.  » Sire , fait il , il nos estuet bien conseil prendre et demender…  » (Renard 13e s., v. 1575 BFM)
b. et sur ce il en demandoit à avoir conseil et que on le conseillast loyaulment (Froissart, Chroniques III 1390, p. 106 ATILF)

Séminaire ATILF

La linguistique ne pourrait-elle pas servir à expliquer des processus d’acquisition ?

Emmanuelle Canut (ATILF)

Vendredi 18 février 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Après un rapide détour historique pour situer la part de la linguistique dans l’étude du langage de l’enfant par rapport à la psychologie, nous exposerons les fondements d’une linguistique de l’acquisition dans laquelle s’inscrivent mes recherches. Tout en nous référant au champ de la psychologie sociale (Vygotsky 1934, Bruner 1983, Bronckart 1996), nous nous appuyons sur des travaux en linguistique de l’énonciation (Bakhtine 1929, Benveniste 1966), sociolinguistique de la variation (Gadet 1989, 1992, 1997), linguistique de corpus et syntaxe du français parlé (Biber 1988, Blanche-Benveniste 1997) pour considérer la langue, non comme un système homogène et stable, mais comme un ensemble de pratiques langagières où les modalités de l’oral et de l’écrit s’interpénètrent. Dans cette perspective, la linguistique des interactions (Kerbrat-Orecchioni 1990, Vion 1992) offre un cadre théorique de base à une observation du langage de l’enfant, et de celui qui lui est adressé, vu dans la variété de leurs pratiques. Pour rendre compte de la mise en fonctionnement du langage au cours du dialogue, nous procédons à des analyses qualitatives de corpus longitudinaux d’interactions individuelles entre un adulte et des enfants âgés de deux à sept ans en repérant dans les énoncés les reprises et tentatives de reprises par l’enfant de fonctionnements syntaxiques dans des interactions immédiates ou différées et leur évolution dans le temps. J’en donnerai quelques exemples. Pour pouvoir envisager de généraliser les résultats concernant la progression dans le processus d’appropriation des formes linguistiques jusqu’à leur stabilisation, des analyses quantitatives seraient maintenant nécessaires, mais elles posent un certain nombre de problèmes (telle l’analyse informatisée de corpus oraux) que je souhaiterais également soulever et discuter.

Séminaire ATILF

Marguerite Duras vue par la statistique lexicale

Véronique Montemont (ATILF)

Vendredi 4 février 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
Six textes de Marguerite Duras sont actuellement présents dans Frantext, et certains ont été écrits à plus de trente ans d’intervalle. D’Un barrage contre le Pacifique à L’Amant, cette étude se propose d’utiliser la statistique lexicale pour cerner plus précisément la manière dont a évolué le style durassien. En effet, la modification de la structure phrastique, qui va d’une phrase classique à une forme agrammaticale très étudiée, le rétrécissement des réseaux lexicaux, la prédominance de certaines catégories de mots sont des traits caractéristiques de l’écriture de cet auteur. Il peut donc être intéressant de comparer ce que la statistique nous dit de l’organisation syntaxique et sémantique des textes et la poétique, qui obéit à la même dynamique de resserrement, de répétition et d’anaphore.

 

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Atelier de découverte ATILF

Initiation à l’étymologie à travers le projet TLF-Etym

Eva Buchi, Pascale Baudinot et Gilles Petrequin (ATILF)

Vendredi 21 janvier 2005 | 10h30-12h00
ATILF Bâtiment CNRS, salle réunion 2ème étage

Séminaire ATILF

Noms d’agents et noms d’instruments en -eur (-dor) dans la Galloromania

Franz Rainer (Université de sciences économiques et commerciales de Vienne, Autriche)

Vendredi 7 janvier 2005 | 10h30-12h00
Nancy | Campus Lettres et Sciences Humaines | ATILF | Bâtiment CNRS | Salle Paul Imbs

Résumé
C’est Meyer-Lübke, dans sa grammaire italienne de 1890, qui semble avoir lancé l’idée que le sens instrumental des successeurs romans de lat. -torem serait dû à une extension métaphorique (l’instrument vu comme agent). Depuis, cette idée semble être entrée dans le domaine commun. En ce qui concerne la Galloromania, elle a été adoptée, entre autres, par Baldinger qui, dans son essai de 1972 sur « Quelques problèmes de la suffixation dialectale », explique les formations instrumentales et locatives en -eur qu’on peut trouver dans certains dialectes du domaine d’oïl et en ancien français (ex. ovreor « ouvroir » chez Chrétien de Troyes) comme résultat d’un « changement de suffixe ». Dans ma conférence j’essaierai de montrer qu’il n’y a jamais eu, ni dans les dialectes d’oïl ni ailleurs dans la Romania, d’extension sémantique agent > instrument et que l’explication de Baldinger est donc intenable. Une explication alternative sera proposée.
La version écrite de cette conférence est parue dans la revue ‘Vox romanica’ 64 (2005), 121-140.